Madagascar : Ousmane Yara, l’intrigant homme d’affaires malien, dans l’ombre du colonel Randrianirina

Le retour du “facilitateur des ombres”

Surnommé le “teigneux” par ses pairs, Ousmane Yara a bâti en quatre décennies, un réseau tentaculaire entre les palais présidentiels et les zones d’influence africaines. Proche de Lansana Conté, Alpha Condé, Mahamadou Issoufou, Macky Sall ou encore Muhammadu Buhari, il se présente comme un “facilitateur africain” — un homme de l’entre-deux, capable de dialoguer avec les pouvoirs comme avec leurs opposants.

Son arrivée à Antananarivo, dans un contexte de forte instabilité après la fuite de l’ex-président Andry Rajoelina, a suscité de nombreuses interrogations : vient-il en pompier de crise pour accompagner la transition, ou en stratège venu influencer la recomposition du pouvoir ?

Un homme d’influence aux alliances mouvantes

Selon des informations exclusives de 'Confidentiel Afrique", la présence d’Ousmane Yara auprès du colonel Michaël Randrianirina, ne doit rien au hasard. Le putschiste de 51 ans, porté par une jeunesse excédée par les dérives du précédent régime, s’inscrit dans une dynamique panafricaine de souveraineté et de rupture avec les élites traditionnelles. Dans ce climat, Yara semble vouloir se positionner en intermédiaire privilégié entre Antananarivo et certaines capitales africaines clés.

Déjà, son nom avait été cité au Sénégal dans les tractations politiques de 2023-2024, lorsque Macky Sall l’avait discrètement mandaté pour renouer le dialogue avec Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, en pleine crise pré-électorale. Une mission officieuse qui avait confirmé sa réputation d’émissaire sans mandat, mais toujours utile aux moments critiques.

Entre diplomatie parallèle et nouvelle génération

L’apparition d’Ousmane Yara à Madagascar, illustre un paradoxe : celui de ces “médiateurs de l’ombre”, figures d’un système politique africain en mutation, face à une génération Z, qui exige transparence et rupture avec les réseaux d’influence opaques. Tandis que les jeunes Malgaches, comme leurs pairs du Sahel, réclament des institutions claires et des dirigeants proches du peuple, des acteurs comme Yara continuent de prospérer dans les zones grises du pouvoir.

La grande inconnue de la transition malgache

Le colonel Randrianirina, qui se veut austère et fidèle à sa foi luthérienne, a promis une transition sobre et patriotique. Mais l’arrivée dans son entourage d’un personnage aussi controversé qu’Ousmane Yara, pourrait bien brouiller les cartes. Derrière le vernis du conseil politique, beaucoup y voient une tentative d’influence à peine voilée.

Reste à savoir si le colonel malgache saura tirer profit de cette relation sans s’y perdre. Car Ousmane Yara, à la fois charismatique, calculateur et insaisissable, n’a jamais caché son goût pour les manœuvres à double tranchant. Il offre la continuité, là où les peuples aspirent désormais à la refondation.

Et à Madagascar, comme ailleurs, c’est souvent là que tout se joue.