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REAGIR : Trois proches du ministre Ndong Obiang inculpés pour occupation illégale et violences

Rédigé par leral.net le Vendredi 27 Juin 2025 à 13:43 | | 0 commentaire(s)|

À la suite d'une plainte déposée par M. Félix Bongo, concernant l'occupation illégale du siège de sa société par un groupe dirigé par MM. François Ndong Obiang et Persis Lionel Essono Ondo, la justice a ouvert une enquête. Laquelle a, selon les informations, abouti à l'inculpation, de MM. Bruno Ondo Mintsa, Fabrice Ekomo Ossazeh et Denard Ovono alias Wayne, par le procureur de la République.
Le mercredi 25 juin 2025, en effet, le Tribunal de grande instance de Libreville a infligé une (...)

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À la suite d'une plainte déposée par M. Félix Bongo concernant l'occupation illégale du siège de sa société par un groupe dirigé par MM. François Ndong Obiang et Persis Lionel Essono Ondo, la justice a ouvert une enquête. Laquelle a, selon les informations, abouti à l'inculpation, de MM. Bruno Ondo Mintsa, Fabrice Ekomo Ossazeh et Denard Ovono alias Wayne, par le procureur de la République.

Le mercredi 25 juin, en effet, le tribunal de grande instance de Libreville a infligé une sanction pénale à ces trois amis politiques du ministre en charge de la Réforme des Institutions, pour "menaces et voies de fait". Renvoyés devant le tribunal correctionnel, le mardi 1er juillet prochain, ils ont toutefois été laissés en liberté provisoire.

Retour sur une curieuse affaire au confluent de la politique et de la délinquance ordinaire.

Janvier/février 2024, le parti RÉAGIR, déjà secoué par des divergences internes au niveau de sa gouvernance, doit également faire face à de sérieuses tensions de trésorerie. Les factures s'accumulent, et la propriétaire des locaux qui servent de siège au parti, dans le quartier des Bas de Gué-Gué, décide de résilier le bail. C'est alors qu'intervient M. Félix Bongo, chef d'entreprise, mais également Vice-président de RÉAGIR. Il solde les arriérés et signe le contrat de bail à son nom.

Désormais locataire des lieux, il concède gracieusement une partie des bureaux à RÉAGIR. Mais les divergences politiques au sein du parti couvent toujours et prennent même de l'ampleur. MM. François Ndong Obiang, "le président statutaire" et Persis Lionel Essono Ondo, l'intérimaire qu'il a nommé, sont exclus. Mais les deux contestent cette sanction et saisissent la Justice qui va les renvoyer à l'arbitrage des organes qualifiés du parti. C'est alors qu'accompagnés d'un groupe de leurs partisans, ils tentent de prendre d'assaut le siège du parti. Nous sommes le 27 octobre 2024. La scène fait le tour des réseaux sociaux. Tels des badauds, ils sont filmés devant le portail qu'ils ont forcé en vain.

Mais quelques semaines plus tard, ils réussissent leur intrusion violente, s'installent et changent les serrures. Informé de la situation, M. Bongo saisit la Police judiciaire.
Après plusieurs mois d'enquête et d'interrogatoires, la Justice a finalement fait droit à la victime. N'ayant pas pu entrer en contact avec M. Bruno Ondo Mintsa - récemment nommé Conseiller du ministre Ndong Obiang - pour avoir sa version des faits, notre rédaction pu s'entretenir brièvement avec M. Ovono qui a dit ne pas vouloir s'exprimer sans l'accord de son avocat.

Quant au plaignant, M. Félix Bongo, il a déclaré ne nourrir aucune rancune contre qui que ce soit. « Pour moi, c'est une simple question de principe. Je veux récupérer des locaux pour lesquels je paie un loyer, et je n'entends pas me laisser spolier par des occupants illégaux qui, en plus, semblent narguer tout le monde. » Et M. Bongo de poursuivre : "Je veux juste que mes droits soient respectés. Il n'y a pas de considérations personnelles dans cette affaire. La preuve, devant M. le procureur, mon ami Bruno Ondo Mintsa a déclaré que je suis son frère. Il est même allé jusqu'à dire qu'en 2022, j'avais payé son billet pour qu'il rentre au Gabon. J'avoue que ça m'a un peu gêné qu'il le sorte en public. Dans tous les cas, la justice doit faire son travail."

Curieusement, le 21 juin 2025, alors que se préparait l'audience relative à la plainte de M. Bongo, M. François Ndong Obiang organisait un meeting politique sur le site occupé illégalement, y installant un comité communal. A cette occasion, il a rendu hommage à son ami et conseiller Bruno Ondo Mintsa, dont les "propos spirituels" ont été repris dans son discours.

« C'est avec les hommes tombés de l'autre côté que nous avancerons pour libérer le Gabon », a rappelé M. Ndong Obiang.

Au demeurant, cette affaire soulève plusieurs interrogations. Par exemple le fait que M. François Ndong Obiang soit à la fois ministre en exercice et président de parti politique. Plus grave : il est maintenu au gouvernement alors qu'il est poursuivi pénalement. Une singularité propre à la Cinquième République.

En écho, cette situation résonne de manière particulière : alors que l'État procède à des déguerpissements de citoyens installés sur des espaces publics, certains occupent illégalement des locaux privés sans conséquence apparente. Pour le moment...

RDB



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/justice/article/...