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Procès Thiantacounes : Comment Ababacar Diagne a été tué de quatre coups de feu


Rédigé par leral.net le Mercredi 24 Avril 2019 à 12:23 | | 0 commentaire(s)|

Procès Thiantacounes : Comment Ababacar Diagne a été tué de quatre coups de feu

Tout a commencé avec l’arrivée de Bara Sow, avec un groupe de talibés, dans le domicile de Cheikh Béthio. Un talibé au comportement anticonformiste, qui a été déclaré «persona non grata» au domicile du guide des Thiantacounes, au motif qu’il profère à tout-va des insanités sur le guide Cheikh Béthio. Des écarts de comportement qui lui ont valu d’être condamné, suite à un procès enclenché par Cheikh Béthio. Selon son frère, Bara Sow ne jouirait pas de toutes ses facultés mentales.
C’est Demba Kébé qui a sommé les talibés d’attaquer Bara Sow

Seulement, à la veille de la fête de l’indépendance, il avait bénéficié d’une grâce présidentielle et a décidé de se présenter au domicile de son guide, quelques jours plus tard. Une fois à Madinatoul Salam, il a envoyé un émissaire auprès de Cheikh Béthio pour annoncer son arrivée. Mais, c’était sans compter avec les talibés, qui avaient reçu l’ordre de leur guide de le virer illico presto. Une tentative de le chasser du domicile du guide des Thiantacounes à l’origine d’une bataille rangée entre talibés, qui a viré au drame. Selon la déclaration de Abdoulaye Diagne, dans l’ordonnance de renvoi, c’est Demba Kébé qui a sommé les talibés d’attaquer Bara Sow. C’est ainsi qu’il a été pris à parti avant d’être torturé. «Il avait perdu beaucoup de sang», fait-il remarquer. Leur forfait accompli, ils se sont mis à scander «commandos». De l’avis des accusés, ce terme renvoie à la bravoure des talibés dans les différentes tâches confiées par le marabout.
 
Khadim Seck, l’auteur du coup de feu !

Lors de cette altercation, trois coups de feu ont été tirés et c’est au quatrième que Ababacar Diagne s’est affalé, en rendant grâce à Cheikh Béthio. «Dieureudieuf Serigne Béthio», avait-il lancé, selon Abdoulaye Diagne. Diaby Tandian, de son côté, est persuadé que l’auteur des coups de feu n’est personne d’autre que Khadim Seck. Une déclaration confirmée par Maguette Niassy, ainsi que plusieurs autres témoins. Cependant, au courant de ce vacarme, Béthio a voulu s’enquérir de la situation, mais, il a vite été dissuadé.

A l’en croire, il n’a pas été surpris par la mort de Bara Sow, eu égard aux propos désobligeants qu’il profère à l’endroit de son vénéré guide religieux. Cependant, informé de ce qui s’est passé, Cheikh Béthio, dit-il, n’a pas voulu sortir, car, son degré de spiritualité ne lui permettait pas de voir du sang.

 Pour autant, il a poursuivi sa visite aux alentours du village pour vérifier l’attribution des parcelles. Concernant les armes, entendu une première fois, Béthio avait révélé qu’il ne possédait que deux armes à feu avec des autorisations. Cependant, réentendu une quatrième fois, il finit par admettre qu’il avait quatre armes à feu et avait confié l’une à Khadim Seck pour surveiller ses bœufs. Poursuivant, il avait dénoncé le fait que Bara Sow soit remis en liberté provisoire, avant de faire remarquer à ses talibés qu’ils étaient en posture de légitime défense contre les attaques de Bara Sow et son groupe.
 
 L’auteur du coup de feu, Khadim Seck, avait dans un premier temps contesté les faits à l’enquête préliminaire. En effet, il avait indiqué qu’il était absent, car au chevet de son frère malade à Dakar. Une version qui n’a pas résisté devant la perspicacité des juges, en plus d’être formellement identifié comme l’auteur des coups de feu.

Réentendu, il finit par admettre que Cheikh Béthio a mis à sa disposition une carabine à l’approche des élections de 2012. Il reconnait aussi avoir tiré trois coups avant que le quatrième ne soit fatal à Ababacar Diagne. C’est seulement à la suite de ce forfait qu’il a rejoint Dakar et n’a pas assisté à l’enterrement des cadavres.
 
De Moussa Ciss pour Les_Echos