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“TERA Meeting, où le retour de la ferveur !”, Par Oumou WANE, Présidente Citizen Media Group – africa 7


Rédigé par leral.net le Lundi 10 Novembre 2025 à 20:57 | | 1 commentaire(s)|

“Dakar, ce 8 novembre, vibrait comme rarement. Le parking du Stade Léopold Sédar Senghor s’est transformé en une place publique immense, une scène où se rejouait la foi politique, la colère, et peut-être aussi l’espoir. Ousmane Sonko est revenu à la foule comme on revient à une promesse. Ce soir-là, il n’a pas parlé en Premier ministre, ni en technocrate des équilibres budgétaires, mais en homme qui se souvient d’où il vient, du peuple, de la rue, du combat. Le TERA Meeting, c’était cela : la réconciliation entre la figure institutionnelle et le symbole insurgé.

Sonko a parlé comme à son habitude : droit, fort. Il a nommé les fautes, accusé les responsables, dénoncé la dette cachée et l’hypocrisie politique. Certains diront que le ton était dur, qu’il l’est toujours. Mais il faut comprendre que dans ce pays où la parole politique s’est tant édulcorée, sa voix tranche comme un instrument qu’on croyait disparu. Il ne parle pas pour rassurer, il parle pour rappeler, que le Sénégal ne peut pas continuer à marcher avec les mêmes pieds fatigués.

Oui, le meeting était un succès. Une marée humaine. Une ferveur rare, presque mystique. On y sentait le besoin de croire, de s’unir, de se reconnaître dans autre chose que des discours lisses. Mais à écouter le fond, on retrouvait aussi ce que certains appellent un air de déjà-vu : les mêmes mots, les mêmes dénonciations, les mêmes ennemis. Peut-être. Mais l’enjeu n’était pas là. Ce soir-là, Sonko ne cherchait pas à surprendre.

Il voulait rappeler. Rappeler qu’il n’a pas changé, que la fonction ne l’a pas avalé, que la peur ne l’a pas apprivoisé.
Les autres partis ont réagi en ordre dispersé. Les uns saluent la vitalité démocratique, les autres dénoncent le ton, la virulence, la mise en accusation. Tous reconnaissent, même à contrecœur, que Sonko reste l’homme politique qui compte, celui qui mobilise sans argent, sans promesse, sans calcul. Il agace autant qu’il fascine, et c’est précisément ce qui le rend dangereux pour ses adversaires : il n’a pas besoin d’eux.

Mais au-delà du meeting, il y a la réalité. Les finances du pays, la pression de la dette, les attentes immenses. Sonko est entré dans cette zone grise où la conviction doit cohabiter avec la contrainte. C’est l’épreuve du réel. L’épreuve du pouvoir. Il doit désormais transformer la ferveur en politique publique, la colère en méthode, le rêve en architecture. Et c’est là que beaucoup échouent.

Il faut également rappeler que lorsque Sonko accuse publiquement, il parle avec la légitimité de celui que le peuple croit. Mais la foi populaire ne suffit pas : il faut des faits, des preuves, de la rigueur. Gouverner, ce n’est pas dénoncer, mais démontrer. Le danger, c’est d’oublier que la force d’un mot peut devenir une arme, même contre ses propres alliés. Il faut donc veiller à ne pas transformer la justice morale en vengeance publique. Sonko doit apprendre à doser sa puissance : quand la foule avale chaque phrase, la responsabilité devient immense.

Ce TERA Meeting, dans sa puissance comme dans ses limites, raconte tout cela. Le poids du passé, la difficulté du présent, la promesse d’un futur encore incertain. Il n’y a pas eu de révélation, pas de rupture, mais une confirmation : Sonko est toujours là, debout, si entouré et plus seul que jamais.

Parce que gouverner, c’est toujours finir par se retrouver face à soi-même.
Ce soir-là, à Dakar, la foule chantait son nom. Et lui, peut-être, pensait à ce que coûte le fait d’être écouté.”

Oumou WANE
Présidente Citizen Media Group – africa 7





Ousseynou Wade