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Rencontre Mohammed ben Salman-Donald Trump: Israël et Iran, deux sujets de divergence entre alliés

Rédigé par leral.net le Mardi 18 Novembre 2025 à 11:44 | | 0 commentaire(s)|

À l'occasion de sa première visite officielle aux États-Unis depuis sept ans, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman va être reçu par Donald Trump à la Maison Blanche, ce mardi 18 novembre 2025. Si les deux dirigeants devraient une nouvelle fois en profiter pour afficher leur proximité, la rencontre pourrait aussi être l'occasion de confronter leurs visions d'un Moyen-Orient en pleine recomposition. Pour l'Arabie saoudite, seul un règlement de la question palestinienne peut ouvrir la voie à une normalisation avec Israël.


Rencontre Mohammed ben Salman-Donald Trump: Israël et Iran, deux sujets de divergence entre alliés
Un pacte de défense américano-saoudien et un programme nucléaire civil soutenu par Washington : voilà ce que Mohammed ben Salman, dirigeant de facto du royaume saoudien, espère obtenir de sa visite aux États-Unis. C'est la première visite du prince héritier d'Arabie saoudite à Washington depuis 2018, l'année de l'assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi. Mais qu'il semble loin le temps où la mort violente de cet intellectuel saoudien qui critiquait ouvertement le pouvoir de Riyad, faisait de Mohammed ben Salman un dirigeant peu fréquentable.

L'Arabie saoudite voit en Israël « la déstabilisation de toute la région » du Moyen-Orient
« MBS », comme on le surnomme, est redevenu l'un des alliés incontournables des Occidentaux. Incontournable notamment dans un Moyen-Orient plongé dans le chaos depuis le 7 octobre 2023 et l'attaque terroriste du Hamas en Israël qui a déclenché une guerre sanglante à Gaza. Ainsi, c'est avec l'Arabie saoudite que la France a bâti cette année, son initiative visant à relancer la solution de paix à deux États. Et c'est aussi avec l'Arabie saoudite que Donald Trump rêve de parachever les accords d'Abraham qui, en 2020, ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, normaliser leurs relations avec Israël.

Longtemps, Riyad a posé la condition d'un « chemin clair vers un État palestinien », pour envisager une normalisation avec l'État hébreu. Désormais, le royaume exclut tout rapprochement avec Israël si ce dernier continue d'empêcher la création d'un État palestinien indépendant. « Quand, aujourd'hui, l'Arabie saoudite regarde Israël, elle ne voit pas seulement la guerre à Gaza et l'occupation de la Cisjordanie, elle voit aussi la déstabilisation de toute la région », note le chercheur français Xavier Guignard, actuellement invité à l'Académie diplomatique saoudienne de Riyad (Prince Saud al Faisal Institute for Diplomatic Studies).

« Je ne pense pas qu'aujourd'hui, Donald Trump soit en mesure de faire plier MBS sur la question de la normalisation du royaume avec Israël », poursuit le spécialiste joint par RFI dans la capitale saoudienne. Un refus définitif ? Pas forcément, selon Xavier Guignard car « ''MBS'' ne veut pas offrir à (Benyamin) Netanyahu, une victoire symbolique : il espère le voir perdre les élections israéliennes de 2026 ».

Sur la place régionale de l'Iran, les visions de Donald Trump et de Mohammed ben Salman diffèrent également. La République islamique a subi de multiples revers ces derniers mois : bombardée par Israël et les États-Unis, elle a aussi souffert de la chute du régime syrien de Bachar el-Assad et de l'affaiblissement du Hezbollah libanais, défait militairement par les bombardements israéliens.

D'après Xavier Guignard, le prince héritier saoudien arrive à Washington, porteur d'une proposition de médiation entre l'Iran et les États-Unis. Téhéran et Riyad ont en effet entamé un rapprochement ces dernières années, après une période de franche hostilité. Désormais, « l'Arabie saoudite souhaite à tout prix, éviter une déstabilisation de l'Iran », analyse le chercheur. Une perspective qui s'oppose totalement à celle de l'autre grand allié des États-Unis dans la région, puisqu'Israël ne verrait pas d'un mauvais œil, l'effondrement complet de la République islamique.

Sur la question syrienne, Donald Trump pourrait aussi devoir jouer les équilibristes entre ses alliés saoudiens et israéliens. Selon Xavier Guignard, « l'Arabie saoudite s'investit énormément, sans limite à ses efforts, pour tenter de remettre sur pied la Syrie », désormais dirigée par des islamistes sunnites, après la chute de Bachar el-Assad. Une priorité saoudienne largement contrariée par les raids israéliens en territoire syrien, qui ont ponctué l'année écoulée.

Ces dossiers iront-ils jusqu'à jeter une ombre sur l'entente que Mohammed ben Salman et Donald Trump aiment afficher ? Cette année, l'Arabie saoudite a offert un accueil somptueux au président américain, accueilli au printemps dans le royaume, avec des promesses d'investissement de 600 milliards de dollars aux États-Unis.




RFI