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Nigéria : Un tir de drone de l’armée tue 85 civils par erreur

Une erreur qui se transforme en drame. Un drone de l’armée nigériane a accidentellement tué au moins 85 civils, ce dimanche, dans un village de l’État de Kaduna (nord-ouest), a déclaré l’Agence nationale de gestion des urgences. Des sources officielles ont également confirmé ce bombardement, sans donner de chiffres sur les victimes.


Rédigé par leral.net le Mercredi 6 Décembre 2023 à 11:04 | | 0 commentaire(s)|

. Le président Bola Ahmed Tinubu a également ordonné ce mardi l’ouverture d’une enquête après que l’armée a reconnu qu’un de ses drones visant des groupes armés avait accidentellement frappé le village de Tudun Biri.

« Le bureau de la zone nord-ouest a reçu des informations des autorités locales selon lesquelles 85 corps ont été enterrés jusqu’à présent, tandis que les recherches se poursuivent », a déclaré l’Agence nationale de gestion des urgences (Nema) sur sa page Facebook. Un porte-parole a confirmé cette déclaration. La Nema a précisé que 66 autres personnes étaient prises en charge à l’hôpital, mais que les responsables des urgences négociaient toujours avec les chefs de la communauté pour apaiser les tensions et pouvoir se rendre au village.

« Le président Tinubu qualifie l’incident de très malheureux, troublant et douloureux, et exprime son indignation et son chagrin face à la perte tragique de vies nigérianes », a déclaré la présidence dans un communiqué. L’armée a déclaré que son drone était une mission de routine qui avait « touché par inadvertance des membres de la communauté ».

L’armée a souvent recours aux bombardements aériens pour combattre les groupes de bandits et les rebelles djihadistes actifs depuis 14 ans dans le nord-est et le nord-ouest du pays. Ce lundi, le gouverneur de l’État du Kaduna M. Uba Sani, a déclaré : « Des fidèles musulmans qui célébraient le Mawlid (la fête de la naissance du prophète Mahomet) ont été tués par erreur et de nombreux autres blessés à la suite d’une attaque de drone militaire visant des terroristes et des bandits ».

Des femmes et des enfants

La majorité des victimes étaient des femmes et des enfants, a indiqué à l’AFP par téléphone un habitant, Hassan Ma’aruf, qui a partagé des images montrant, selon lui, des corps de femmes et d’enfants. L’AFP ne pouvait confirmer leur authenticité ce lundi soir. Selon lui, l’armée a déclaré avoir « touché par inadvertance des membres de la communauté » alors qu’elle effectuait une mission de routine contre des rebelles.

« La fête de Mawlid se déroulait dans le village hier soir lorsque le rassemblement a été bombardé vers 21 heures. Personne ne s’attendait à une telle tragédie. Nous avons jusqu’à présent identifié 30 victimes, pour la plupart des femmes et des enfants », a précisé l’habitant du village Hassan Ma’aruf.

Déjà par le passé, des civils ont été victimes des bombardements de l’armée nigériane. En septembre 2021, au moins 20 pêcheurs ont été tués et plusieurs autres blessés également par erreur lors d’un bombardement militaire contre des djihadistes dans la région de Kwatar Daban Masara, sur le lac Tchad.

En juillet 2019, 13 civils ont été tués par une frappe aérienne dans le village de Gajiganna, à 50 km de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, dans le nord-est du pays, alors qu’il visait des djihadistes en fuite après l’attaque d’une base voisine.

Deux ans avant, en janvier 2017, au moins 112 personnes ont été tuées lorsqu’un avion de chasse a frappé un camp abritant 40 000 personnes déplacées par les violences des djihadistes dans la ville de Rann, près de la frontière avec le Cameroun. Dans un rapport publié six mois après, l’armée nigériane a indiqué que le bombardement était dû à « l’absence de marquage approprié de la zone ».