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Nihilisme, admonestations et menaces contre le régime: Les dangereuses dérives de Y En A Marre

Il y a à peine deux ans que Y En a Marre a été créé. Et déjà, le label de ce mouvement s’est incrusté dans le marbre de notre histoire politique. C’est si vrai qu’aujourd’hui, la notoriété de ce conglomérat de groupes de Rap dépasse nos frontières. L’image qu’il projette dans la société sénégalaise est presque incommensurable. Elle est tout simplement à la mesure de l’esprit « Y En A Marriste » que l’action de ces jeunes gens sur le terrain politique instille encore dans une société sénégalaise en défection que le régime wadiste a tenté douze années durant d’imposer aux Sénégalais. Sans projet de société seulement et avec la force de ses voix, Y en a marre a su secouer de sa torpeur une opposition politiquetimorée, vêtue du pudique voile républicain, pour fuir le combat politique comme des lapins échaudés.


Rédigé par leral.net le Mardi 5 Février 2013 à 07:00 | | 5 commentaire(s)|

Nihilisme, admonestations et menaces contre le régime: Les dangereuses dérives de Y En A Marre
Face à une société en déconstruction, ce groupe de jeunes rappeurs,dopé par une grande audience populaire, a contribué à réinstaller les bases de la reconstruction, du moins à empêcher l’enlisement de notre pays dans une spirale dépressive. Il s’y ajoute que, ce qui au départ n’était qu’une démarche sociétale est devenue par la force de son impétuosité, une force de rédemption annonciatrice d’une nouvelle manière d’être des jeunes. Réhabilitation de la jeunesse comme force motrice du changement social ? Certainement, car, au-delà de l’action de terrain, le groupe Y en A marre et ses multiples ramifications symbolisent tout simplement un certain devoir d’impertinence qu’une bonne frange de la « jeunesse malsaine » avait cantonné dans les dérives licencieuses, la contestation facile. En somme, une autre forme de déconstruction sociale. Le Nouveau Type de Sénégalais (NTS) qu’il ambitionne de faire émerger est la traduction symbolique d’une nouvelle manière de gérer les affaires de la citéou prosaïquement, d’être… Sénégalais.



Des leaders rendus charismatiques
Les esprits resteront toujoursfrappés par ce mémorable jour où les politiques, au centre Daniel Brottier, se perdaient en conjectures sur les moyens d’empêcher l’adoption par une Assemblée nationale soumise la fameuse loi jumelant le quart bloquant et la vice-présidence. Une disposition de type monarchique qui, acceptée, allait sceller pour longtemps un pacte illégitime entre les Sénégalais et les Wade. Avec l’apport des autres forces de refus, les politiques ont été tout bonnement délogés de leur confortable inaction, pour se retrouver devant les grilles du Parlement et s’opposer de la manière qu’on sait, à l’adoption d’une loi scélérate. De la naissance du M23 en souvenir de ce grand jour du 23 juin 2011, Y En A Marre en constitue la pierre angulaire. Et sa figure emblématique, le jeune Fadel Barro, une des remarquables icônes. Dans un tel contexte, on comprend aisément que le rôle du groupe composé de centaines de cellules et de milliers de membres recherche considération et reconnaissance sociale. A l’image de ces leaders, désormais charismatiques que sont Fadel, Thiat, Fou Malade et Simon. Leurs effigies colorent tous les objets de communication. Leur débit saccadé autant que leur pensée triviale n’affectaient nullement leur témérité, qui leur a valu menaces, agressions et même, pour Simon, un petit détour dans l’univers carcéral.
Dilemme cornélien
Comment pérenniser une telle onction ? Une telle success story, mais aussi et surtout l’immensité d’une charge presque messianique ? Comment assumer cette charge après l’alternance, face à un gouvernement composé d’hommes et de femmes engagés fraîchement dans la même barque ? Comment rester soi-même, c’est-à-dire solidement ancré dans la fonction de révélation qui tout naturellement sied comme un gant à la main, à toutes émanations de la société civile ? Comment assumer l’unité des fonctions entre la liberté de pensée, d’agir, de contester, d’accompagner ? Exercice d’autant plus malaisé que la plupart des mentors du Groupe sont aujourd’hui confortablement installés dans les lambris dorés du pouvoir. Pendant que d’autres en arpentent journellement les allées en quête de prébendes. Face à un gouvernement qui multiplie les dérives et dont les inconséquences sous plusieurs aspects sont manifestes, quelle attitude Y En A Marre doit-il adopter ?
Les dernières sorties du mouvement reflètent non seulement ce dilemme cornélien, mais elles traduisent surtout une terrible angoisse existentielle. Savoir être, c’est bien, il est encore mieux de savoir devenir. Manifestement, si Y En A Marre a su être, il a du mal à se forger un avenir, vacillant entre le sabordage et l’existence. Le premier eût été surprenant, le succès et la popularité du combat politique requinqué par une onction populaire ont fini par griser le mouvement. Sa taille démentielle, autant que ses prétentions organisationnelles, ne « matchent » pas manifestement avec le soubassement idéologique, la qualité et les impératifs de pérennisation du mouvement. Les dissensions apparaissent, les divisions se font jour et le mouvement court droit vers l’effritement. Dans un pays oùl’on compte plus de 5000 groupes de rap, recruter des alliés est une simple opération de marketing. L’exercice n’est pas malaisé surtout quand le nombre prime la qualité.
Pourquoi jeter le bébé et l’eau du bain ?
Mais déjà plusieurs dizaines de groupes ont pris leurs distances d’avec le mouvement et reforment d’autres entités rivales. Certains parmi eux sont sans doute encouragés un pouvoir que les diatribes et les algarades de Y En A Marre insupportent. D’autres ne se reconnaissent pas simplement dans la violence verbale que Y En Marre a choisi d’utiliser comme adjuvent. En somme, comme un moyen de survivre à ses contradictions profondes. Le négativisme comme mode d’emploine pourrait à leurs yeux prospérer, comme si s’opposer à Wade équivalait à s’opposer au régime actuel avec les mêmes mots pour dénoncer des maux, pourtant différents en nature et en degré. C’est donner dans l’air du temps à la place de l’esprit du temps, qui aurait commandé une attitude plus nuancée dans un état d’esprit marqué, certes, par le désir d’affranchissement, ce nécessaire pare-feu contre l’asservissement et l’alignement que les mentors politiques ont troqué contre leur liberté de pensée.
Visiblement, Y En A Marre a choisi la voie de la violence verbale, de la stigmatisation, comme pour juguler une certaine forme d’incompétence à adapter son discours dans l’esprit du temps. Que le gouvernement piétine sur de grands dossiers comme l’énergie, le coût de la vie, l’éducation, la gestion judiciaire de dossiers sensibles… est une réalité intangible. Mais est-ce une raison pour jeter le bébé et l’eau du bain ? Le devoir de vigilance doit être prégnant et entier, l’esprit critique rester prévalant. Sans doute ! Mais les sorties virulentes de Y En A Marre détonnent quelque peu et dénotent un nihilisme déroutant. Comment réclamer à un gouvernement, inexpérimenté et à la démarche balbutiante,des résultats immédiats sans corréler ses résultats, certes mitigés mais appréciables, à l’immensité de sa tache pour redresser un pays exsangue au moral enfoui ? De quelle légitimité électorale ou représentative peut se prévaloir Y En A Marre pour aligner critiques, admonestations, mises en garde et menace contre un gouvernement qu’il a contribué à installer ? De quelle science infuse peut-il se réclamer pour dresser le portrait-robot du Nouveau Type de Sénégalais (NTS) qu’il veut formater pour le Sénégal ? Sans doute aurions-nous dû nous poser ces questions pendant les années de braises du régime Wade.
Vide politique
A tort ou à raison, les hommes politiques, dont le rôle est de remplir la fonction d’action dans le combat politique, ont failli à cette mission. Ils ont choisi de se réfugier lâchement derrière des jeunes au dynamisme débordant et au discours novateur, pour se défausser de leur rôle primaire : s’opposer s’il le faut physiquement pour déconstruire le régime précédent.
Aujourd’hui, on comprend donc que Y En A Marre veuille aussi assurer le SAV (Service Après Vente) au risque de croiser le fer avec les alliés d’hier. L’atomisation du PDS, principale formation de l’opposition, la miniaturisation des autres formations politiques au format lilliputien, tout cela laisse la place à une autre forme d’opposition qui peut se gratifier et se délecter des errements du régime actuel. Mais la confusion des genres est, à ce stade, dangereuse. La société civile a son rôle, celui de révéler les dérives politiques, financières et sociales des gouvernants. La classe politique, celui de l’action de terrain. Et la presse, celui de l’instrumentalisation de l’information dans la liberté et la responsabilité. Mais le gros de la classe politique est au pouvoir alors que l’opposition s’affaiblit. Beaucoup de journalistes vont à la soupe gouvernementale. La tentation est donc forte pour Y En Marre de vouloir refaire l’histoire à rebours. Avec le risque de sortir de ses pénates et de banaliser par la radicalité le vrai discours d’opposition et la fonction de contrepoids. Y En A Marre doit rester à sa place, celle de nous aider à voir, comprendre et laisser à ceux dont c’est la mission, d’agir.
Aly Samba NDIAYE
« Le Témoin » N° 1112 –Hebdomadaire Sénégalais ( FEVRIER 2013)

( Les News )


1.Posté par right le 05/02/2013 07:27 | Alerter
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Pertinent !!!

2.Posté par sarr le 05/02/2013 09:33 | Alerter
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très bonne analyse ;ils vivent un vrai drame.Il faut des intellectuels comme vous pour les éclairer.Si non c'est la catastrophe!

3.Posté par sarr le 05/02/2013 09:36 | Alerter
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Très bonne analyse.Ils vivent un drame.Il faut des intellectuels comme vous pour les éclairer.Si non c'est la catastrophe!

4.Posté par Bounkhatab le 05/02/2013 13:46 | Alerter
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S'il existe des senegalais qui ont attendu le mouvement Yen a marre pour etre conscients de la derive des politiciens qui nous ont toujours gouvernes, c'est a désespérer des medias et de la capacite des populations a deceler la ruse du "golo ak golo". Nous avons tout compris depuis le regne du PS ( Diouf a ete degage sans problemes ).A Wade, on lui avait tout donné( députés, maires etc..), il a voulu faire le malin. Meme sans y en a marre , M23 ou je ne sais quoi,le , PDS allait être dégagé en 2012.Alors je demande aux yen a marristes de ne pas avoir la grosse tête. Ils sont libres de s'eriger en sentinelles de la republique. Alors il faudra qu'ils soient republicains. Avant de critiquer ou d'exiger quoi que ce soit, il faudra qu'ils s'informent bien au niveau des mairies et de l'administration avant de donner des ultimatum a la con aux autorites.

5.Posté par bour cadior le 05/02/2013 13:51 | Alerter
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incroyable un bon article a lire et relire. nous devons aussi ne pas oublier que y'en marre n'etait rien d'autre qu'une bande de jeunes oisifs qui ne vivaient que de la facilite en detriment de l'opposition qui les manipulait a travers un nom vraiment fetiche ((Y'EN A MARRE)). plus malin politiquement ,les macky ,les idy et autres ont explote cette situation bien donnee pour assouvir a leur faim.Les senegalais et surtout les Y'EN A MARRE doivent savoir que ces politiciens ne les soutiendront plus jamais dans leurs actions, et feront tout pour les empecher d'accepter ou de mener leur combat avec l'actuelle opposition qui n'est autre que le P D S. Y'EN A MARRE a du pain sur la planche et je leur conseille si possible d'aller avec beaucoup de precautions si non Y'EN A MARRE sera divise en deux voir trois ,et leur force sera faible .faut pas oublier qu'il faut ((DIVISER POUR MIEUX REGNER)) si et surtout si on nest pas sincere.

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