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Stigmatisation des étudiants haïtiens : le Parti Socialiste est il devenu xénophobe ?

A cette question on est tenté de répondre par l'affirmative au regard du communiqué signé par le Mouvement des Elèves et Etudiants Socialistes et paru dans la presse du Mardi 19 octobre 2010 (L’Observateur, Le Quotidien, etc.)


Rédigé par leral.net le Mardi 19 Octobre 2010 à 21:02 | | 0 commentaire(s)|

Stigmatisation des étudiants haïtiens : le Parti Socialiste est il devenu xénophobe ?
A travers la sortie des seconds couteaux du MEES le PS tente malicieusement de jeter le discrédit et l’opprobre sur l’arrivée des étudiants haïtiens par des arguments étroits et une intoxication insidieuse. Tout en leur souhaitant hypocritement la bienvenue le PS stigmatise les étudiants haïtiens sous prétexte de préférence nationale et d’utilisation électoraliste de ces derniers par le PDS. En adoptant cette attitude le PS patauge dans les eaux troubles de la xénophobie et de la démagogie concepts chers au national socialisme de triste mémoire.

Pour rappel le peuple frère d’Haiti a subi le 12 janvier 2010 un séisme d’une forte magnitude qui a, entre autres, détruit ses infrastructures éducatives dont de nombreuses universités. Plus d’une vingtaine d'enseignants et plus de 400 étudiants sont morts sous les décombres. Plusieurs universités publiques et privées ont été détruites ou gravement endommagées : L'Université d'État d'Haïti a subi d'importantes destructions : la Faculté de Linguistique appliquée (FLA) et l'Ecole normale supérieure (ENS), la Faculté de médecine et de pharmacie (FMP), la Faculté des sciences (FDS), la Faculté des sciences humaines (FASCH), la Faculté d'agronomie et de médecine vétérinaire (FAMV) et l'Institut national de gestion et des hautes études internationales (INAGHEI) ont des locaux complètement lézardés ; le Centre d'Etudes Diplomatiques et Internationales (CEDI), détruit ; l'Université Quisqueya (UNIQ), endommagée ; l'Académie Nationale diplomatique et Consulaire (ANDC), endommagée ; l'Université Notre Dame d'Haïti (UNDH), endommagée ; l'Institut des Hautes Études Commerciales et Economiques (IHECE), détruit ; l'Université Lumière, détruite; l'Université Royale d'Haïti, détruite; l'Université de Port-au-Prince (UP), détruite ; l'Université Américaine des Sciences Modernes d'Haïti (UNASMOH), endommagée ; l'Université G.O.C, détruite ; l'Université Episcopale d'Haïti (UNEPH), détruite; l'Université Caraïbe, endommagée ; l'Institut Paramédical Louis Pasteur, détruit. (Source : Wikipedia)

Devant ce désastre et cette catastrophe humaine et académique sans précédent le Président Wade, adepte du panafricanisme, a proposé que le Sénégal, terre légendaire d’hospitalité accueille un groupe d’étudiants haïtiens pour leur permettre de poursuivre leurs études. Ce geste vise, en attendant la reconstruction, à permettre à cette terre de descendants d’esclaves arrachés d’Afrique de ne pas se retrouver sans élite intellectuelle et scientifique dans un avenir proche. Le président Wade en posant cet acte noble au nom du peuple sénégalais, à l’instar de certains de ses pairs africains, démontre que l’Occident n’a pas le monopole du cœur et que l’Afrique malgré ses maigres moyens doit être en première ligne pour secourir les sinistrés du continent et de la Diaspora. L’action humanitaire et l’aide internationale sont parties intégrantes de toute diplomatie qui se respecte.

C’est pourquoi nous trouvons grotesque les accusations de préparation de fraude électorale proférées à l’encontre du Président Wade par l’utilisation des frères haïtiens et guinéens qui vivent parmi nous. Si on le suit dans sa politique fiction le PS a-t-il si peu foi en son potentiel électoral qu’il pourrait penser que 163 étudiants haïtiens peuvent inverser le sens des suffrages exprimés lors de la présidentielle en 2012 ?

Par ailleurs concernant l’accusation de politisation de l’accueil, le MEEL n’ayant pas été impliqué dans le processus qui a rendu possible l’arrivée des étudiants haïtiens n’a reçu ni financement ni équipement lié à cette question. Ce dossier comme tout le monde le sait a été piloté de bout en bout par une commission nationale ad’ hoc dirigée par Mr Lamine Ba Ministre Conseiller chargé des Affaires Internationales et Humanitaires. L’implication du MEEL fort modeste au demeurant s’est limitée à une mobilisation lors de la cérémonie d’accueil au même titre que tous les sénégalais qui ont été invités à participer à cet événement historique.

Toujours dans la même lancée les socialistes accusent le Président Wade de discrimination au profit des étudiants haïtiens et au détriment des étudiants sénégalais. Or le seul privilège dont les 163 étudiants haïtiens jouiront c’est de poursuivre normalement leur scolarité avec les mêmes avantages et les mêmes contraintes que les étudiants sénégalais. Depuis 2000 malgré la persistance des difficultés dues à la démocratisation de l’accès à l’école publique et à l’accroissement exponentiel des bacheliers (30.000 en 2010) l’objectif de l’Etat est d’orienter à l’université l’ensemble des bacheliers qui le désirent. La part de 40% alloué au secteur de l’Education dans le budget de fonctionnement de l’Etat n’est pas un vain chiffre, elle se traduit par l’octroi de bourses consistantes aux étudiants sénégalais d’ici et de l’étranger, et la construction de trois nouvelles universités publiques (Ziguinchor, Thiès, Bambey)

D’ailleurs en termes de politique universitaire et de prise en charge des préoccupations des étudiants, le Parti socialiste, bourreau de l’enseignement supérieur n’a pas de leçons à donner vu son bilan désastreux en la matière : une année blanche et une année invalide, gel des recrutements et blocage des salaires des enseignants du supérieur, distribution clientéliste et confidentielle des allocations universitaires, filtrage rigoureux de l’accès à l’université publique et aux œuvres sociales, répression et instrumentalisation du mouvement syndical estudiantin etc.

Pour terminer l’accueil des étudiants haïtiens et leur prise en charge est une question nationale et non partisane. Au lieu de chercher la petite bête ou le diable dans les détails le Parti Socialiste et ses étudiants devraient plutôt s’inspirer de l’exemple de ces citoyens illustres ou anonymes qui ont choisi d’accompagner l’Etat en prenant en charge volontairement des étudiants haïtiens.

Mohamed Ayib Daffé

Chargé de communication du Mouvement des Elèves et Etudiants Libéraux

madaffx@yahoo.fr

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