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OPERATION « FODE KABA 2 » Comment les « Ngom’boys » ont libéré le douanier Mitterrand

Dakar, 30 juillet 1981. Par interminence, une fine pluie s’abat sur la capitale sénégalaise. Des précipitations qui annoncent le début de l’hivernage. C’est dans ce climat plutôt caniculaire que des rumeurs s’échappent de la Gambie voisine pour se propager dans le pays : Un coup d’Etat vient d’être perpétré en Gambie alors que le Président Daouda Diawara était à Londres. Toutes les unités de réserves générales de l’Armée sénégalaise sont mises en alerte : les bataillons des parachutistes, des commandos, de la marine nationale etc…De même que le Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (Gign), une unité d’élite spécialisée dans les opérations de libération d'otages.


Rédigé par leral.net le Lundi 7 Janvier 2013 à 07:00 | | 4 commentaire(s)|

OPERATION « FODE KABA 2 »  Comment les « Ngom’boys » ont  libéré le douanier Mitterrand
En vertu des accords de défenseliant le Sénégal et la Gambie, le président Abdou Diouf déclenche l’opération « Fodé Kaba 2 » ayant pour but de chasser les rebelles du pouvoir et de rétablir l’autorité du Président légitimement élu, Sir Aladji Daouda Kaïraba Diawara. « Ce jour-là, 30 juillet 1981, auxenvirons de midi, le Chef d’Etat Major Général des Armées (Cemga), le Général Idrissa Fall, m’a appelé pour me nommer commandant des troupes de l’opération « Fodé Kaba 2 » avec comme ordre de mission « Rétablir l’ordre constitutionnel et libérer les prisonniers des mains des rebelles ». Cette opération a vu l’engagement de toutes les unités de l’Armée sénégalaise dont j’étais le commandant sur le théâtre d’opérations » se souvient le colonel (Er) Abdourahmane Ngom dit Abel. Parmi ces prisonniers qu’il s’agissait de liéber figurait justement le douanier Mamadou Mitterrand Dramé. Dans quelles conditions a-t-il été fait prisonnier?
Permissionnaire au moment de l’opération « Fodé Kaba 2 » alors qu’il était le commandant du 4e Bataillon d’Infanterie implanté à Tambacounda, l’alors lieutenant-colonel Ibrahima Bathily fut rappelé pour rejoindre son unité à Banjul. À bord de son véhicule « Jeep », en compagnie de son chauffeur, le soldat Pape Samba Seck, et du caporal-chef Gomis des Transmissions (liaison radio), le colonel Ibrahima Bathily tente de rallier l’aéroport gambien de Yundum par la route. Arrivé au poste frontalier de la douane de Séléty, le chauffeur se désoriente et perd la bonne direction menant vers Yundum. Une situation qui s’expliquepar une perte de fréquence radio qui a eu pour effet de rompre tout contact avec le poste de commandement sénégalais basé à Banjul. Compte tenu de l’environnement hostile et risqué, l’agent des douanes Mitterrand Dramé se porte volontaire pour guider le colonel de l’armée sénégalaise. ET ce tout en étant conscient des risques encourus. Ensemble, ils prennent la brousse pour Yundum. À 15 km de Séléty, précisément dans le village de Thibolo, à quelques minutes de Birkama, la Jeep tombe dans une embuscade tendue par les rebelles de Kukoi Samba Sanyang, le cerveau du putsch contre le président Diawara. Une embuscade doublée d’un étau mortel puisque la route était barrée par des troncs d’arbre. Aucune résistance n’était possible face à cette « meute » de dizaines de rebelles armés de Kalachnikov. Encerclés, le lieutenant-colonel Bathily, le douanier Mitterrand ainsi que les autres éléments sont criblés de balles, désarmés, puis fait prisonniers. Mitterrand est grièvement blessé pour avoir reçu quatre balles dans les cuisses. « Lorsque Kukoi Samba Sanyang est venu voir les prisonniers que nous étions, il nous a demandé de faire une déclaration à la radio pour dire au président Abdou Diouf de retirer ses troupes de Banjul, sinon il allait nous exécuter. Après concertation, le lieutenant-colonel Bathily et moi avons dit niet ! Nous préférons mourir plutôt que de faire une telle déclaration » nous explique Mamadou Mitterrand Dramé à la veille de son départ à la retraite. Compte tenu de la gravité de ses blessures, le chef des rebelles Kukoi Samba Sanyang a aussitôt ordonné à ses éléments de conduire le prisonnier sénégalais « Mitterrand » à l’hôpital de Bakau pour que soient extraites les balles qu’il a reçues. Et comme les « putschistes » s’étaient repliés au lieudit « Dépôt », encore appelé le « Bois Sacré » des rebelles situé en pleine brousse, il fallait passer par la forêt pour contourner Banjul ou étaient positionnés les soldats sénégalais. Des soldats surnommés « Ngom’boys » par les populations gambiennes faisant allusion au colonel Abel Ngom. « Arrivé à l’hôpital de Bakau, un certain docteur Peters m’a reçu alors que j’étais toujours ligoté par les rebelles. À ma grande surprise, Dr Peters m’a fait comprendre qu’il ne pouvait faire aucune intervention chirurgicale du fait du manque criard de médicaments. Au vu de mon état de santé, il s’est retiré du bloc opératoire pour aller dans son bureau. De là, il a appelé discrètement l’ambassadeur du Sénégal à Banjul pour lui signaler ma présence, c’est-à-dire celle d’un soldat sénégalais blessé et fait prisonnier … » nous raconte Mamadou Mitterrand Dramé.
Alerté par l’ambassadeur, le colonel Abel Ngom actionne immédiatement les éléments du Gign. Direction : l’hôpital de Bakau. Ainsi, l’établissement hospitalier est encerclé par les gendarmes du Gign appuyés par des parachutistes tandis que des commandos fermaient toutes les ruelles menant à l’établissement. « Quelques minutes après, j’ai fait donner l’assaut pour libérer le soldat sénégalais. C’est après l’opération que je me suis rendu compte qu’il s’agissait du douanier sénégalais qui servait de guide au colonel Bathily, un certain Mamadou Miterrand Dramé » nous a expliqué la semaine dernière le colonel Abel Ngom (aujourd’hui âgé de 80 ans) que nous avons rencontré chez lui.
Courageux et républicain, le douanier Mitterrand nous raconte l’épilogue de cette opération risquée ayant permis de sauver savie. « Lorsque les gendarmes commandos sont rentrés dans l’hôpital, j’ai entendu quelqu’un crier « Ou est le soldat sénégalais ? Où est le soldat sénégalais ? Aussitôt j’ai répondu « Je suis là mon colonel ! Je suis là mon colonel ! Puis, il m’a dit « Tu es sauvé ! » Et j’ai répliqué Alhamdoulahi » raconte« Mitt ». le déja-ex-chef du service Protocole et Accueil de la douane à l’aéroport Léopold Sédar Senghor poursuit son récit en ces termes : « Dans le feu de l’action, les gendarmes m’ont demandé : où sont les autres ? » Je leur ai répondu : « Ils sont au « Dépôt » à Bakau ». Faisant d’une pierre deux coups, les hommes du colonel Abel Ngom se sont rendus au lieu indiqué. « Immédiatement, nous nous sommes rendus au camp « Dépôt ». Après l’assaut, on a réussi à libérer le colonel Bathily, l’épouse du président Diawara, Mme Lady Djillel et d’autres soldats sénégalais » raconte le colonel Abel Ngom, qui fut le commandant en chef de l’opération « Fodé Kaba 2 ». A ce moment de son récit, il rend un vibrant hommage à Mamadou Mitterrand Dramé. « Après s’être porté volontaire dans cette guerre, Mitterrand est un douanier émérite. Je ne cesse jamais de saluer son acte courageux et républicain. Ce n’est pas dans toutes les Armées du monde que l’on voit un agent des douanes faire la guerre aux cotés des militaires jusqu’à se blesser et être fait prisonnier » déclare le colonel Ngom.
Pour indemniser les familles des 33 soldats sénégalais tués et des 57 autres Diambars blessés, le gouvernement gambien avait remis une somme de 300 millions fcfa à l’armée sénégalaise. Et parmi les blessés, le douanier Mitterrand Dramé avait remporté le jackpot s’élevant à 20 millions fcfa (la somme avait été payée par chèque n°222-Usb année 1982).Une telle somme à l’époque, c’était beaucoup d’argent ! « C’est moi qui faisais la répartition des fonds composés d’indemnités et de primes. Si Mitterrand a perçu plus que les autres, c’était compte tenu du degré de gravité de ses blessures » nous révèle le colonel Abel Ngom tout en précisant que la répartition des fonds n’a jamais fait l’objet de contestation. Et pour cause, elle s’était faite dans la plus grande transparence.
Gabelou, prisonnier et blessé de guerre, Mitterrand Dramé est vraiment un cas unique dans la douane sénégalaise ! Et, sans doute, dans l’histoire des forces armées sénégalaises.

Pape NDIAYE
« Le Témoin » N° 1109 –Hebdomadaire Sénégalais ( JANVIER 2013)









( Les News )


1.Posté par Elimane Kane le 07/01/2013 09:10 | Alerter
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Mitterrand est encore plus généreux et c'est quelqu'un de bien. Il est exceptionnel. Certes il va à une retraite méritée, mais il contunuera à nous gratifié de ses bonnes actions pour sa famille, pour ses amis, pour sa ville Foundiougne pour son ami et ministre Youssou Ndour. Que Dieu lui accorde longue vie et qu'il continue à s'impliquer pour le développement du Sénégal

2.Posté par FocusActu le 07/01/2013 09:14 | Alerter
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Bonjour à tous! Votre nouveau site d'information est désormais en ligne: focusactu.com. Bienvenue à tous!

3.Posté par Sophie Ngom le 25/04/2013 19:32 (depuis mobile) | Alerter
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Je suis la petite fille du colonel Ngomet je suis vraiment fiére de mon grand-pére

4.Posté par Bathily papis le 24/09/2014 17:17 | Alerter
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Bravo mon père fier d'être ton fils que la terre te soit légère

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