leral.net | S'informer en temps réel

Rapport 2024 du GIABA : Une réponse aux conséquences dévastatrices de la criminalité économique et financière

Le Groupe intergouvernement d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), via une Session annuelle d’information des Ambassadeurs des Etats membres et des partenaires techniques et financiers a présenté son rapport annuel 2024. Il a été relevé que le paysage des risques pour le blanchiment d'argent (BC), le financement du terrorisme (FT) et le financement de la prolifération (PF) en Afrique de l'Ouest est resté très préoccupant tout au long de 2024 et au premier semestre 2025. La région est confrontée à une confluence d'escalade de la violence cinétique, de profonde fragmentation géopolitique et d'évolution rapide de la criminalité financière fondée sur la technologie.


Rédigé par leral.net le Mardi 26 Août 2025 à 18:43 | | 0 commentaire(s)|

Rapport 2024 du GIABA : Une réponse aux conséquences dévastatrices de la criminalité économique et financière
Le Directeur général de Giaba, Edwin W. Harris Jr a rappelé que l’un de ses engagements forts lors de sa prise de fonctions est de préserver cette importante relation de partage des activités annuelles avec les communautés. Fidèle à cet engagement, c’est la troisième fois qu’il organise cet événement en sa qualité de Directeur Général du GIABA. Il a indiqué que le GIABA est une institution spécialisée de la CEDEAO, ainsi que l’Organe Régional de Type GAFI (ORTG) pour l’Afrique de l’Ouest.

Ainsi, pour donner une réponse aux conséquences dévastatrices de la criminalité économique et financière, les autorités de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont créé en l’an 2000 le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) comme une démonstration claire de leur volonté politique de relever ces défis dans la région et de soutenir la lutte mondiale contre ces fléaux.

D’après lui, la mission principale du GIABA est concevoir des actions visant à protéger les économies des États membres contre les abus et le blanchiment du produit du crime, et de renforcer la coopération entre ses États membres. Et, le GIABA, insiste-t-il, est un Organe Régional de Type Groupe d’Action Financière (ORTG), chargé d’évaluer la conformité des États membres aux normes internationalement, admises de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).

Depuis sa création, rappelle-t-on, le GIABA a pris des mesures concrètes afin de promouvoir la mise en œuvre de mesures de LBC/FT au sein de ses États membres, notamment en soutenant la promulgation et le renforcement du cadre juridique et réglementaire de LBC/FT ; l’élaboration de stratégies nationales de LBC/FT ; la coordination nationale par la mise en place de comités interministériels de LBC/FT ; la création et le renforcement de cellules nationales de traitement des informations financières (CENTIF) ; et le renforcement des capacités des autorités compétentes et d’autres agences essentielles impliquées dans la mise en œuvre des lois et de politiques de LBC/FT, à travers la formation, le mentorat et la délivrance d’équipements.

Ailleurs, le GIABA a entrepris plusieurs recherches et études de typologies, notamment les rapports sur le trafic d’armes légères et de petit calibre (ALPC) ; le blanchiment de capitaux et les insurrections, l’Étude sur la fraude fiscale et le blanchiment de capitaux en Afrique de l’Ouest et bien d’autres. « Le GIABA a conclu son 2nd cycle des évaluations mutuelles de ses États membres. Nos États membres se trouvent à différents niveaux de conformité, et nous les encourageons à prendre les mesures nécessaires pour solliciter une réévaluation de la notation de leur conformité technique, ainsi que d’autres étapes préparatoires, au moment où nous entamons le troisième cycle des évaluations mutuelles », a relevé le Directeur général de GIABA.

Le représentant des Doyens des Ambassadeurs de la Cedeao et Ambassadeur du Cap vert se félicite de tout ce que GIABA a fait durant ces 25 ans. Il s’agit-dit-t-il, des années de succès dans la lutte contre le blanchiment de capitaux. « Le travail est important s’il fait l’objet d’une grande diffusion. On ne peut développer nos pays si on n’insiste pas sur la manière de lutter contre le blanchiment de capitaux. Nous devons poursuivre la lutte contre la criminalité financière à laquelle, les journalistes doivent avoir un rôle important à jouer », professe-t-il.

Directrice du Centre de la Cedeao pour le développement du genre, Mme Béatrice reconnaît que le Giaba continue à jouer un rôle important dans la sauvegarde. Les femmes et groupes vulnérable paient le prix fort de ces crimes financiers. Et, le fait d’offrir des opportunités aux femmes permet de stabiliser l’économie des pays membres.

Sur ce, il a été exhorté à une spécialisation pour avoir un tribunal dédié ou des juges dédiés. La spécialisation, retient-on, est essentielle. Mais, les preuves sont difficiles à trouver.

A retenir, le paysage des risques pour le blanchiment d'argent (BC), le financement du terrorisme (FT) et le financement de la prolifération (PF) en Afrique de l'Ouest est resté très préoccupant tout au long de 2024 et au premier semestre 2025. La région est confrontée à une confluence d'escalade de la violence cinétique, de profonde fragmentation géopolitique et d'évolution rapide de la criminalité financière fondée sur la technologie.
Cette convergence, découvre-t-on, a amplifié les vulnérabilités existantes et créé de nouveaux défis complexes pour les États membres du Groupe d'action intergouvernemental contre le blanchiment de capitaux en Afrique de l'Ouest (GIABA).

Banditisme organisé et milices communautaires

La situation en matière de sécurité, en particulier dans les États du Sahel central du Burkina Faso, du Mali et du Niger, a atteint un point critique. Les données de 2024 montrent que ces pays, ainsi que le Nigeria, ont causé plus de 23 000 décès liés aux conflits. Cette violence, menée par des affiliés d'Al-Qaïda et de l'État islamique, ainsi que par le banditisme organisé et les milices communautaires, n'est plus contenue. Elle se propage activement dans les États côtiers, le nord du Bénin et du Togo connaissant une augmentation notable des attaques, modifiant fondamentalement leurs profils de risque.

À la crise sécuritaire s'ajoute une impasse politique sans précédent. Le retrait officiel du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en janvier 2025 et la consolidation de leur Alliance des États du Sahel (AES) ont fracturé l'architecture régionale de coopération.

Cette division politique compromet gravement les mécanismes collectifs de partage de renseignements, d'application transfrontalière de la loi et d'harmonisation juridique qui sont le fondement d'un cadre régional efficace de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Les acteurs illicites opèrent désormais dans un environnement transfrontalier moins cohérent et plus permissif.
Les infractions sous-jacentes générant des flux financiers illicites (FFI) ont gagné en ampleur et en sophistication. Le trafic de stupéfiants, en particulier de cocaïne en provenance d'Amérique latine, reste l'une des principales sources de richesses illicites, les saisies indiquant des routes terrestres et maritimes de plus en plus actives.

Exploitation illicite des ressources naturelles

L'exploitation illicite des ressources naturelles, en particulier l'extraction artisanale de l'or dans les zones de conflit, constitue une source de revenus directe et substantielle pour les organisations extrémistes violentes.
Les enlèvements contre rançon sont devenus une industrie criminelle structurée, tandis que la frontière numérique a ouvert de nouvelles voies à la criminalité. Un rapport d'INTERPOL de 2025 met en évidence une forte augmentation de la cybercriminalité en Afrique, des syndicats ouest-africains orchestrant des stratagèmes de compromission de courrier électronique professionnel (BEC) de plusieurs millions de dollars, des fraudes à l'investissement et d'autres escroqueries en ligne.

Face à l'évolution de ces menaces, les méthodes de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme se transforment également. Alors que les systèmes de transfert d'argent liquide et de valeurs informels restent dominants, l'utilisation abusive des plateformes d'argent mobile et des actifs virtuels (AV) est une préoccupation de plus en plus importante. Des États membres comme le Nigeria et le Ghana ont pris des mesures louables en 2025 pour établir des cadres réglementaires pour les fournisseurs de services d'actifs virtuels (VASP).

Cependant, une « fracture numérique » importante en matière de capacité de réglementation et d'application de la loi persiste dans la région, créant des vulnérabilités qui peuvent être exploitées par le biais de l'arbitrage réglementaire. La mise en œuvre de nouvelles normes mondiales, telles que la Recommandation 16 révisée du Groupe d'action financière (GAFI) sur la transparence des paiements, qui devrait entrer en vigueur en 2030, représente un autre défi de taille pour les institutions financières de la région.

Ce rapport fournit une évaluation fondée sur des données de ces risques interconnectés. Il analyse le contexte sécuritaire et économique, détaille les principales infractions sous-jacentes, examine l'évolution des typologies de BC/FT et examine l'état actuel de la conformité LBC/FT dans les États membres du GIABA. Il se termine par une perspective stratégique et un ensemble de recommandations ciblées à l'intention des États membres, du Secrétariat du GIABA et des partenaires internationaux pour naviguer dans cet environnement de risque complexe et en détérioration.

Ousseynou Wade