"Ma conviction est que seule l’agriculture peut régler le problème du chômage" au Sénégal, a-t-il déclaré lors d’un CRD d’information sur le Projet d’appui à la réduction de la migration à travers la création d’emplois ruraux (PACERSEN), visant à réaliser 30 fermes familiales dans la région de Tambacounda (est).
"Au Sénégal, nous avons une démographie très jeune et très dynamique", a poursuivi le directeur général de l’ANIDA, selon qui le pays réunit "toutes les dotations factorielles" pour le développement de l’agriculture.
Selon El Hadj Malick Sarr, la capacité d’offre de l’économie sénégalaise est évaluée à 20.000 emplois par an, alors que le marché de l’emploi enregistre quelque 200.000 chaque année.
"Il y a donc un gap de 180.000" emplois à combler par an, a relevé le DG de l’ANIDA, dont la structure a réalisé 196 fermes depuis son lancement en 2008, créant 17.000 emplois, surtout dans la région de Thiès et dans la zone centre du Sénégal qui,selon M. Sarr, dispose de suffisamment d’avantages comparatifs dans le domaine de l’agriculture.
Vu le marché des denrées alimentaires du Sénégal qui importe de l’oignon, de la viande, du lait, du riz, l’agriculture est le secteur par essence qui peut résoudre la question du chômage.
"Nous avons les dotations factorielles, à savoir l’eau, le rayonnement permanent et des bras solides pour s’adonner à l’agriculture", a noté M. Sarr, avant d’ajouter que "c’est en nous lançant dans cette dynamique, en faisant en sorte que le Sénégal nourrisse le Sénégal, qu’on arrivera à avoir de l’emploi décent et rémunérateur".
Donnant en exemple les résultats de production d’une exploitation d’un ha de piment à Mont Rolland (Thiès), qui a permis d’avoir un revenu de 24 millions de francs CFA à son promoteur, le DG de l’ANIDA assure que l’agriculture s’impose actuellement comme ’’le secteur le plus rentable’’ de l’économie sénégalaise.
Avec un ha de concombre, on se retrouve avec pas moins de 7 millions de francs CFA par an. "Un ha d’aubergine, c’est pas moins de 1,5 million à l’hectare, un ha de papaye pas moins de 6 millions", a-t-il signalé.
"On peut vivre de l’agriculture, dans son terroir et décemment. Ceux qui voyagent vont travailler dans des exploitations agricoles en Espagne, en Italie de façon saisonnière", s’adonnent dans ces pays à la cueillette de pommes, de raisins et de fraises principalement, fait-il observer.
De telles activités, ils peuvent les mener au Sénégal, au sein de leurs familles, avec l’avantage qu’ils auront ainsi l’occasion de s’occuper de l’éducation de leurs enfants, tout en contribuant à la création de richesse, fait valoir le DG de l’ANIDA.
Pour le technicien, l’agriculture, vu le nombre d’acteurs qu’elle fait travailler en amont et en aval du processus de production, est "un des secteurs les plus vertueux" et les plus distributifs.
De la vente de semences et d’engrais à la commercialisation, en passant par le labour, le décorticage, la transformation c’est plusieurs métiers qui interviennent suivant le modèle d’un "multiplicateur économique", a-t-il analysé.
C’est que de son point de vue, le potentiel ne manque pas, le Sénégal comptant 4 milliards de mètres cubes d’eaux souterraines, renouvelables chaque année, dont les forages n’utilisent que 6%. A cela s’ajoutent 31 milliards m3 d’eau de surface, dont 10 milliards du fleuve Sénégal se perdent dans la mer chaque année, poursuit le El Hadji Malick Sarr.
De même, l’eau souterraine est captée à 80-100m de profondeur, alors que dans des pays comme le Maroc qui "nous submerge de produits fruitiers, on va chercher l’eau jusqu’à 400 voire 600 mètres sous le sol. Et pourtant les Marocains font 6.000 kilomètres pour venir nous vendre leurs clémentines", a-t-il relevé. De même, en Israël, pays considéré comme un modèle agricole, "l’eau est à plus de 600 mètres de profondeur".
ADI/BK