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Report d’échéance des crédits: Les banques sénégalaises vont afficher un manque à gagner de plus de 1300 Milliards de FCFA

Pour contrer les effets dévastateurs du Covid19 sur le tissu économique de l’espace Uemoa, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) a pris le taureau par les cornes. Elle est en train de soumettre les banques à une marche forcée. C’est ainsi que dès le 02 Avril, elle informait les banques et le public, que dans le cadre de la mise en place d’un accompagnement des entreprises qui rencontrent des difficultés pour rembourser leurs crédits, à cause de la crise liée au coronavirus, elle autorisait les établissements de crédits à classer les créances saines, ayant fait l’objet d’un report d’échéances du fait des effets de la pandémie du Covid-19, dans un compte spécifique à l’intérieur de la catégorie des créances saines et non dans celle des créances en souffrance.


Rédigé par leral.net le Jeudi 30 Avril 2020 à 03:02 | | 0 commentaire(s)|

Report d’échéance des crédits: Les banques sénégalaises vont afficher un manque à gagner de plus de 1300 Milliards de FCFA

Toutefois, malgré la batterie de mesures que l’institut d’émission a prise et continue de prendre, on a constaté sur le marché, une certaine lenteur des banques dans la mise en place des reports d’échéances de prêts des clients, liée à quelques incompréhensions et préoccupations.

Est-ce pour elles un problème de rythme pour suivre la cadence imprimée par la Bceao, qui répond aujourd’hui à toutes les attentes placées en elle ? Ou est-ce un refus voilé d’accorder des reports sans frais, car reporter une échéance, c’est une restructuration d’une dette financière et consiste donc pour l’institution de crédit, à renoncer momentanément à une rentrée de trésorerie (capital et intérêts) qui, vu son volume considérable, contribue aujourd’hui à affaiblir la liquidité monétaire en circulation, voire à l’assécher ? Frilosité habituelle des banques ? La question se pose.

Un petit calcul montre que c’est un manque à gagner de plus de 1300 Milliards de FCFA pour une suspension des paiements d’échéances de 3 mois au niveau des banques sénégalaises, et plus de 100 milliards pour les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD).

Autre zone d’ombre, est le modus operandi qui sera utilisé par les institutions de crédit pour recueillir et traiter les demandes de report de prêts. Dans le contexte de confinement, la demande à traiter « au cas par cas » pourrait davantage créer un afflux de clients dans les agences. Un « cas par cas » qui pourrait prendre beaucoup de temps et porter préjudice aux personnes impactées par le Covid-19 et qui ont « droit au report » à partir de ce fin de mois.

A quel dispositif en interne, les banques et SFD doivent -ils recourir pour allier urgence et efficacité, si l’on sait que près d’un 1/4 du portefeuille des banques et SFD (1 millions sur les 4 millions) est concerné par ces mesures de report ? L’ont-ils actuellement ?

Quoi qu’il en soit, Ahmadou Al Aminou Lô, directeur national de la Bceao Sénégal n’a pas tardé à réagir, en indiquant aux banques la conduite à tenir.

Dans un document transmis à l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (Apbef) et dont le journal de l’économie sénégalaise (Lejecos) a eu copie, M. Lô, note sur quatre points, le processus que doit suivre les banques dans le cadre de la mise en œuvre du dispositif d’accompagnement au Covid-19 mis en place par la Bceao.

Le premier point concerne la prise en compte des clients particuliers en plus des entreprises dans le dispositif d’accompagnement Covid-19. Sur cette question, M. Lô indique que la Bceao donne la possibilité aux établissements de crédits de l’Union, d’accorder le report des échéances aux prêts accordés aux salariés du secteur privé, ainsi qu’aux entreprises individuelles affectés par la crise sanitaire pour une durée de trois mois, renouvelable une seule fois. Toutefois, précise-t-il, les salariés qui continueront à percevoir l’intégralité de leurs revenus, devraient être exclus du bénéfice de cette mesure.

Le deuxième point concerne les modalités d’application de la mesure d’exonération de charges. Pour cela, Ahmadou Al Aminou Lô invite les établissements de crédit à accorder un report du capital et des intérêts dus à la date d’échéance. « Ce report ne constitue pas un abandon de la créance, ni en capital ni en intérêt. Il s’agit pour les établissements de crédit d’arrêter le cours des intérêts et d’attendre que leurs clients concernés reviennent à une meilleure fortune pour être en capacité de reprendre les remboursements. La Bceao veillera attentivement à ce que le report d’échéance ne génère pas de coûts supplémentaires en intérêts, frais ou pénalités de retard pour le client », indique le directeur national de la Bceao.

Dans le troisième point, le directeur national de la Bceao définit le périmètre des entreprises concernées par la mesure du report. Les entreprises concernées par les mesures de report sont seules les entreprises affectées par la pandémie. A cet égard, il revient aux établissements de crédit d’évaluer la situation de leurs clients entreprises qui sollicitent un report d’échéances, en s’appuyant notamment sur les informations relatives à leur secteur d’activités et à l’impact de la crise sur leur situation financière, renseigne M. Lô.

Enfin en quatrième point, il parle de la possibilité d’un refinancement systématique au guichet marginal pour toutes les facilités accordées dans le cadre du dispositif Covid-19. Sur ce point, la Bceao fait remarquer avoir déjà pris des mesures d’envergure pour l’accès des établissements de crédit à la liquidité, dans le cadre de l’atténuation des effets de la pandémie.

Cependant, les situations particulières pourraient être examinées par les services de l’institution d’émission. A cet égard, au cas où la situation de crise perdurerait et qu’un établissement de crédit ayant accordé des facilités de report d’échéance serait confronté à des contraintes d’accès aux guichets de refinancement de la Bceao, liées à la non disponibilité de collatéraux ou de saturation de sa quotité de refinancement, la Banque centrale pourrait au cas par cas, prendre les mesures qui s’imposent, détaille Ahmadou Al Aminou Lô.



Oumar Nourou
La rédaction

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