Toutes les personnes qui assistent au procès, ont entendu, à maintes reprises, cette phrase du Président Gustave Kam GBERDOA clôturer chaque audition de personnes présentées par l'accusation tantôt comme témoins à charge, tantôt comme experts et souvent aussi etonnant que cela puisse paraitre, a la fois comme plaignant et temoin. Oui, un plaignant entendu comme temoin!
"Merci d'être venu pour la manifestation de la Vérité!"
La Manifestation de la Vérité est ce que toute personne accusée est en droit d'attendre de la part d'un juge qui a un rôle actif et est tenu de participer activement à la recherche de la Vérité en prenant, d'office au besoin, tout acte ou initiative nécessaire pour faciliter cette recherche de la Vérité afin d'éclairer la conscience des magistrats. C'est ainsi qu'est définie dans de nombreux textes de droit, la mission du juge pénal.
Ainsi donc, le Président de la Chambre d'Assises des CAE a un pouvoir discrétionnaire qui lui est propre, qui ne relève que de sa conscience et qui l'investit du pouvoir d'exécuter personnellement ou de faire exécuter toutes les mesures d'instruction et vérifications qu 'il juge utiles pour favoriser la manifestation de la vérité. La loi charge son honneur et sa conscience d'employer tous ses efforts pour cette mission.
En 23 jours de procès, peut-on dire objectivement que le Président Kam et son équipe sont sur ce chemin de la recherche de la vérité et ont déployé les moyens que la loi leur confère pour agir dans ce sens?
Le spectacle quotidien, dans cette salle du palais de justice où chaque partie joue un rôle déjà défini et convenu à l'avance, est bien loin de ces grands principes juridiques.
Un calendrier d'accusation dans lequel ne figure aucun témoin à décharge a, pourtant, été cautionné par toutes les parties qui ont, par leur acceptation d'une telle anomalie et violation des règles qui encadrent une procédure pénale, fait basculer ce procès dans une absurdité totale, ruiner leur crédibilité, violer le serment tenu dans la recherche de la vérité des faits.
Lors des compétitions électorales, on dit souvent que la vérité sortira des urnes mais ce n'est qu'un voeu, les urnes peuvent être bourrées et aujourd'hui, la fraude informatique impose la vérité choisie par ceux qui la mettent en marche.
23 jours de procès durant lesquels, les accusateurs veulent imposer leur vérité quotidiennement. C'est le scénario convenu et ils comptent sur la Cour pour leur donner raison. Chose étonnante et observée quotidiennement, c'est le refus des plaignants d'accepter une remise en cause de leur histoire, de leur part de vérité. Pourquoi? Cette part de vérité serait-elle si fragile, qu'il suffirait de quelques questions pour en venir à bout?
Tout le public aura relevé que leur part de vérité est si changeante; sur leur propre personne, sur leurs faits eux-mêmes, sur les circonstances réelles des évènements. Plusieurs, d'entre eux, rejetteront certaines accusations faites sur procès-verbal dûment signé par leurs propres soins et faites sous serment devant les juges d'instruction. Dés lors, face à ces revirements, quelle certitude peut-on avoir que cette fois-ci, la vérité est dite ou alors chose plus grave, les PV auraient-ils été surchargés volontairement par d'autres mains, histoire d'amplifier les faits? L'expert canadien a bien souligné que des annotations postérieures sur certains documents, avaient bien été rajoutées.
L'énervement, la position d'opposition, de refus de répondre aux questions simples face aux avocats d'office, démontre un refus du jeu judiciaire tel qu'il se présente à eux. Plusieurs de ces personnes ont reçu des garanties des ONG que le montage de leurs histoires ne sera pas remis en cause; aussi, sont-elles totalement braquées dés la moindre question. Leur prise en main totale, leur encadrement par les ONG, la tenue de plusieurs réunions pour peaufiner leur histoire, pour aussi les préparer, les rassurer sur les bonnes dispositions de la Cour à leur égard, sont autant de stress qui expliquent leur fragilité, leur angoisse de trébucher sur des précisions qui risquent de faire écrouler l'édifice de mensonges et de faux documents établis par l'équipe de Reed Brody.
Face à cette réalité judiciaire quotidienne où les juges ne peuvent ni vérifier la réalité des faits, ni la situation des plaignants qui, dans tous les cas de figure, se présentent comme n'ayant jamais rien fait, ni rien à se reprocher, comment alors juger ? On comprend aujourd'hui, que les juges de la Chambre d'Instruction ont trahi leur mission et ont posé les jalons d'une mascarade judiciaire, en ayant totalement abdiqué devant leurs obligations d'enquête à charge et à décharge. Chacun peut réaliser que la phase du jugement actuellement dépend largement du travail d'enquête devant être obligatoirement fait, en amont par les juges de la Chambre d'Instruction des CAE. Ainsi dans la salle, face aux pseudo témoins, en fait, témoins à charge, les juges et avocats ne leur opposent que leurs PV d'audition tenus devant les juges d'instruction. Aucun autre élément d'enquête comme d'autres dépositions d'officiers militaires, de responsables politiques, d'agents de la DDS n'a été recherché pour apporter des éléments dans la recherche et la manifestation de la Vérité.
Autre chose, quotidiennement dans ces audiences, on découvre l'incroyable manipulation au sujet des archives de la DDS, soi - disant découvertes 10 ans après le départ du Président Habré, et que les CAE ont annoncé avoir récupérées et transférées à Dakar pour les besoins du procès. Dés lors, comment expliquer que ces archives tenues par les services ne parlent pas, ne sont citées par personne comme pièces de fond d'un dossier. Comment se fait-il qu'à aucun moment, on ne puisse s'appuyer sur les contenus de ces archives qui peuvent être constitués de nombreux documents: comme des fiches de renseignements sur l'activité de personnes contre le régime, des PV d'interrogatoires nous auraient permis de savoir ce qu'on reprochait aux personnes arrêtées et de découvrir ainsi leur histoire si elle est telle qu'ils la déroulent aujourd'hui, plus nuancée ou plus grave.
Ainsi donc, aucune archive de la DDS n'a pu être exploitée pour nous informer parce que tout simplement, leur existence relève d'une désinformation de HRW, organisation bien rodée à cet exercice et déjà plusieurs fois, mise sur la sellette pour des pratiques similaires; ou bien, ces archives sont accablantes pour les personnes arrêtées qui sont donc, loin d'être innocentes, leur contenu dévoilé détruirait l'image de personnes présentées comme des victimes et confortablement installées dans un scénario d'accusation.
Alors, faute d'archives réelles de la DDS pour aider à la recherche de la vérité, la solution aurait dû être dans l'audition des responsables et agents de la DDS eux-mêmes. Et là, Idriss DEBY s'est dressé comme un rempart pour empêcher les juges d'instruction d'accéder à ces agents. Les juges ont émis des mandats d’arrêt, les ont inculpés, mais Idriss DEBY a catégoriquement refusé de les transférer. Il a aussi refusé que les juges les auditionnent directement, s'est également opposé à leur audition par visioconférence. Alors, comment juger? Comment rechercher la Vérité?
On reste ébahi et choqué par l'absence d'interrogations des juges face à cette attitude très suspecte d'Idriss DEBY. En toute logique, un lien fort existe entre les agents et responsables de la DDS et Idriss Deby et la conséquence immédiate qui devrait en découler, est le questionnement des personnes qui ont fait l'objet d'arrestation sur Idriss Deby; l'ont-elles vu? Ont-elles entendu parlé de lui, si oui que faisait-il ? Quels étaient ses rapports avec les agents et responsables de la DDS? Idriss DEBY chargé des questions de défense et de sécurité à la Présidence était-il leur principal et premier interlocuteur?
Toutes ces questions fondamentales sont esquivées par l'ensemble des parties prenantes à ce pseudo-procès qui se sont toutes accordées autour d'un modus operandi à savoir qu'Idriss DEBY, principal bailleur de fonds de ce procès, doit être le grand absent de cette procédure, ne jamais l'évoquer, ne jamais le citer. Comment alors juger? Comment rechercher la Vérité quand les juges eux-mêmes dressent des barrières sur le chemin de cette vérité.
Comment comprendre cette justice des CAE quand ses juges refusent de voir toutes les actions en pleine lumière?
Que connaissent-ils du Tchad, de ses problèmes, de ses guerres, de ce que les populations tchadiennes ont vécu, de leur souffrance, de la perte de leurs enfants, époux, frères, pères? Que savent-ils des plus de 2000 jeunes filles tchadiennes arrachées à leurs familles et emmenées par leurs propres frères tchadiens, en Libye pour peupler les harems et disparues à jamais?
La réalité est beaucoup plus complexe que les schémas de falsification et d'intoxication de HRW pour arriver à satisfaire son obsession. Les responsables Hadjaraï, Zaghawa, et arabes n'ont jamais cessé de faire partie de l'équipe gouvernementale du Président Habré malgré le fait que certains d'entre eux, à différentes périodes, aient été manipulés par les autorités françaises et libyennes qui n'ont jamais cessé de chercher ensemble un successeur au Président Habré. Khaddafi meurtri par sa cuisante défaite historique et Mitterand qui ne voulait, en aucun cas, accepter un régime nationaliste s'installer pour longtemps au sein de la Françafrique, n'ont ménagé aucun effort pour entraver les actions menées par le Président Habré. Les différents services; action de la DGSE, service des RG sur le terrain social, politique, militaire et médiatique (Idriss DEBY au Soudan en compagnie des officiers français de la DGSE lors de la guerre pour renverser le pouvoir de Habré, disait que RFI était le secteur 7 de la rébellion) ont déployé toutes leurs ficelles pour diviser les Tchadiens, les manipuler et aggraver tous les problèmes qui se posaient au régime. L'objectif assigné à tous les mercenaires, membres d'une coalition hétéroclite - anciens du GUNT, aventuriers, militaires soudanais - était de faire partir le Président Habré et non pas d’apporter un changement quelconque au pays. 25 ans après, les faits sont là et si les Tchadiens étaient libres, on aurait entendu leur cri de désespoir jusque dans cette salle d’audience dans laquelle ils seraient entrer et auraient alors entendu le Président Gustave Kam GBERDOA dire de sa voix tranquille :
« Merci d'être venus participer, nous ne recherchons pas la Vérité! »
Mme Fatimé Raymonne Habré.