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Renégociation de la licence de tigo, contentieux avec arcelor mittal... Errement d'un Etat peu féroce en affaires

Quand l’Etat se laisse dribler Ça négocie très mal du côté des autorités. Sur plusieurs dossiers à enjeux financiers énormes, l’Etat du Sénégal s’est fait gruger, selon des experts. Là où il était possible de tirer des centaines de milliards avec la renégociation de la licence de Tigo, le contentieux avec Arcelor Mittal ou encore les licences de pêche avec l’Ue, l’équipe de Macky ne ramène que des miettes ou de la poussière. Que de milliards perdus ! Le manque à gagner pour l’Etat du Sénégal dans l’arrangement conclu avec le groupe sidérurgique Arcelor Mittal est la face visible de l’iceberg.


Rédigé par leral.net le Mercredi 25 Juin 2014 à 22:00 | | 1 commentaire(s)|

Renégociation de la licence de tigo, contentieux avec arcelor mittal... Errement d'un Etat peu féroce en affaires
Sur plusieurs autres dossiers très lucratifs, le régime actuel a montré de très mauvaises capacités de négociations. A son arrivée au pouvoir, le président Sall, qui avait hérité du contentieux entre l’Etat du Sénégal et la multinationale Millicom international Cellular concernant la licence de l’opérateur de téléphonie mobile Tigo, a jugé bon de trouver un accord à l’amiable très décrié par l’opposition parlementaire, notamment le député de l’opposition Me Ousmane Ngom. En effet, là où l’ancien Directeur des études et de la réglementation des postes et télécommunications, Cheikh Tidiane Ndiongue, évaluait, dans notre édition du 7 Avril dernier, la valeur de cette licence à 160 milliards de francs au minimum, le gouvernement a sauté sur les 53 milliards proposés par Tigo. Et cerise sur le gâteau, il offre à la filiale sénégalaise de la société luxembourgeoise une rallonge de 10 ans de sa licence de téléphonie mobile, devenue licence globale, alors qu’elle devait expirer en 2018. Nombre d’observateurs qui s’indignaient de cette mauvaise affaire, se montraient indulgents pensant que c’est juste une erreur de jeunesse de la part de la deuxième alternance. Mais Macky et ses hommes récidivent sur un autre contentieux laissé par Wade et qui devait rapporter gros au Trésor public sénégalais. Après avoir déchiré arbitrairement le contrat Kumba Resources Limited pour céder ensuite la mine de fer à Arcelor Mittal, l’Etat du Sénégal se voyait condamné à payer plusieurs milliards de francs Cfa à la société sud-africaine. Il espérerait gagner plus avec Arcelor Mittal. Mais, ce dernier n’ayant pas respecté ses engagements, il n’avait pas hésité, à son tour, à porter l’affaire devant les tribunaux. Et le groupe sidérurgique mondial finit par se faire condamner par la justice française. Un grand mérite pour un pays africain. Cependant, en lieu et place des 350 millions de dollars attendus, 168 milliards de francs Cfa, après cette condamnation, le gouvernement du Sénégal, sans doute craignant un long procès en appel, a jugé qu’un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès qui pourrait durer des années. Ainsi, les négociateurs sénégalais ont accepté de se contenter de 200 millions de dollars, soit 96 milliards de francs Cfa. «Aveu de faiblesse» Dans les récentes négociations de pêche avec l’Union européenne, on n’a pas également senti l’Etat stratège. Là aussi, ce sont les acteurs locaux qui se sont levés pour le très mauvais «deal» de Haydar El Ali. Qui, pour neuf milliards de francs Cfa, a donné à 36 navires européens le permis de racler nos océans pendant cinq ans. Un vrai bradage de nos ressources halieutiques pour le Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal. Les camarades de Saer Seck estiment même que la compensation financière réelle est de 1 million 144 euros par an pendant cinq ans contrairement à ce qu’affirme le ministre de la Pêche et des Affaires maritimes. D’autres exemples existent dans les secteurs miniers et maritimes qui révèlent que le Sénégal est loin d’être féroce en affaires. Pis, il ne dresse que ses fonctionnaires devant des pools d’avocats de ces multinationales. Interpellé, Abdoulaye Seck, Professeur d’économie à la Faculté des Sciences économiques et de gestion de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, explique ces ratés par la capacité de négociation très limitée de notre Etat. «Les multinationales sont souvent très puissantes et bien armées dans ces négociations alors qu’en face on a un gouvernement désespéré qui a un besoin urgent de la manne financière proposée», relève l’enseignant, soulignant que c’est cela qui réduit les gains que l’économie du pays pourrait faire dans ces dossiers. Il souligne, par ailleurs, que l’Etat du Sénégal fait un «aveu de faiblesse» et manque d’envoyer un signal fort aux autres investisseurs. «C’était l’occasion de montrer aux investisseurs qu’ils ont en face un Etat très sérieux sur le respect de ses droits et qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi et s’en tirer très facilement», explique Pr Seck. Qui signale que ces multinationales, qui sont en compétition partout dans le monde, n’ont pas souvent besoin de cette mauvaise publicité.
Walfadjiri

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