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Séisme diplomatique au Moyen-Orient: Plusieurs pays du Golfe et l’Egypte rompent avec le Qatar, accusé de soutenir le terrorisme

Rédigé par leral.net le Lundi 5 Juin 2017 à 11:27 | | 0 commentaire(s)|

L’Arabie saoudite, le Yémen, les Emirats arabes unis et Bahreïn accusent Doha d’encourager Al-Qaida, le groupe Etat islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans.


Le Yémen est le cinquième pays à avoir annoncé, lundi 5 juin, qu’il rompait ses relations diplomatiques avec le Qatar, estimant que «les agissements du Qatar à l’égard des milices putschistes [houthistes] et son soutien à des groupes terroristes deviennent clairs ».

Quelques heures plus tôt, l’Arabie saoudite, l’Egypte, les Emirats arabes unis et Bahreïn avaient invoqué des questions de sécurité nationale, pour justifier la rupture des relations diplomatiques avec leur voisin. Ils l’accusent, en effet, de déstabiliser la région et de soutenir des « groupes terroristes », y compris Al-Qaida, l’organisation Etat islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans. Le gouvernement libyen dissident de Baïda, qui ne contrôle qu’une petite partie du pays, a aligné sa position sur celle de son voisin égyptien.

Suspension des liaisons

Les citoyens qataris ont désormais quatorze jours pour quitter l’Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn, et les ressortissants de ces trois pays se voient interdire de se rendre au Qatar. Les diplomates qataris devront, pour leur part, quitter ces pays sous quarante-huit heures.

L’Arabie saoudite et Bahreïn ont, en outre, annoncé la suspension de toutes les liaisons terrestres, aériennes et maritimes avec l’émirat, ce qui bloque les importations de biens par voie terrestre du Qatar à travers l’Arabie saoudite. L’Egypte a également annoncé la fermeture des frontières « aériennes et maritimes » avec Doha.

Les grandes compagnies aériennes Emirates et Flydubai, de Dubaï, et Etihad, d’Abou Dhabi, ont annoncé la suspension de tous leurs vols vers et en provenance du Qatar à partir de mardi matin « jusqu’à nouvel ordre ». Qatar Airways a, pour sa part, suspendu ses vols vers l’Arabie saoudite, dont la compagnie nationale Saudia a pris une mesure similaire.

Le Qatar, qui se targue de jouer un rôle régional et d’avoir été choisi pour organiser le Mondial 2022 de football, a en outre, été exclu de la coalition militaire arabe qui combat des rebelles pro-iraniens au Yémen.

« Totalement inacceptable » pour Doha

De son côté, le Qatar a dénoncé des mesures « injustifiées » et « sans fondement », via un communiqué de son ministre des affaires étrangères. Elles ont un « objectif clair : placer l’Etat [du Qatar] sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté » et, est « totalement inacceptable », relève-t-il. Le Qatar « entreprendra les mesures nécessaires pour mettre en échec les tentatives d’affecter sa population et son économie ».

Première conséquence de cette crise diplomatique, la Bourse de Doha a ouvert en forte baisse lundi matin, perdant 5,7 % dans les cinq premières minutes des échanges. Vodafone Qatar était particulièrement affecté avec une baisse de 8,9 % tandis que la Qatar National Bank, première banque du pays, perdait 4,6 %.

Acte de « trahison »

Cette crise survient alors que les autorités qataries ont affirmé la semaine dernière, avoir été victimes de « hackeurs » ayant publié sur le site Internet de l’agence de presse officielle QNA, de faux propos attribués à l’émir cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani.

Ces propos controversés rompaient avec le consensus régional sur plusieurs sujets sensibles, notamment l’Iran, vu comme un allié stratégique alors qu’il vient d’être accusé par l’Arabie saoudite d’être « le fer de lance du terrorisme ».

Ces propos ont été considérés comme un acte de « trahison » en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, les principaux animateurs du front anti-Téhéran.

Le président américain, en visite à Riyad le 21 mai, avait pour sa part appelé à « chasser » les extrémistes et les « terroristes », en référence aux groupes djihadistes, et avait aussi demandé à la communauté internationale, « d’isoler » l’Iran.

Un repositionnement vis-à-vis de l’Iran compliqué à gérer pour le Qatar, qui partage avec l’Iran un gisement gazier sous-marin et ne peut pas se permettre de couper totalement les ponts avec Téhéran.

Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, qui se trouve à Sydney (Australie), a réagi à ces ruptures diplomatiques, en appelant les pays du Golfe à tenter de régler leurs divergences et à rester unis.

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