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Taser et morsures de chiens : à la frontière hongroise, la haine anti-migrants

Rédigé par leral.net le Samedi 5 Novembre 2016 à 23:22 | | 0 commentaire(s)|

Morsures de chiens, traces de coups, téléphones cassés… Depuis plusieurs mois, les activistes du groupe "No Border Serbia" documentent à l’aide de photos, de vidéos et de témoignages les exactions commises par la police hongroise le long de la frontière serbe. Selon notre Observatrice, la situation tend à se banaliser et s’empirer.


Taser et morsures de chiens : à la frontière hongroise, la haine anti-migrants
Attention, certaines images ci-dessous peuvent choquer.

Depuis la fermeture en mars 2016 de la "route des Balkans", à la suite de la décision de plusieurs pays d’Europe de l’Est de ne plus ouvrir leurs frontières aux migrants tentant de trouver l’asile en Europe, de nombreuses associations humanitaires dénoncent une augmentation des violences des forces de sécurité envers les migrants et des refoulements arbitraires.

C’est le constat du groupe d’aide aux migrants No Border Serbia basé à Belgrade, qui milite pour la liberté de circulation et contre les politiques de contrôle de l’immigration dans l’espace Schengen. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR), plus de 5 500 migrants sont actuellement bloqués en Serbie, pays qui estime avoir une capacité d'accueil de 6 à 7 000 personnes.

La majorité d’entre eux n’attend qu’une chose : traverser la frontière vers la Croatie ou la Hongrie, pays membres de l’Union européenne. Mais ces deux frontières étant désormais fermées et hautement surveillées, le voyage s’avère souvent dangereux et ceux qui tentent l’aventure sont régulièrement victimes de violences policières, notamment à la frontière hongroise.

Sur son site Internet, No Border Serbia a ainsi publié une série de photos ainsi que des témoignages faisant état des agressions dont ont été victimes les migrants.


Taser et morsures de chiens : à la frontière hongroise, la haine anti-migrants

Taser et morsures de chiens : à la frontière hongroise, la haine anti-migrants

Taser et morsures de chiens : à la frontière hongroise, la haine anti-migrants

"Nous voyons arriver des migrants avec des jambes cassées, d’autres avec des blessures à la tête dues à des coups"

Contacté par France 24, l’une des membres de No Border Serbia confie son inquiétude face à cette augmentation des violences.

"Nous avons fait des déplacements dans les camps situés près de la frontière hongroise. Nous publions des photos faites par nos membres mais aussi par les migrants eux-mêmes.

La plupart des migrants qui apparaissent sur ces images ont tenté de passer en Hongrie. Dans beaucoup de cas, le scénario est le même : ils essaient d’entrer en Hongrie via la Serbie, ils sont repérés par la police, parfois violentés, puis renvoyés en Serbie. [Le président serbe Tomislav Nikolic a récemment évoqué la nécessité "de fermer la frontière aux migrants" si ces derniers continuaient d'affluer en Serbie sans possibilité de poursuivre leur route vers l'Europe occidentale, les frontières hongroises et croates étant fermées, NDLR]. Nous voyons arriver des migrants avec des jambes cassées, d’autres avec des blessures à la tête dues à des coups.

Nous recueillons tous les jours des témoignages et des images des blessures qui font état des méthodes douteuses de la police hongroise : des chiens qui n’hésitent pas à mordre, des sprays au poivre, des pistolets à impulsion électrique, des matraques. Nous avons l’impression que la répression a empiré.

Mais il n’y a pas seulement la violence physique : beaucoup de migrants nous expliquent avoir été humiliés par les forces de l’ordre. Par exemple, ils racontent souvent que la police leur a cassé leur téléphone, alors même que la plupart ont besoin d’Internet pour se repérer pendant le voyage...

Il faut aussi noter la multiplication des cas d’expulsions arbitraires, qui se font souvent dans la violence. Nous avons à faire tous les jours à des personnes, qui ont essayé à plusieurs reprises [parfois plus de six fois selon un témoignage publié sur le blog No Border Serbia, NDLR], de passer en Hongrie ou en Croatie, mais qui ont été renvoyées de force en Serbie"

Le comité de prévention de la torture du Conseil de l’Europe a exhorté, dans un rapport rendu jeudi 3 novembre, la Hongrie à rappeler aux policiers travaillant au contact des migrants qu’aucune forme de mauvais traitements ne doit être tolérée. Le texte fait mention de gifles, de coups-de-poing et de coups de matraque.

Conséquence de ces restrictions de passage et de ces violences, la situation humanitaire et médicale se dégrade en Serbie. Cet été, l'organisation Médecins sans Frontière l’avait déploré : sur 510 consultations de soutien psychologique entre mars et juillet 2016, les équipes de MSF en Serbie prenaient en charge, dans un cas sur dix, des survivants d’événements traumatiques tels que des maltraitances physiques et des actes de torture, des incarcérations, des enlèvements, ou encore des violences sexuelles. Parmi ces personnes, 65 % avaient déclaré avoir subi des violences physiques de la part d’individus en uniforme sur le territoire hongrois et 35 % ont dit avoir été maltraitées par des voleurs, des passeurs ou d’autres migrants.

Le 20 octobre 2016, le ministre hongrois des Affaires étrangères, invité dans une émission de la BBC, a réfuté toutes les accusations de violences policières à l’encontre des réfugiés et systématiquement traité de menteurs toutes les personnes remettant en cause cette version.

No Border Serbia documente également des violences à la frontière Serbie-Croatie, moins fréquentes selon le collectif :

"Les migrants mettant en cause la police croate sont moins nombreux. L’un des rares exemples que nous avons concernant la Croatie, c’est la vidéo de deux mineurs qui disent avoir été blessés par des agents en uniforme [voir capture d'écran de la vidéo ci-dessus]. Nous les avons rencontrés et ce sont eux qui nous ont donné la vidéo. Tout ce que nous savons est qu’elle a été prise en Croatie, avant que les jeunes ne soient renvoyés en Serbie".


Taser et morsures de chiens : à la frontière hongroise, la haine anti-migrants

Source: observers.france24.com