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Montage financier Aéroport Blaise Diagne : les dessous d'une grande nébuleuse

Sa première pierre a été posée mercredi 4 avril 2007. Son ouverture était alors prévue pour janvier 2010. Près de dix ans après, l’aéroport international Blaise DIAGNE (AIBD) n’est toujours pas réceptionné. Pourtant, le non-achèvement des travaux n’empêche guère la rentabilité dudit aéroport. Le montage financier fait par l’ancien ministre Karim WADE a servi plus d’un régime.


Rédigé par leral.net le Vendredi 6 Janvier 2017 à 11:01 | | 0 commentaire(s)|

Montage financier Aéroport Blaise Diagne : les dessous d'une grande nébuleuse
La construction des pyramides égyptiennes a-t-elle pris autant de temps ?  C’est peu dire que les travaux de l’aéroport international Blaise DIAGNE s’éternisent. Démarrés officiellement le 4 avril 2007, avec la pose de la première pierre effectuée par Me WADE sous les yeux admiratifs du colonel Mouammar Kadhafi, invité d’honneur de la fête de l’indépendance du Sénégal, lesdits travaux ne finissent pas.

La ministre du Tourisme et des Transports aériens, Maïmouna Ndoye SECK s’était hasardée en annonçant la fin des travaux avant fin 2016. Macky SALL lui-même monte au créneau pour conforter les arguments de son ministre. En visite à Kigali au Rwanda, il annonce vendredi 13 mai 2016 que «le nouvel aéroport de Diass va ouvrir ses portes dans huit mois».

Une nouvelle échéance qui ne sera guère respectée si l’on se fie aux informations émanant des chantiers, malgré le changement de constructeur qui a permis au groupement turc Summa et Limak de prendre pied au Sénégal. Pourtant, ce retard est loin d’indisposer les autorités sénégalaises qui ont déjà fait du projet une véritable vache à lait.

 La RDIA : une taxe nébuleusement lucrative

 L’ancien président WADE avait révélé, au cours de la fameuse conférence de presse du jeudi 1er mars 2007, au lendemain de sa réélection, que son fils Karim avait conçu le financement de la construction de l’Aéroport de Diass. Il avait indiqué que celui-ci avait fait un montage financier devant permettre de tout financer.

Seulement, Me Wade avait mis les Sénégalais devant le fait accompli. Car, depuis le 28 février 2005, il avait déjà signé le décret n° 2005-138 portant création de la Redevance de développement des infrastructures aéroportuaires (RDIA). La mesure impulsée par ledit décret entra en vigueur le 1er avril 2005.

Depuis ce jour, chaque passager embarqué sur les aérodromes du Sénégal et sortant du territoire national versait la somme de 30 euros au travers de son billet d’avion. Conformément au décret, cette redevance prélevée devait financer « exclusivement la construction du nouvel Aéroport international de Ndiass (…) Elle doit rester en vigueur pendant la période de remboursement des financements prévue pour les infrastructures susvisées ».

 En 2007, avec le décret n° 2007-548 du 26 avril 2007 modifiant l’article 4 du décret fixant le taux et les modalités de facturation, de recouvrement, d’utilisation et de gestion de la redevance de développement des infrastructures aéroportuaires, celle-ci augmenta considérablement.

Pour Abdoulaye Wade et son régime « dans la réalisation (de l’Aéroport de Diass), d’autres facteurs sont entrés en cours, notamment le redimensionnement du projet et les délais raccourcis et ont entraîné une augmentation des dépenses initialement arrêtées. » Ainsi, la RDIA fut portée à 45 euros et prenait effet à partir du 1er septembre 2007. En 2011, avec le décret n° 2011-1113 du 5 août 2011, la taxe fut, de nouveau, revue à la hausse et calée à 54 euros.

L’article 6 du décret précisait toujours : « la RDIA est exclusivement affectée au remboursement de toutes les sommes dues en principal, intérêts, commissions et autres au titre des concours financiers contractés auprès de tous établissements financiers pour les besoins du financement de la conception, de la construction, de la maintenance et du développement du nouvel aéroport international Blaise Diagne et ce, jusqu’au complet remboursement des sommes dues».

Normalement, entre le 1er avril 2005 et le 1er septembre 2007, la RDIA devrait pouvoir générer plus de 150 millions d’euros. Au total, la RDIA devrait générer des milliers de milliards de F CFA au regard du nombre de passagers dans l’intervalle de temps arrêté par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Et pourtant, le mercredi 4 avril 2007, date de la pose de la première pierre de l’aéroport, Karim WADE assurait que le projet coûterait 235 milliards de FCFA.

 Et alors que l’argent gagné par le biais de la RDIA pouvait permettre de boucler les travaux, l’Etat du Sénégal continuait à contracter des dettes pour toujours financer le même aéroport. En effet, le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) annonçait, sur son site officiel, avoir « approuvé, vendredi 17 décembre 2010, l’octroi d’un prêt de 70 millions d’euros, destiné à financer le projet de construction d’un nouvel aéroport au Sénégal : l’Aéroport international Blaise Diagne, sur un nouveau site situé à 45 km à l’est du centre-ville dans la grande région de Dakar ».

 L’arrivée de Macky SALL à la tête de l’Etat n’aura rien changé. Pourtant, pour avoir cosigné en tant que Premier ministre l’essentiel des décrets sus-cités, l’actuel  président de la République est bien au fait de ce dossier. Sur le site du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan une rubrique est réservée à la RDIA. Sur un tableau, la date de prise du témoin par le régime de Macky SALL a été mise en gras. Depuis quelques semaines, cette séparation n’est plus de rigueur et la taxe est toujours en vigueur.

AIBD SA disparait, avec l’argent ?

 L’article 7 du décret n° 2011-1113 du 5 août 2011 renseigne que « la société anonyme dénommée « Aéroport International Blaise Diagne » (AIBD S A), société concessionnaire en charge de la conception, de la construction, de l’exploitation, de la maintenance et du développement du nouvel aéroport Blaise Diagne, est chargée d’une mission générale de gestion et d’administration du recouvrement, de la collecte, de la perception et du transfert de la RDIA, au nom de l’Etat du Sénégal, dans le cadre exclusif du financement du nouvel aéroport international Blaise Diagne, en vue du remboursement de toutes les sommes dues par AIBD SA au titre des concours financiers visés à l’alinéa précédent, et ce notamment aux termes du (ou des) accord(s) de collecte visés à l’article 8.»

Seulement, depuis longtemps, la société anonyme Aéroport international Blaise Diagne (AIBD SA) a disparu. Le S et le A se sont évaporés. Plus aucune trace.

Walf Quotidien