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Pr Salif Gaye corrige le maire de Thiès «Un arrêté ne peut pas annuler un décret»

Les relations entre l’université Iba Der Thiam de Thiès et l’édile de la Cité du Rail sont toujours très tendues. Dans un communiqué, professeur Salif Gaye, membre du Ca de l’Uidt, a tenu à boucler la boucle en apportant des clarifications sur cette affaire qui tient Thiès en haleine depuis quelques jours


Rédigé par leral.net le Lundi 22 Août 2022 à 11:39 | | 0 commentaire(s)|

C’est une guerre de communiqués. Après le savon passé par la communauté universitaire de l’Université Iba Der Thiam de Thiès (Uidt) au maire de Thiès, Dr Babacar Diop, à travers un communiqué, suite à sa demande de restitution du bâtiment dit «Auberge des jeunes», les services de ce dernier ont riposté par un communiqué de presse.

Un document qui vise à lever toute équivoque en apportant quelques clarifications sur cette affaire qui secoue la ville de Thiès depuis quelques jours. Mais pour Pr Salif Gaye, membre du Conseil d’administration de l’Uidt de Thiès, «un arrêté ne peut pas annuler un décret».

Dans un communiqué, Pr Gaye précise : «Dans la note publiée par la mairie de la Ville de Thiès, il est écrit : ‘’L’arrêté n°297 du 27 novembre 2014 a affecté le TF 6000 d’une contenance de 12078 m2 à la Ville de Thiès’’ Ce titre foncier, acquis de la Société sénégalaise d’importation, de distribution et d’exploitation cinématographique (Sidec) en 2002, devait servir à recevoir «La Cité des affaires». Alors qu’en 2014, l’Université de Thiès était installée depuis plusieurs années aussi bien au niveau du Palais des congrès qu’à l’Auberge des jeunes.»

Et donc : «L’arrêté n°297 du 27 novembre 2014 ne peut pas annuler le décret n°2003-644 du 28 juillet 2003.» Par conséquent, il considère «nul l’état de droits réels relatif au TF 6000 affecté par l’arrêté n°297 du 27 novembre 2014» et estime qu’une «enquête devrait même être menée pour comprendre comment la mairie a pu obtenir cette attribution bizarre».

Outre cette précision, Pr Gaye a tenu à apporter d’autres clarifications. «Dans le communiqué publié par la mairie de Thiès, il ressort que la Ville de Thiès a acquis en 2002, un patrimoine de 12078 m2 auprès de la Sidec, qui était une société nationale qui gérait les cinémas du Sénégal. Par décret n°2003-644 du 28 juillet 2003, le président de la République a désaffecté certains sites de la Ville de Thiès dont le «Cinéma Amitié», pour les déclarer d’utilité publique conformément à la loi n°91/76 du 2 juillet 1976 relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique.

Pour rappel, c’est sur le site du «Cinéma Amitié» que sont implantés le Palais des congrès et l’Auberge des jeunes dans le cadre du programme dénommé «les Chantiers de Thiès» de 2004, qui a été suspendu par la suite», explique le professeur d’université, qui note «que ce décret de désaffectation a été contresigné par M. Idrissa Seck, Premier ministre et maire de la Ville de Thiès en 2003, donc un an après la date à laquelle la mairie dit avoir acquis le site auprès de la Sidec».

Mieux, poursuit-il, «par lettre d’affectation n°00759PM/Cab/Ct/Ehk du 29 avril 2011, le Premier ministre du Sénégal a informé le ministre d’Etat, ministre de l’Habitat, de la construction et de l’hydraulique, de la décision du président de la République d’autoriser la reprise des travaux concernant l’Hôtel du rail et l’Auberge des jeunes de Thiès pour remédier au déficit en infrastructures d’accueil de l’Université de Thiès, suite à des grèves et marches des étudiants. Par la suite, ces trois locaux ont été occupés par l’université.

L’Auberge des jeunes a été occupée par la scolarité centrale, la bibliothèque centrale et le projet «Un étudiant un ordinateur», le Palais des congrès a été occupé, lui, par l’Ecole doctorale, l’incubateur, l’auditorium… et l’Hôtel du rail sert de campus social pour les étudiants».

Et s’agissant de l’Auberge des jeunes au cœur de la polémique, Pr Salif Gaye indique que l’endroit a été libéré pour réhabilitation suite à des fissures remarquées à certains niveaux. C’est ainsi que l’Etat a initié la réhabilitation de ce bâtiment suite à un appel d’offres. Et le ministre de l’Enseignement supérieur assure le pilotage des travaux. «

Il faut noter que tous les maires, Idrissa Seck, Yankhoba Diattara et Talla Sylla, ainsi que les autorités territoriales de la Ville de Thiès, ont eu à collaborer et accompagner l’Université de Thiès, à l’exception du dernier maire sur qui on fondait beaucoup plus d’espoir car il est enseignant à l’université», dit-il.

Et sur l’acte d’huissier du maire concernant l’arrêt des travaux, Pr Gaye pense que l’édile de Thiès «s’est trompé d’interlocuteur». Car, à ses yeux, «c’est l’Etat qui effectue la réhabilitation du bâtiment au profit de l’université et non le Rectorat. La Dscos aussi s’est trompée de destinataire en adressant une convocation relative à l’arrêt des travaux de l’Etat à Mme le Recteur de l’Uidt».
Le Quotidien