QUAND LE PREMIER MINISTRE DEVIENT OPPOSANT INTERNE

L’émission « Panel Hebdo » diffusée le 15 novembre 2025 sur Global Africa Telesud a mis en lumière la crise politique croissante entre le Premier ministre Ousmane Sonko et le président Bassirou Diomaye Faye, qui secoue l’exécutif sénégalais depuis le gigantesque meeting organisé par Sonko à Dakar le 8 novembre, rassemblant selon certains calculs jusqu’à 271 000 personnes venus de tout le pays. Cette démonstration de force, baptisée « terra meeting », a été perçue par les analystes comme une volonté de Sonko d’affirmer sa légitimité populaire face à celle, constitutionnelle, du chef de l’État.​

Le panel d’experts de Global Africa Telesud analyse que cette prise de distance publique du Premier ministre, couplée à ses critiques explicites envers la gestion présidentielle, marque une évolution inédite : Sonko semble assumer le rôle d’« opposant interne » au sein même de l’exécutif. Selon l’émission, son attitude d’« électron libre » et de contestation ouverte témoigne d’une rupture du respect institutionnel entre les deux têtes de l’État, compromettant la stabilité politique sénégalaise.​

Les éléments de discorde se manifestent aussi du côté de la coalition présidentielle Diomaye, où la nomination récente d’Aminata Touré comme superviseure générale en remplacement d’Aïssata Mbodj a mis le feu aux poudres. Sonko, anticipant l’évolution, avait pris ses distances en calomniant l’action présidentielle lors de son meeting. Selon les chroniqueurs, cette rivalité s’inscrit dans une stratégie de tension permanente, Sonko cherchant à imposer sa vision, quitte à déstabiliser l’attelage présidentiel.​

Les implications institutionnelles sont majeures : plusieurs invités pointent un possible scénario de rupture, le président Faye pouvant démettre Sonko par décret, ce que ce dernier refuse catégoriquement. Les experts rappellent que cette dynamique rappelle d’autres duos conflictuels vus ailleurs, mais la situation sénégalaise reste marquée par une dichotomie entre autorité constitutionnelle et popularité mobilisatrice. En filigrane, la crise ravive le débat sur la légitimité des institutions et la maturité démocratique du Sénégal, longtemps célébrée pour son pacifisme politique.​

Sur le plan économique et social, les débats insistent sur la nécessité d’une sortie de crise rapide : la situation financière du pays s’aggrave (baisse de la notation, détresse sociale, bourses bloquées, inondations persistantes), et les analystes s’interrogent sur la volonté réelle du tandem exécutif de gouverner efficacement. Ils soulignent que la population attendrait des réponses concrètes, alors que la crise détourne l’attention de l’essentiel.​

Enfin, l’émission de Global Africa Telesud constate que les espoirs pour une médiation sont minces. L’absence d’un « comité des sages » pour arbitrer les conflits est déplorée, alors que la tentation du recours à l’armée est évoquée par certains invités, tout en rappelant la solidité républicaine du pays et son passé de résolution des crises sans intervention militaire.