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Situation des médias au Sénégal : Mamadou Ibra Kane plaide pour un dialogue constructif et la défense de la liberté de la presse

Invité de l’émission "En Vérité" sur Radio Sénégal, Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de la Presse du Sénégal (CDEPS), a livré une analyse sans concession sur la situation des médias sénégalais. Interrogé par nos confrères de "rts.sn", il a rappelé que la crise actuelle du secteur ne date pas de l’arrivée au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye, mais qu’elle s’enracine dans la période de la pandémie de Covid-19.


Rédigé par leral.net le Lundi 16 Juin 2025 à 10:57 | | 0 commentaire(s)|

« Tous les médias, quel que soit leur format, ont perdu entre 70 et 90 % de leur chiffre d’affaires durant la crise sanitaire », a-t-il indiqué, dénonçant le fait que les entreprises de presse aient été exclues des mesures d’aide d’urgence mises en place par l’État. Mamadou Ibra Kane regrette qu’aucun appui n’ait été accordé à la presse privée, malgré les 1 000 milliards FCfa mobilisés dans le cadre du fonds Force Covid-19. Il est également revenu sur les discussions menées sous le régime de Macky Sall, qui avaient abouti à une demande d’effacement fiscal de 10,5 milliards FCfa au 31 décembre 2023. « Cela ne représentait qu’1 % des fonds Covid. Si cette mesure avait été acceptée, la situation serait différente aujourd’hui », estime-t-il.

Le président du CDEPS est aussi revenu sur la décision récente de la Cour suprême suspendant l’arrêté du ministère de la Communication, visant certains médias. Pour lui, cette suspension constitue un « tournant décisif » dans la défense des libertés fondamentales.

Il précise que même si certaines requêtes individuelles, comme celle du CDEPS, ont été rejetées pour vice de forme, celle introduite par la journaliste Aissatou Diop Fall, a permis cette victoire judiciaire à portée générale.

« Cela montre que nous avons un embryon d’État de droit qui se renforce, notamment en matière de protection des libertés fondamentales comme la liberté de la presse », a-t-il analysé sur rts.sn.

Mamadou Ibra Kane a par ailleurs dénoncé une approche strictement fiscale du traitement de la presse par les nouvelles autorités. « On dirait qu’ils sont venus avec un plan de déstabilisation de la presse privée », a-t-il accusé, tout en rejetant l’idée selon laquelle les entreprises de presse refuseraient de payer leurs impôts.

Reconnaissant la nécessité d’une régulation du secteur, il plaide toutefois pour que cela se fasse dans le strict respect des principes démocratiques. « Depuis 2009, lors des premières discussions sur le Code de la presse, nous avons toujours défendu l’idée d’une professionnalisation du secteur », a-t-il rappelé. Opposé à toute tentative de contrôle politique déguisée sous prétexte d’assainissement, il appelle à un dialogue responsable pour préserver ce qu’il considère comme un pilier essentiel de la démocratie sénégalaise.