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Sécurisation du Coud: Les étudiants saluent les mesures, mais ne sont guère rassurés

Face à la récurrence des scènes de violence dans le campus social de l’Université Cheikh Anta Diop, la direction du Centre des oeuvres universitaires de Dakar, (Coud) a pris les devants, en renforçant le contrôle des entrées du campus. Un renforcement qui fait suite à la saisie d’armes blanches dans des chambres d’étudiants, le week-end dernier. (Reportage du journal "Le Témoin")


Rédigé par leral.net le Vendredi 26 Février 2021 à 08:25 | | 0 commentaire(s)|

Sécurisation du Coud: Les étudiants saluent les mesures, mais ne sont guère rassurés
Pour accéder à l’intérieur du campus social , il faut dorénavant se laisser soumettre à un contrôle strict. Les agents du service de sécurité du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) veillent en permanence au grain. Avant de franchir le campus social, il faut montrer patte blanche.

Les étudiants sont soumis à une fouille rigoureuse et priés de présenter leur carte d’étudiant et d’ouvrir leur sac. Les visiteurs eux passent par l’entrée dite du « couloir de la mort ».

A l’extérieur comme à l’intérieur, l’Ucad présente un beau décor, preuve que le cadre de vie a nettement changé, en bien. Plusieurs édifices et pavillons ont été réfectionnés ces dernières années. Il y a de la verdure partout. La statue du parrain, Cheikh Anta Diop, érigée à l’entrée, semble veiller sur les étudiants.

En face de la direction du Coud, un groupe d’étudiants squatte les lieux. Le respect des mesures-barrières semble être relégué au second plan. Dans leurs discussions, chacun joue à l’expert. Ils discutent sur l’actualité politique. Interpellés sur les nouvelles mesures prises par la direction du Coud, ils les saluent tout en se disant favorables à des sanctions contre ceux de leurs camarades qui seraient trouvés en possession d’armes blanches.

« L’Université n’est pas un champ de bataille. C’est inconcevable qu’on y retrouve des couteaux, des machettes et des sabres à l’intérieur des chambres. Ces armes n’ont rien à voir avec les études. Les propriétaires de ces armes devraient être tout simplement exclus du campus et poursuivis en justice. Personne n’est en sécurité dans cette université », confie un étudiant.

Son camarade, tout en saluant les mesures prises par la direction du Coud, pense qu’il sera très difficile pour les agents de sécurité de contrôler les entrées du campus social. Selon lui, ce ne sera pas une mince affaire.
« D’ici un mois, l’université redeviendra comme avant et retrouvera cette situation d’insécurité », dit pessimiste, l’étudiant. Les étudiants plaident pour des sanctions !

Les pensionnaires du temple du savoir de Dakar doutent de la pérennité du contrôle systématique des entrées. A les en croire, la direction du Coud les a habitués à de pareilles mesures, qui font long feu à chaque fois.

« Des auteurs d’actes contre nature et des trafiquants de drogue ont été découverts dans le campus. A la suite de ces évènements, l’ancien directeur du Coud avait pris des mesures pour contrôler les entrées et les sorties. Hélas, ces mesures énergiques avaient été très rapidement rangées dans les tiroirs. Les vigiles ne pouvaient plus courir en permanence derrière les visiteurs et les étudiants. C’est parce que l’Université n’est pas un établissement comme les autres. Elle est vaste et sa surveillance demande des ressources humaines dont elle ne dispose pas actuellement », a souligné Hamady Bâ, un étudiant.

La Faculté des sciences juridiques et politiques (Fjp) grouille de monde. Des étudiants occupent les blancs publics. Inscrit en deuxième année de droit, Ismaël Sarr déplore la découverte d’armes blanches dans les chambres des étudiants. Selon lui, cette situation d’insécurité n’est que le reflet de la société. De ce fait, il pense que cela pourrait créer une révolte au sein de l’espace universitaire.

M. Sarr trouve aberrant qu’on contrôle uniquement l’entrée du campus, alors que d’autres portes sont ouvertes à l’intérieur de l’université. « Il faut identifier les propriétaires de ces armes et les renvoyer du campus. La situation risque de dégénérer si on n’agit pas en conséquence. Lors des élections des amicales, on assiste très souvent à des bagarres rangées. On devrait renforcer la sécurité au niveau de l’entrée de chaque Faculté », a plaidé le futur juriste.

Abdourahmane Aw fait partie des rares étudiants qui fustigent la récente visite à l’Université du leader du Pastef. « Y a du tout dans le campus. Tout cela est dû à nos hommes politiques. Les étudiants sont divisés, chacun soutenant son leader. Après la visite du leader du Pastef, le lendemain, un groupe d’étudiants est sorti pour déclarer que si Ousmane Sonko revient, ils lui feront face. Vous entendez ces déclarations et il n’arrive rien à leurs auteurs. A imaginer ce genre de révolte et la confrontation qui pourrait s’en suivre, il faut craindre que ça se solde par mort d’homme », alerte le jeune homme