Dans ses recherches, l’économiste Moustapha Kassé s’est largement prononcé sur la crise du monde agricole au Sénégal. Selon l’auteur, le monde agricole est à bout de souffle. Pourtant, rappelle-t-il, tous les gouvernements qui se sont succédé de l’indépendance jusqu’à celui d’aujourd’hui avaient promis de faire de l’agriculture le moteur de la croissance. Seulement, raille-t-il, aucun n’y arrive alors que les facteurs favorables à une révolution verte sont à portée de main. « On aurait pu réussir. Toutes les politiques agricoles proclament de faire de l’agriculture le moteur de la croissance économique, aucune n’a réussi l’objectif. Nous avons tous les facteurs de production nécessaires pour réaliser une révolution verte », fait remarquer l’universitaire à Walfadjri. A l’en croire, le potentiel d’offre de production a été freiné notamment par l’application de politiques irréalistes et impertinentes conséquences de la spécialisation régressive en faveur des cultures de rente et d’un système d’absorption improductive de la rente agricole et minière. De plus, regrette-t-il, les systèmes de prélèvements ne laissent aucune base autonome d’investissements aux agriculteurs. A cela, le professeur Kassé ajoute l’absence ou le mauvais état des infrastructures de base, l’instabilité des cours mondiaux ou encore l’accès limité aux marchés du nord suite aux subventions européennes et américaines. Car, note-t-il, plus de 60% de la population agricole contribue pour moins de 5% à la croissance économique avec de faibles productivités par cultivateur et par surface cultivée. « Nous avons à peu près 60% de l’eau à notre disposition qui n’est pas utilisé. Nous disposons de la terre, des usines capables de nous fournir les facteurs modernes de production », a indiqué l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’économie sénégalaise.
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