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“Le feu et la glace : la tension humaine du pouvoir”, Par Léna Elisabeth Mendy, Avocate


Rédigé par leral.net le Mercredi 12 Novembre 2025 à 19:06 | | 0 commentaire(s)|

"Je fais partie du PASTEF,
et je suis responsable du MOJIP Bordeaux.

Mais aujourd’hui, je parle d’abord comme une femme engagée qui observe, qui ressent et qui réfléchit.

J’écris pour comprendre, pas pour plaire.
Et je crois encore à la force du calme.
Après la tempête émotionnelle, vient le temps des mots justes,
ceux qui ne divisent pas, mais qui font réfléchir quand le silence revient.

Ce que je vois entre nos deux leaders, ce n’est pas une rupture.
C’est une tension humaine, profonde, entre la fidélité au rêve et la réalité du pouvoir.

Alors j’ai voulu mettre des mots, non pas pour juger, mais pour comprendre.

Le choix d’Aminata Touré : l’affirmation d’une autonomie présidentielle

En choisissant Aminata Touré, le président Bassirou Diomaye Faye ne cherche pas seulement à nommer une personne compétente.
Il affirme son autonomie politique, il montre que le président n’est pas le prolongement du Premier ministre, mais un pouvoir à part entière.
C’est un signal de maturité institutionnelle, mais aussi un message de fermeté interne :

"Je gouverne, je décide, même si cela dérange.”

Dans un mouvement aussi sensible que le PASTEF, ce choix devient aussitôt un acte symbolique de différenciation d’identité, perçu par certains comme un geste de trahison.

La mémoire du fondateur

Ousmane Sonko, lui, réagit avec le poids de l’histoire.
Il a fondé le mouvement, en incarne l’âme militante et il sait que la base reste émotionnellement attachée à lui.
Sa réaction, bien que politique en apparence, traduit un besoin humain et profond de reconnaissance :

"Je veux qu’on n’oublie pas qui a porté cette cause jusqu’ici.”

Et ce besoin est légitime.

Quand un leader charismatique devient numéro deux du système qu’il a bâti, il ressent forcément la tension entre l’autorité morale et l’autorité institutionnelle.

C’est une blessure de reconnaissance, aussi naturelle que douloureuse.

L’affaire Abdourahmane Diouf : le test de loyauté

En maintenant sa confiance à Dr. Abdourahmane Diouf, malgré les critiques du camp Sonko et de la base, le président Faye trace une ligne rouge :

“Je gouverne selon ma vision, pas selon la pression.”

C’est un acte d’autorité symbolique, presque paternel face à un Premier ministre dont la popularité dépasse parfois les limites du protocole.

Mais c’est aussi un risque : celui d’exposer la fracture entre le pouvoir de la rue et le pouvoir d’État.

Le choc des psychologies

Chez Sonko, il y a la frustration du fondateur qui se sent dépossédé de sa légitimité naturelle.
Il agit comme un mentor qui voit son élève s’émanciper trop vite.

Blessure de reconnaissance.

Chez Diomaye, il y a la volonté d’exister par lui-même, de ne plus être “le substitut”, mais le président à part entière.

Besoin de légitimité.

Deux égos forts, deux loyautés différentes :

L’un envers la mission,

L’autre envers l’institution.

C’est la rencontre inévitable entre la passion du fondateur et la rigueur du chef d’État.

Le Conseil des ministres : une séance de vérité silencieuse

Le Conseil des ministres qui s’annonce, pourrait devenir une séance de vérité,
non pas un clash, mais une négociation d’équilibres.
Sonko sera absent, mais sa présence plane.
Chaque mot, chaque silence, chaque regard comptera,
car au-delà des décisions politiques,
il s’agit de redéfinir la hiérarchie psychologique du pouvoir.

Le feu avance vite.
La glace avance juste.
L’un veut incarner la mission.
L’autre veut préserver la maison.

Et peut-être que le véritable défi du PASTEF,
c’est d’apprendre à faire coexister
la passion du fondateur
et la discipline du président.”

Par Léna Elisabeth Mendy, Avocate
Responsable du MOJIP Bordeaux,
Certifiée en Politiques Publiques et Bonne Gouvernance.


Ousseynou Wade