Patrimoine : L’autre histoire d’un arroseur arrosé ?

Le terme a une charge effrayante : il suggère, dans l’imaginaire des Sénégalais, des malversations. Il ne laisse même pas perler la présomption de probité pour ceux qui sont visités par l’œil des protecteurs des fonds du contribuable. Les regards sont tournés sur les dignitaires du régime libéral. Un conte populaire eût même voulu qu’ils eussent dévalisé le Palais, emportant, avec eux, moquettes, voitures, meubles, œuvres d’art, etc. Image pitoyable pour un homme qui a mené une lettre de près de trois décennies, partagé entre prison, exil et privations. Le scénario de « Ali Baba et ses 40 voleurs » est déroulé. Des chefs religieux sont « débarqués » de leur siège moelleux. Des responsables politiques sont épinglés à domicile, jusque dans l’erreur qui révolte Aliou Sow. Il avait payé son véhicule chez un concessionnaire.

La déclaration de patrimoine de Macky Sall, élu Président, est un des chemins de l’expression d’une différence. La « gestion vertueuse » est de saison. Un principe qui a toujours été affirmé et qui est réinventé par la nouvelle classe dirigeante. En période de grâce, le plus classique des concepts devient extraordinaire. La réflexion est tirée vers le haut par la perception que l’opinion, en général, a du patron du communicant. Au début, tout est lisse. Les propos fleurissent, qui surfent sur la popularité du nouveau chef de l’Etat. Il est encore un produit vendable. Le public entend plus ses porte-voix qu’il ne l’entend lui-même. Il se garde de trop s’épancher, en guise d’élément de rupture avec son prédécesseur. Sa galaxie, elle, est bruyante.

En face, il est interdit de subir sans broncher. Wade fait un démenti, par la voix, aussi, de son porte-parole Serigne Mbacké Ndiaye. Puis, il menace, outré par l’étiquette de pilleur sans classe véhiculée par des proches du Président Macky Sall. Il est même dit, dans la presse, que les audits seront accélérés parce que Wade, son fils Karim et Samuel Sarr auraient décidé de faire la peau au nouveau chef de l’Etat et de rendre ce pays « ingouvernable ». La presse trouve un décalage entre les revenus réels de l’ancien Premier ministre et son patrimoine déclaré. Le Palais riposte. En somme, ce n’est pas le centre d’intérêt. Il faut plutôt regarder du côté de la demande sociale. Le nouveau pouvoir pensait-il avoir la tâche facile, en fouillant dans la gestion de Wade et en mettant un rideau de silence devant le patrimoine de son successeur ? La politique, c’est donner des coups et savoir en prendre. Les Sénégalais ont besoin de savoir. Mieux, de TOUT savoir !

Lesenegalais.net