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Reportage sur les maisons closes à Dakar : oasis de bonheurs pour prostituées, faux séminaristes et conjoints (es) infidèles

Rédigé par leral.net le Jeudi 12 Janvier 2017 à 09:06 commentaire(s)|

Alors que beaucoup de jeunes peinent à trouver un emploi pour subvenir à leurs besoins primaires, le sexe à portée de tous semble être ce qui se commercialise le mieux à Dakar, capitale sénégalaise.

La prostitution dite «moderne ou civilisée» fait son apparition. Et a pris le dessus sur le racolage classique sur les trottoirs et les milieux interlopes. Les prostituées n'ont plus pignon sur rue, comme jadis. Tout comme les filles célibataires ne craignent plus d'avoir le visage lacéré ou ébouillanté par l’épouse légitime, en rôdant aux alentours d'époux infidèles.





C’est, désormais, dans de rutilantes voitures ou en taxis, qu’elles débarquent sur les lieux de rendez-vous. Il s’agit des maisons closes, qui, comme les salons de massage à dessein sexuel, ont fini de reléguer aux énièmes plans, les auberges. Échappant au contrôle de l’Etat et fréquentées par toutes les couches socioprofessionnelles, ces maisons sont devenues des «briseuses» de ménages.

 Et pour cause, ceux qui découchent, prétextant des séminaires en week-end, pour se tirer des griffes de leurs conjoints (es), se la coulent douce dans ces endroits. Il suffit de débourser le prix de la passe de la chambre et on est libre comme de l’air avec sa…compagne du moment dans un endroit calme et sûr.

 Le business est devenu si florissant qu’on y note l’arrivée des Chinois. Ces derniers achètent des bâtisses et mettent en marche leur commerce. Dans le cadre de ses reportages sociétaux, Actusen.com a fait une plongée dans un monde où le sexe, la drogue et l’alcool dictent leur loi. Reportage !

Un dimanche du mois de janvier à Dakar. Un vent frais et humide souffle sur la capitale. En cet hiver boréal, le port vestimentaire change, à tous points de vue. De jour comme de nuit, on enfile des pulls ou autres vestes pour se parer du froid. Les souhaits pour une année 2017 de paix et de santé, continuent d’affluer. Sur les réseaux sociaux comme de bouche à oreille. Les accolades sont également de la partie.

Mais au-delà de cette routine séculaire, la capitale sénégalaise est plutôt hantée par un nouveau phénomène : la prolifération des maisons closes où la prostitution déguisée fait des ravages. Où le conjoint, qui désire tromper son partenaire avec sa copine, vient se taper quelques moments d’ultra-plaisir. Et où des prostituées de luxe, comme on les appelle dans le jargon, ont trouvé un autre moyen d’exercer leur travail. 

prostitutSexe à vil prix, alcool et drogue au menu…un drame social

Elles ont du cran à revendre. Soigneusement habillées, en smoking ou en tenue sexy, ces professionnelles ou travailleuses occasionnelles du sexe, envahissent ces maisons closes où sans tambours ni trompettes, elles rencontrent leurs clients. Et passent des moments torrides dans la discrétion et repartent comme si de rien n’était. Loin des regards indiscrets.

Du centre-ville à la banlieue, en passant par certains quartiers résidentiels de la capitale, les maisons closes poussent comme des champignons. Le  sexe y est banalisé. L’alcool et la drogue coulent à flots. Dans une atmosphère détendue. Ces lieux de prostitution sont gérés par des hommes comme des femmes. Le business, qui en découle, rapporte et nourrit son homme. A tel point que les Chinois, nouvellement arrivés au Sénégal et à la recherche effrénée du gain, ont investi le milieu pour se remplir les poches.

 Des Chinois au cœur du business du sexe…à Dakar

Dans le quartier résidentiel du Point E, une maison d'apparence anodine attire cependant tous les regards. Peinte en rose et avec la même architecture que toutes les autres, elle tient pignon sur rue à l’Avenue des Ambassades. A la grande différence des autres maisons dans ce quartier réputé très calme, un défilé incessant de personnes, de jour comme de nuit, accompagné par les klaxons ininterrompus des véhicules en rangs serrés, rythme son quotidien qui contraste d’avec la quiétude du quartier.

«Il y a, ici, une maison de passe. Les gens viennent de tous les coins de la capitale pour se la couler douce avec des filles du même acabit», souffle un gardien assis à la devanture d’une maison non loin de là. En effet, selon les renseignements d'Actusen.com, il ressort que cette maison close est gérée par des Chinois. Les tentatives du reporter d’en savoir davantage sont restées vaines, tant le lieu est sécurisé. Après ce quartier où les nuits et les jours se confondent, du fait de sa fréquentation à haut débit, cap sur Grand-Yoff.

Comme les bars à chaque coin de rue, Grand-Yoff est aussi réputé pour ses maisons closes. «Il n’y a pas de secret. La promiscuité et le surpeuplement du quartier sont à l’origine de tout ce b..del», fulmine un jeune, dépité. Trouvé non loin du Commissariat de Police de la ladite localité en compagnie de ses camarades, notre interlocuteur d’en donner les raisons. 

Une maison close tous les 1000m² à Grand-Yoff

«A Grand-Yoff, trois, voire quatre jeunes peuvent se partager la même chambre. Les emplois du temps, pour tout ce beau monde, ne sont pas les mêmes. Les uns travaillent le jour, tandis que les autres, la nuit. Pire, certains, sont sans emploi. De ce fait, quand l’un d’entre eux veut passer de bons moments avec sa copine, c’est difficile de préserver son intimité pendant des heures», explique ce jeune garçon, employé comme gardien dans une Société de la place.

A peine le reporter d'Actusen.com les avait-il dépassés, qu’on lui indiqua une maison close non loin de l’Eglise Saint-Paul. Un blasphème ? La route sablonneuse, qui y mène, est fortement fréquentée. Des femmes en file indienne, reviennent du marché. Elles passent et repassent. A l’angle, un groupe de jeunes désœuvrés, joue à la belote. Criant à chaque carte qui s'abat sur la table de jeu. Les joueurs, quant  eux, sont concentrés et pensent au résultat qui va suivre. Bientôt.

A première vue, rien ne présage d’une telle activité dans cette maison. Sobrement peinte en ocre, le sol carrelé, des femmes et des enfants vaquent à leurs préoccupations au rez-de-chaussée. Mais ce tableau ordinaire contraste, de loin, d’avec le business qui s’y pratique.

 tabacprostitut«Ici, la passe est à 5000 Fcfa et un rabais est possible, si…»

Plus on monte les escaliers sur indication, plus le décor et l’ambiance changent. Aux jeux des enfants et autres coups de pilons dans la cuisine du rez-de-chaussée, succède le calme et l’âcre fumée de la cigarette qui s’échappe des chambres. Au premier étage, avant le bureau du gérant, Opa, les portes des chambres portent des numéros écrits en vert. Un fait qui en dit long sur l’activité qui se pratique à cet étage.

Trouvé en train de faire quelques aménagements, Opa, la quarantaine dépassée, s’en ouvre au reporter d'Actusen.com, lequel s’est mué pour les besoins du reportage en client aux trousses de la chair facile. Alors que le reporter prétexte ne pas connaître les prix de passe de la chambre pour un éventuel rendez-vous dans la soirée, Opa satisfait sa curiosité et lui file volontiers, le barème des tarifs pour les différentes prestations.

«La chambre, c’est à 5000 F Cfa pour les 2 heures», l'informe le gérant qui ne se doute de rien. Croyant avoir en face de lui un potentiel client, il ajoute : «Si voulez la demi-journée, elle est facturée à 10 000 francs. Néanmoins, je pourrais vous faire un rabais et vous ne payerez que 7 000 Fcfa», poursuit-il.

Pour camoufler ses intentions, le reporter d'Actusen.com promet de revenir sur les lieux du drame social qui s’y joue tous les jours. Puis, cap sur le Centre Talibou Dabo. Entre les bars Santhiaba et La Frontière, se dresse une autre maison close. A quelques centaines de mètres de celle que le reporter vient de visiter. Les indicateurs de Actusen.com avaient bien raison. Mais ici, c’est beaucoup plus classe. Un cadre spacieux et agréable. De la musique douce accompagne les pas du client. A l’angle, à gauche des escaliers, une pièce bourrée de liqueurs et autres vins. De qualité comme ordinaire.

Des bars pour maquiller le business qui se cache derrière

Sur les étagères, des bouteilles de toutes les formes sont exposées et superposées. «C’est le bar», annonce une charmante jeune fille au teint café au lait. Elle est employée par la propriétaire en relation d’affaires avec un toubab (individu de race blanche) qui passe, de temps en temps, à Dakar. Pendant ses vacances. En effet, ce bar est le prétexte pour les nombreux clients qui y passent masquant ainsi le véritable business en cours dans cet endroit. Les prix des chambres diffèrent, selon la nature de celles-ci. Celles climatisées n’ont pas la même tarification que celles non climatisées selon Gina, la gérante.

«La passe, pour la nuit dans une chambre sans climatisation, est fixée à 13 500 Fcfa», renseigne Gina, exhibant volontiers ses formes généreuses. Téléphone et télécommande à la main, elle tire d’une sacoche, une carte de visite sur laquelle on peut lire la dénomination du local (que nous tairons) et consulter le plan qui y mène.

Si les chambres sans climatisations sont taxées à 13 500 F Cfa pour la nuit, celles avec climatisation coûtent dans cet endroit, les yeux de la tête. «C’est à 22 500 Fcfa», fait savoir Gina, sans gêne. Et pour la passe d’une heure (1h), «c’est entre 9 000 et 10000 francs», a-t-elle ajouté. Croyant être en face d’un clientsans se douter que le reporter d'Actusen.com ne cherche, à ce moment précis, qu'à lever un coin du voile de ce business florissant à Dakar. 

Des clients de divers âges et couches socioprofessionnelles…

A l’autre bout du Pont de l’Emergence, vers le Collège Hyacinthe Thiandoum, dans le quartier des Hlm, se trouve une autre maison close. Elle fait face à la route qui mène à Liberté VI. Facile d’accès. «Des centaines de gens de tous âges font la navette entre leurs domiciles et cet endroit réputé chaud», souffle un habitant du quartier, sous le couvert de l’anonymat.

 «Auparavant, on ne parlait que d’auberges. Désormais, ce sont des maisons closes qui font leur apparition dans la capitale du Sénégal. Aux Hlm, notre quartier, celles-ci sont floraison», mentionne ce trentenaire, trouvé sous un arbre, le long d’une rue.

Fréquentées par des personnes de divers âges et couches socioprofessionnelles, elles pullulent dans la capitale sénégalaise. De jeunes filles, la vingtaine à peine, et des femmes mûres, assiègent ces lieux. Qui échappent au contrôle de la justice. Et des autorités compétentes. Un fléau social pire que le manque d’emploi.

«Le phénomène a, subitement, connu une ampleur qui fait peur. Des femmes d’âge mûr, des hommes mariés qui découchent, fréquentent ces maisons. Des jeunes, aussi, en manque de local pour satisfaire leur libido, sont les adeptes de ces endroits», ajoute notre interlocuteur. A l’intérieur, un service souriant attend. Un pas de plus, une dame bien sur son 1,80m, surgit d’une pièce.

Le pagne bien noué autour des reins, couvre à peine un pantalon moulant qui laisse apparaître des parties de son son corps. Entre les mains, un bloc-notes et un téléphone, comme outil de travail. Elle fait des va-et-vient entre son bureau et la porte d’entrée. Pour indiquer aux clients la situation géographique  du local. Avant de revenir au reporter d'Actusen.com, client de circonstance, et d'engager une discussion teintée de blagues et de sourires à-tout-va. 

Un cadre attrayant pour les faux séminaristes

 «Excusez-moi, que puis-je faire pour vous?», interpelle-t-elle le reporter  Mimi, avec un sourire impeccable. De nature à faire abjurer un fondamentaliste religieux. La réponse coule de source. «Une chambre de passe», répond le reporter de Actusen.com. «Eh bien, il y en a, mais les prix sont variés», fait-elle savoir. Avant de poursuivre : «l’heure est facturée à 5000 F Cfa et les 2h à 10 000 francs ». Pour la ½ journée, dit notre interlocutrice, «le tarif est fixé à 15 000Fcfa».

Ce prix n’est pas cher payé, si l’on en croit Mimi, la gérante des lieux. «Vous avez un confort à vous couper le souffle», se vante-t-elle, sans sourciller. «Mais…», s’est étonné le reporter de Actusen.com. Sans laisser à son hôte du jour la possibilité de terminer son propos, Mimi reprend la balle au rebond en ces termes : «Je fais des affaires et c’est à prendre ou à laisser».

Ce restaurant situé vers la plage de Beceao se la joue «maison close», au grand bonheur de cette catégorie de Sénégalais  

Tout comme Grand-Yoff et Point E, entre autres quartiers de la capitale, Sacré-Cœur, plus précisément vers la Vdn et les Almadies ne sont pas en reste. En effet, selon les confidences faites à Actusen.com, les week-end, ce sont des autorités, des Dg de sociétés, des hommes d’affaires qui défilent dans un restaurant réputé aux abords de la plage de Bceao.

Ce restaurant très couru ne l’est pas seulement pour son menu. Loin s’en faut ! Une maison close se cache derrière sa façade culinaire, faisant courir les adeptes de la chair fraîche. Des lapins au sang chaud qui tirent sur tout ce qui bouge. Ces derniers, apprend le reporter d'Actusen.com, prennent prétexte de séminaires fictifs au grand dam de leurs épouses pour se retrouver entre les bras d’une copine. Qu’on cache, comme un trésor bourré de fric, à son épouse. Loin des regards de son entourage. Un plan satanique. Qui oblige l'épouse trompée à passer le week-end seule à se morfondre dans la moiteur des coussins pour échapper au froid, en attendant le retour d’un mari, parti pour un séminaire très...studieux.

Mais attention, il y a erreur, si l’on pense que seuls les époux fréquentent ces maisons closes. En effet, certaines femmes infidèles, n’hésitent pas à les investir, histoire de pouvoir se taper un moment d’intimité avec un copain, qu’elles chérissent plus que leurs époux légitimes.

Comme avec les salons de massage qu’Actusen.com avait infiltrés, dans le cadre d’un reportage aux révélations surréalistes, les autorités compétentes devraient sévir pour mettre fin  à cette pratique qui gagne du terrain.

NB : Tous les noms sont des noms d’emprunt

Gaston MANSALY (Actusen.com)