leral.net | S'informer en temps réel

Mbèye (Bambilor) : la famille de Massamba Diop monte au créneau contre l’accaparement de ses terres

À Mbèye, village situé dans la commune de Bambilor, la colère gronde au sein de la famille de El Hadji Massamba Diop. Ce dimanche, plusieurs membres de la communauté se sont rassemblés autour du champ familial pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’accaparement foncier orchestré au détriment de leur patriarche, âgé de 92 ans.


Rédigé par leral.net le Dimanche 26 Octobre 2025 à 22:41 | | 0 commentaire(s)|

Au centre de cette vive contestation, un terrain ancestral qui, selon eux, serait injustement menacé par les projets fonciers de Senegindia et de la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré (SN-HLM), inscrits sous le titre foncier 1975/R.

Massamba Diop, doyen respecté du village, est considéré comme le symbole vivant de la mémoire agricole de Mbèye. Sur ces terres, il a cultivé et nourri des générations entières. Pour sa famille, il est inconcevable qu’à cet âge avancé, il soit contraint d’assister impuissant à la confiscation de ce patrimoine transmis depuis plusieurs générations. Le champ en question représente bien plus qu’un simple espace de culture : c’est un héritage, un lien sacré entre les ancêtres et leurs descendants, un espace de vie et de dignité pour des familles paysannes déjà fragilisées par la pression foncière grandissante dans la zone de Bambilor.

Devant les habitants réunis, la déclaration officielle a été lue par Abdoulaye Sylla, porte-parole du collectif des impactés. Dans un ton ferme et ému, il a rappelé l’ampleur du problème : « Des cultivateurs, qui ont entretenu et cultivé ces terres pendant des générations, se voient dépossédés de leurs biens sans aucune forme de compensation ou de reconnaissance de leurs droits. Ces actes ne sont pas seulement des injustices individuelles, mais une atteinte à tout un mode de vie, à une économie locale et à une identité culturelle en train de disparaître. »

Les manifestants pointent du doigt ce qu’ils estiment être une collusion entre certains investisseurs privés et des acteurs institutionnels, qui, sous couvert de projets de développement, fragilisent les droits des agriculteurs locaux. Ils alertent sur les conséquences économiques et sociales d’une telle situation : perte de revenus, exode rural, et déstabilisation du tissu communautaire. À leurs yeux, la sécurité alimentaire de la région est elle aussi menacée, car ces terres fertiles contribuent largement à l’approvisionnement en produits maraîchers.

Le collectif des familles impactées appelle les autorités étatiques à prendre leurs responsabilités. Il demande un dialogue transparent entre toutes les parties prenantes — cultivateurs, investisseurs, élus locaux et représentants de l’État — afin d’éclaircir la situation du titre foncier 1975/R et d’assurer une issue juste. Dans son discours, Abdoulaye Sylla a également réclamé la mise en place de lois protectrices pour garantir les droits des cultivateurs, ainsi que des mécanismes de compensation équitables pour toutes les terres expropriées.

Les habitants de Mbèye, rejoints par ceux de Woyembame et de Bambilor, espèrent que ce cri du cœur ne tombera pas dans l’oubli. Ils appellent à la solidarité des organisations de la société civile, des défenseurs des droits humains et des médias pour relayer leur cause. Pour eux, cette lutte dépasse le cas individuel de Massamba Diop : elle symbolise le combat de nombreuses familles rurales contre une urbanisation galopante qui, sous prétexte de modernisation, efface peu à peu l’histoire et la mémoire des villages sénégalais.

Les membres de la famille de Massamba Diop ont lancé un ultimatum de quinze jours aux autorités compétentes. Passé ce délai, si aucune solution n’est trouvée, ils menacent de passer à la vitesse supérieure à travers d’autres formes d’actions, qu’ils promettent cette fois-ci plus déterminées et plus visibles.

Birame Khary Ndaw



Ousseynou Wade