Macky Sall reprend ses pouvoirs

Le Sénat, institué par le président socialiste Abdou Diouf, avait été « enterré » puis déterré par le successeur de celui-ci, Me Abdoulaye Wade, à des fins électoralistes. Cette institution sera, à nouveau, supprimée. Il va de soi que ce n’était pas la volonté du nouveau régime : lui et ses alliés avaient commencé à s’entredéchirer dans le choix des candidats à cette Chambre. Mais, le président Macky Sall a été contraint par les inondations qui frappent les populations de se débarrasser de ce luxe pour un pays où tout est urgence. La realpolitik a triomphé. Du coup la coalition Benno Bokk Yaakaar, favorable au pouvoir, s’en trouve sauvée. Son unité n’allait pas survivre au maintien de cette institution. En prenant la décision de mettre au frigo le Sénat, Macky Sall a, consciemment ou inconsciemment, marqué des points politiques aux yeux d’une bonne frange des Sénégalais : il peut se targuer d’avoir posé des actes de rupture avec la politique de gabegie, qui caractérisait l’ancien régime. Le président a, encore, boosté son audimat en décidant de mettre une croix sur le poste de vice-président qu’avait institué son prédécesseur. Un fauteuil qui n’a jamais été occupé. Il allait grever le maigre budget de l’Etat et susciter de nombreuses convoitises, voire « une dualité au sommet » de l’Etat. Les excroissances institutionnelles ont été gommées, au profit du président Macky Sall. Il gagne ainsi la confiance de Sénégalais et sauve l’unité de sa coalition. Sa colère, publiquement exprimée, contre le président Yaya Jammeh, qui a fait exécuter deux Sénégalais qui étaient condamnés à mort en Gambie, a profité, également, au nouveau chef de l’Etat. Cet acte l’a fait passer pour un brave patriote et un chef courageux. Moustapha Niasse, également, se voit agrandi à travers la suppression du Sénat et de la vice-présidence. Car, désormais, président de l’Assemblée nationale, il est la deuxième personnalité du pays ; pendant, au moins, un an. Il aura beaucoup à faire les prochaines semaines avec les autres députés : il leur appartient de conformer les lois aux nouvelles décisions du président, qui reprend ses pouvoirs. Maintenant que le ciel est dégagé, le président et ingénieur est attendu pour des actions concrètes et salvatrices. Son deuxième mandat sera à ce prix !

Alioune Badara DIALLO