leral.net | S'informer en temps réel

Orascom au Lac Rose / Daouda Ngom avertit : "Nous devons être prudents et veiller à ce que ce projet ne nuise pas à notre patrimoine naturel"

Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, a effectué une visite ce mercredi, sur le site d’implantation du projet "Ville Verte" au Lac Rose. Ce projet, mis en œuvre par la DGPU, en partenariat avec Casa ORASCOM, a donné lieu à une étude d'impact environnemental, dont les résultats ont satisfait le ministre.


Rédigé par leral.net le Mercredi 9 Juillet 2025 à 18:05 | | 0 commentaire(s)|

À l’issue de sa visite, Daouda Ngom a partagé ses impressions sur le projet : « Dans le cadre de ce projet, une étude d'impact a été effectuée avec un passage au comité technique qui a validé et un passage aussi en audience publique, où les communautés ont validé le projet de rapport d'études d'impact. Mais dans ces cas de figure, s'il y a des voies discordantes, le ministre peut continuer à faire des visites, à échanger avec les acteurs, pour trouver les voies les meilleures pour valider les rapports d'études d'impact ».

Le ministre a reconnu qu'il y a eu des voix discordantes, mais il a souligné que la visite sur place, a permis de mieux comprendre les enjeux du projet. « Nous avons tenu à venir sur site, pour voir de visu le projet de Casa ORASCOM, pour installer cette nouvelle Ville Verte. Et nous sommes très satisfaits de cette visite que nous avons effectuée en compagnie de nos services techniques, mais surtout, des autorités administratives, le préfet et le sous-préfet, ainsi que la DGPU », a-t-il ajouté.

Concernant la certification environnementale du projet, Daouda Ngom a précisé que la décision finale serait prise après une analyse approfondie. « Une fois au bureau, nous déciderons si Casa ORASCOM aura son certificat de conformité environnementale ou pas ».

Lors de sa visite, le ministre a également évoqué un autre projet porté par le ministère de l’Environnement et de la Transition écologique : la création d’une réserve naturelle urbaine au Lac Rose. « Le ministère de l’Environnement et de la Transition écologique a un projet de création d'une réserve naturelle urbaine, pour mieux protéger le lac, avoir un cantonnement en permanence. Nous voulons en faire une réserve naturelle urbaine et le processus a démarré », a précisé le ministre.

Il a ajouté que des discussions sont déjà en cours avec les communautés locales et la DGPU, pour concrétiser ce projet. « Inshallah, peut-être dans les prochains mois, le Lac Rose sera une réserve naturelle urbaine, et nous aurons plus de leviers pour préserver cet écosystème particulier pour le Sénégal », a-t-il ajouté.

Le projet "Ville Verte" porté par Casa ORASCOM, prévoit la construction de logements sociaux, d’infrastructures modernes et d'espaces verts, dans un cadre respectueux de l’environnement. Il vise à répondre à la croissance démographique de la région de Dakar, tout en améliorant la qualité de vie des populations locales. Cependant, il a également suscité des préoccupations, notamment en ce qui concerne l’impact sur l’écosystème fragile du Lac Rose.

Malgré les avantages économiques et sociaux prometteurs du projet, des voix s’élèvent contre ses potentielles répercussions sur l’environnement. L’Association pour la protection du Lac Rose a exprimé ses inquiétudes quant aux risques de dégradation du site, soulignant que la construction de 78 000 logements pourrait perturber l’équilibre fragile du lac et affecter les activités touristiques de la région.

Le projet "Ville Verte" continue de susciter des débats passionnés entre les partisans du développement et ceux qui défendent la préservation de l’environnement. D’un côté, il est perçu comme une solution pour répondre à la crise du logement et booster l’économie locale, tout en apportant des infrastructures modernes. De l’autre, les préoccupations environnementales restent vives, notamment sur les risques pour l’écosystème unique du Lac Rose.

Comme l’a souligné Daouda Ngom, l’équilibre entre développement et préservation est crucial : « Nous devons être prudents et veiller à ce que ce projet ne nuise pas à notre patrimoine naturel ». La réussite du projet dépendra de la capacité des autorités et des promoteurs à concilier ces deux impératifs, tout en respectant les préoccupations des populations locales.

Invité dans une émission d’une radio locale, Bara Diouf, délégué général à la Promotion des pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose (DGPU), avait présenté les grandes lignes du projet "Ville Verte", aligné sur la vision de l’Agenda Sénégal 2050. Porté par le groupe égyptien Orascom, ce projet prévoit la construction de 18 000 logements sur 5 à 7 ans, dont 40 % dédiés au logement social. Financé par un investissement privé, il est facilité par l’État via l’attribution de terrains sous bail emphytéotique par la DGPU.

« Nous avons engagé une démarche d’ingénierie sociale avec les communautés locales et nos partenaires, pour repositionner le pôle urbain de Lac Rose », avait expliqué Bara Diouf. Il avait souligné un double objectif : répondre à la demande de logements tout en préservant l’environnement, notamment par la restauration de la bande de filaos et la protection de la biodiversité.

Il convient de rappeler qu’en 2016, le groupe Orascom, dirigé par Samih Sawiris, avait annoncé son intention d’investir jusqu'à 500 millions de dollars dans ce projet. Lors de sa rencontre avec l’ancien président Macky Sall, Sawiris avait exprimé sa volonté de transformer la région de Baraka Liberté 6, en un véritable pôle de développement urbain. À propos de son projet au Lac Rose, il avait déclaré : « Cela va avancer, nous sommes confiants que, dans deux ou trois mois, nous aurons les contrats et les autorisations pour démarrer les travaux ».

Situé à quelques kilomètres de Dakar, "Ville Verte" ambitionne de devenir un modèle de ville durable, alliant urbanisation maîtrisée, respect de l’écologie et vision d’avenir. D’un coût estimé à 400 milliards FCfa, ce programme met l’accent sur la durabilité et l’implication du secteur privé, tout en répondant à la forte demande de logements sociaux au Sénégal, sans compromettre l’équilibre écologique du lac.





Birame Khary Ndaw

Ousseynou Wade