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Miracle ou remède sexuel: La pilule bleue, le viagra chinois tant aimé par les Sénégalais

Faiblesse sexuelle, éjaculation précoce, impuissance et tutti quanti, les prétextes sont légion chez les hommes qui abusent de la petite pilule bleue. Si le viagra fait effet en Europe où les personnes du 3e âge se voient obligés de consommer ce médicament pour retrouver une seconde jeunesse, au Sénégal, révèle le journal "Kritik", c’est la version chinoise de ce dopant sexuel qui fait des ravages. Célibataires, mariés, veufs ou polygames, la demande est tellement forte que les revendeurs se frottent la main. Mais ce qui est révulsant dans ce marché à ciel ouvert, c’est que les consommateurs se soucient peu de la qualité ou des effets secondaires de ces produits, le seul résultat qui vaille, c’est qu’on puisse assurer un bon coup à sa partenaire.


Rédigé par leral.net le Samedi 4 Mai 2019 à 09:26 | | 0 commentaire(s)|

Miracle ou remède sexuel: La pilule bleue, le viagra chinois tant aimé par les Sénégalais
Déjà que la vente de médicaments court les rues, ce ne sont plus les antibiotiques ou autres aspirines effervescents qui font les affaires des véreux revendeurs.

Par le biais d’un trafic qui ne dit pas son nom, les marchands de médicaments, faux ou frauduleux, offrent à une clientèle bien particulière des produits à bas prix, d’une ressemblance singulière avec le fameux Viagra, et l’appellation griffée sur les boites pousse à comprendre la part de confusion établie, pour faire comprendre que cette pilule bizarre fait les mêmes effets que le viagra.

Vendu 100 francs ou 200 francs à l’unité, en fonction de la dose, et de la couleur, bleue ou rouge, les produits se négocient sous la table, à l’abri des regards indiscrets. Le marché est tellement florissant que certaines femmes, pour remettre leurs hommes en selle, se payent ces cachets à offrir comme cadeau à leurs partenaire du soir.

Les négociants, qui ont pignon sur rue dans les marchés, dénichent le client au premier regard et certains gros bonnets, au volant de leurs bagnoles, se fournissent régulièrement pour éviter des pannes en couple. Omar Mangane remonte la filière de la distribution de ces produits exportés de la Chine ou de Taiwan, quelques fois du Nigéria, et qui se négocient par tablettes auprès de grossistes qui font des affaires florissantes dans le créneau.

Mangane, prudent au début, acceptera d’en dire après avoir certifié qu’en plus d’être consommateur, il est régulièrement dans le besoin. Notre discussion en Wolof, car analphabète, et lisant à peine la dénomination du produit qu’il dit miraculeux, est révélatrice de l’ignorance des revendeurs qui, même s’ils le consomment de temps à autre, savent pertinemment que le produit est dangereux, en plus du fait qu’il provoque des effets secondaires liés au rein et à la vessie.

« Je suis dans la vente des médicaments depuis huit ans, avant j’exerçais à Touba. C’est vraiment à Dakar que j’ai mieux compris le circuit de distribution et les larges bénéfices générés par ce produit prisé. Ici, à Liberté 6, nous sommes fournis tous les mardis par Birane, c’est un grossiste installé à Thiaroye qui fournit les produits sur commande. La pilule ne faisait pas partie de mes produits favoris mais, au regard des marges bénéficiaires, j’ai basculé, déjà que tous les produits ici nous proviennent du même fournisseur, qui livre même en détail, à crédit pour les meilleurs vendeurs. C’est vrai, j’en prends ».

Birane , novice dans le créneau, n’en est pas moins un spécialiste qui parvient, en fonction de la demande, à se faire une idée de la puissance et des effets : « Il y a la bleue et la rouge, et c’est la rouge qui coûte plus cher parce que son effet dure plus longtemps, ensuite le résultat dépend de la manière dont est faite la prise, soit on la consomme avec du café chaud, du thé, et même pour les consommateurs d’alcool, ils préfèrent, pour une double dose, la prendre entre deux verres de vin ».

Interrompu en pleine théorie par un autre vendeur, il refuse de céder ses dernières tablettes arguant que le marché bat son plein les week-ends et la demande est très forte durant le froid. Son voisin, qui revend des montres et lunettes, témoigne de l’affluence de la clientèle masculine, souvent des profils insoupçonnés qui débarquent sur les lieux en prévision d’un rendez-vous : « Ils défilent, dès le matin, et les plus téméraires prennent la tablette pour éviter d’être la risée des passants » lance-t-il, avant d’être rappelé à l’ordre par Birane, qui lui rappelle, qu’en début d’année, il avait cédé à la tentation en venant grossir le rang des marchands de médicaments.

Au marché Colobane où nous nous sommes également rendus, le produit n’est plus aussi visible que lors de nos derniers passages, renseignement pris, les grossistes ont lancé l’alerte que des patrouilles de police peuvent investir le milieu, surtout ces temps derniers avec la colère des pharmaciens. Pour autant, les clients n’ont rien à craindre, renchérit un vieil homme originaire du Baol, qui raconte que même dans les marchés hebdomadaires, loin de la capitale, ces produits dits miraculeux se revendent et les personnes analphabètes ne se posent pas mille questions.

Le résultat est garanti, à tous les coups, estime Nar Boye qui fait recette sur tous les médicaments frauduleux. Quid des délais de consommation et des effets néfastes ? « Nous ne sommes pas des médecins c’est vrai, mais avec l’expérience, même pour certaines maladies, notre ordonnance est sans conteste. Il nous arrive de vendre des médicaments à des clients qui reviennent, une fois rétablis, pour certifier de la qualité de nos produits », insiste Nar boye qui, pour me convaincre, sort de sa besace des produits destinés aux cancéreux, malades du foie, aux malades d’asthme et ulcéreux.

Pendant que mon attention est captée par les tablettes qu’il rangeait dans sa sacoche, un client s’approche, puis s’excuse, prétextant un coup de téléphone pour poireauter. En chuchotant, Nar me renseigne que c’est un client régulier et il suffit que je m’éclipse pour qu’il vienne payer sa dose. Il refusera de parler mais plus loin, un autre vendeur ambulant, d’un certain âge, assume sa consommation régulière de produits dopants, car polygame, il lui arrive de ne pas être à la hauteur devant les sollicitations diverses de ses deux épouses. « Quand je vais au village, je ne m’en cache pas, je m’approvisionne au maximum pour éviter les ruptures, et quand je les achète en tablette, c’est pratiquement le quart du prix à l’unité

Ce marché qui prend de l’ampleur cache bien les secrets muets dans plusieurs couples. Le chauffeur de car rapide pris en flagrant délit de violation du code de la route, en pleine circulation, juge avoir trouvé le secret qui tient son ménage.






Kritik