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Peintre, sculpteur, photographe, poète… : Keïta Le Blanc, un artiste aux mille facettes

Rédigé par leral.net le Dimanche 18 Juillet 2021 à 19:42 | | 0 commentaire(s)|

L’ancien Rédacteur en chef du «Soleil», Ibrahima Mansour Mboup, qui était son ami d’enfance, l’appelait affectueusement «l’homme aux douze métiers». Maguette dit Keïta Le Blanc a eu un autre surnom parce que tout simplement il faisait des photos en noir et blanc. Il s’habillait en blanc à l’occasion des soirées dansantes qu’il organisait avec ses copains du quartier. Le Blanc a toujours été photographe, plasticien, sculpteur sur bois et sur roche, peintre, décorateur, poète, mécanicien. Portrait...


À l’école primaire, Maguette dit Keïta Le Blanc aimait dessiner et reproduire tout ce qui lui tombait entre les mains. Disponible, ouvert, courtois et très correct, il éprouve toujours du plaisir à répondre aux questions de la presse. «C’est après le Cm2 que je me suis retrouvé dans l’art. Je n’ai pas appris mon art, je suis autodidacte, c’est un don de Dieu», confie l’artiste aux mille facettes. Dès sa tendre enfance, il avait l’habitude d’aller chercher de l’argile dans le marigot qui était à côté de la maison familiale pour faire de la poterie. À Dakar, Keïta allait souvent à la plage pour chercher des roches calcaires en vue de les sculpter.

Aujourd’hui, âgé de 74 ans, et très malade, il a besoin de 4 millions de FCfa pour subir des interventions chirurgicales au niveau de la hanche gauche et du genou droit pour se remettre en forme. «Je souffre atrocement, je sollicite l’appui du Chef de l’État pour me soigner et poursuivre mon art».

Le mercredi 26 mai 2021, on l’a trouvé dans son atelier situé à Balacoss (un quartier de Saint-Louis) et qui porte à l’entrée, une enceinte sur laquelle est mentionné le nom de sa mère «Villa Titine Diakhaté». Fils d’Edouard Keïta, une figure emblématique de la lutte traditionnelle à Saint-Louis (dans les années 1940), originaire de Ségou, au Mali, Le Blanc, malgré son âge avancé et son handicap (il se déplace difficilement avec des béquilles), a eu le mérite de réaliser, l’année dernière, avec ses propres moyens, une fresque sur un pan du mur de clôture de l’école Corniche qui fait face au foirail de moutons de Darou.

Cette belle œuvre d’art (une exécution bénévole et individuelle), très suggestive et éducative, est un outil de sensibilisation des populations sur les conséquences désastreuses de la pandémie du coronavirus. Ce qui saute aux yeux, principalement, en admirant cette fresque, c’est le lavage des mains et le port des masques chirurgicaux par la plupart des personnes représentées en image. Pour l’animation de surface, l’on peut noter la présence de l’eau avec des poissons, un peu de végétation et un ciel légèrement bleuté où planent les oiseaux.

Une autre œuvre qui a marqué la carrière artistique de Le Blanc est une belle sculpture sur «Mame Coumba Bang, la Reine du fleuve» qu’il avait confiée en 1996 à un fonctionnaire du Ministère de la Culture. Ce dernier l’avait remise à une équipe de journalistes français. Cette création n’est jamais revenue et avait fait l’objet d’un contentieux judiciaire… L’artiste est resté profondément marqué par cette sculpture en bois, surmontée d’une calebasse qui peut flotter sur l’eau grâce à un support en bois. L’œuvre s’utilise aussi comme appareil de jeu de hasard. «Je l’ai conçue en fonction du caractère de ville d’eau de Saint-Louis», avance Keïta.

Nostalgie

Du temps du Recteur de l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, Ndiawar Sarr, il avait aussi réalisé une œuvre sous la forme d’une main tenant un stylo, source du savoir, qui fait couler de l’eau. Il l’a réalisée en bas-relief, surmonté d’une matière en bronze. L’œuvre est toujours sur place.

Très nostalgique, il nous parle également et avec amertume du jet d’eau en forme de seringue qu’il avait réalisée en 1980 pour l’hôpital régional de Saint-Louis. L’œuvre a été inaugurée par Mamadou Diop, ancien Maire de Dakar et ancien Ministre de la Santé, en présence du médecin militaire Mamadou Diouf, qui était le Directeur de cette structure sanitaire régionale. L’artiste se plaint que cette œuvre, qui trônait imperturbable au milieu de la cour de cet hôpital, a été enlevée et jetée sous un arbre. Aux yeux de Keïta, ceux qui l’ont fait ne l’ont même pas averti. «Je demande à ce qu’elle soit remise quelque part dans cette cour où il y a toujours assez d’espace», suggère l’artiste. Pour lui, ce sera une manière de la restaurer. Keïta Le Blanc avait offert cette sculpture à l’hôpital, en guise de reconnaissance pour l’opération chirurgicale qu’il avait subie à la suite d’un accident dont il a été victime sur la route de Kébémer.

Ce jet d’eau, a-t-il précisé, égayait la cour de l’hôpital. «C’était un monument de 3 m de haut et de plus d’1 m de circonférence, tout en bronze, qui attirait des milliers de touristes et la curiosité des puristes, des adeptes et autres férus de la sculpture», évoque le plasticien.

Le Blanc est resté profondément marqué par une autre sculpture en bois réalisée sur un tronc de rônier. Elle mettait en exergue «le secret de la femme» et était exposée devant le Centre régional de documentation du Sénégal (Crds), à la pointe du sud de l’île.

Du temps du Président Senghor, il avait réalisé, en 1978, une œuvre sur la conscience professionnelle. «Je l’avais présentée sous forme d’une clé pour faire comprendre aux autres qu’elle ouvre la porte, comme la conscience professionnelle est la clé de la réussite», suggère Keïta Le Blanc.

Soleil