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Thiès, ville de garnison par excellence : La deuxième base de l’armée de l’Air, concentre aussi l’essentiel des forces de réserve générale

Thiès, cité ouvrière pour certains, ville rebelle pour d’autres, autrefois appelée Dianxène, n’est pas seulement la capitale du Rail. Elle est aussi une ville de garnison. Avec l’une des plus grandes bases militaires de nos armées, Thiès reste la deuxième ville de l’Armée de l’Air, tout comme elle concentre l’essentiel des forces de réserve générale. Retour sur la militarisation de la cité du Rail.


Rédigé par leral.net le Mardi 4 Avril 2023 à 10:17 | | 0 commentaire(s)|

La ville de Thiès n’est pas seulement ce carrefour du Kajoor qui se distingue par sa voie ferrée. Elle est également une cité militaire par excellence. Dès l’entrée la ville, en prenant la Voie de Contournement Nord (Vcn), est nichée la partie garnison de la ville. Aux confins du quartier Diakhao et à la lisière de l’Université de Thiès, se dresse sur un espace quelconque le Centre d’Entraînement Tactique (CET) de l’Armée.

Nous sommes au cœur de la base des forces de la zone militaire n°7. Rien, même pas un panneau signalétique, n’indique au visiteur qu’il est sur un terrain militaire. Sous le regard bienveillant des sentinelles, ce qui est appelé communément la « Base », certainement en référence au détachement de l’armée aérienne coloniale qui y avait élu ses quartiers, s’offre au regard du visiteur.

Cette gigantesque base, véritable ville dans la ville, englobe l’Ecole d’application d’infanterie (Eai), l’Ecole nationale des Officiers d’active (Enoa), les bataillons des Commandos et des Blindés ainsi que le Centre d’entraînement tactique. Lequel joue un rôle important dans la préparation des troupes au combat. Thiès abrite également un centre d’entraînement situé dans la commune de Mont Rolland.

Les débuts de cette présence militaire à Thiès remontent au milieu du dix-neuvième siècle. A l’époque, une seule route jalonnée de postes reliait le Baol aux comptoirs de Rufisque. Une route très fréquentée par les voyageurs et autres caravaniers qui malheureusement, étaient régulièrement victimes de pillages et d’attaques de la part de redoutables coupeurs de route, dont certains prétendent qu’ils appartenaient, à tort ou à raison, aux tribus Sérères-nones.

Ainsi, le village de Thiès, situé à la jonction de deux régions, le Diender et le Diobass, servant de repaire aux voleurs et aux produits de leurs rapts et constituant par conséquent, une menace pour les populations locales et les caravaniers, le commandement de Gorée le fit incendier en 1862. Et, pour assurer la sécurité de la région, un poste militaire fut érigé à Pout. Un poste qui sera déclassé en 1885, à mi-chemin entre Rufisque et Thiès, à l’extrémité ouest du site dit « Ravin des voleurs » communément appelé Alou Kagne du nom du très célèbre coupeur de route, Kagne. Mais des Sérères et des « gens du Diobass » prirent d’assaut le poste deux mois plus tard. Huit des treize hommes de la garnison périrent dans ce massacre. Le poste fut bientôt réoccupé.

En mai 1864, le lieutenant-colonel de Génie Pinet Laprade, alors commandant supérieur de Gorée et dépendances, lança en représailles une grande offensive contre l’ensemble des villages ayant participé à l’attaque et les habitants de Pout, soupçonnés de s’être livrés à l’espionnage, furent fusillés. Sous son autorité, le défilé de Thiès, propice aux embuscades, fut déboisé et une route large de 20 mètres construite entre Pout et Thiès.

Dans le même temps, grâce à une main-d’œuvre constituée d’officiers, de soldats et de volontaires, un fortin provisoire conçu pour une garnison d’hommes, s’érigea sur les ruines du village de Thiès incendié deux ans plus tôt. Cette construction est située à l’entrée du seul point d’accès facile, traversant le rebord du plateau de Thiès, à l’extrémité orientale du « Ravin des voleurs ».

Les conditions d’hébergement de la garnison érigée en 1864, posèrent très rapidement des problèmes. En 1867, la totalité de la garnison sauf cinq hommes, se vit installer dans des cases à l’extérieur du fort. La baraque destinée au logement ayant été transportée ailleurs. En 1868, il fut question d’ériger deux baraques en maçonnerie mais le projet tarda à se réaliser, ce qui fit qu’à la fin de l’année 1869, on procéda à des réparations complétées par la suite, par la construction d’un bâtiment destiné au logement du commandant et du médecin ainsi que d’un magasin à poudre.

En 1877, Joseph Gallieni, le futur maréchal de France, commanda le fort qui, en 1879, allait subir les réaménagements nécessaires pour se présenter comme la construction durable que l’on voit actuellement, la palissade d’origine ayant été remplacée par un mur crènelé doté de solides fondations. D’autres constructions militaires composées d’un quartier de cavalerie et ses dépendances près de la voie ferrée, de bâtiments de casernement, de logements pour familles de militaires, apparurent à partir de 1894.

Le nombre d’hommes dans le poste augmenta. On notait même en novembre 1896 la présence simultanée d’un détachement de spahis et d’un détachement d’infanterie. Le dixième régiment d’infanterie d’Afrique et d’outre-mer basé au fort, donnera son nom au quartier qui jouxte actuellement le musée « le 10e Riaom ». Ce poste conçut au départ pour n’être que provisoire et qui s’insérait dans tout un réseau de constructions militaires, Pout, Khaoulou, Talen Mbijem… aura donc subsisté tant parce qu’il occupait une position stratégique que parce que l’insécurité, dans la région, ne disparut pas aussi vite que prévu.

Destiné à une action de police et de justice, il fut aussi un lieu d’observation des mouvements de Lat Dior, hostile à la pénétration européenne de même que les Cayoriens et les populations sérères nones… La ville de Thiès finit par devenir un grand complexe comptant, outre le fort, un centre de site, un centre d’instruction pour un régiment de parachutistes, une base aérienne d’une superficie de 180 hectares implantée au nord-ouest de la ville.

Après le retrait des troupes françaises en 1964, tout ce complexe sera mis à la disposition d’organismes civils divers et du Groupement mobile d’intervention (Gmi) de la police. Le fort fut classé monument historique en 1975, après avoir servi notamment de centre social et d’établissement scolaire.

Au mois de février de la même année, le président poète Léopold Sédar Senghor y inaugura un musée. Quant à la militarisation de la ville enclenchée depuis l’époque coloniale, elle continue toujours avec l’implantation de la gendarmerie. Et l’avantage est que non seulement la zone 7 dispose de troupes qui sont basées à Thiès, notamment les unités de réserve générale comme le bataillon des commandos et le bataillon des blindés, mais aussi sa position géographique, qui la met en zone centrale et loin des frontières, lui assure une certaine stabilité, qui fait d’elle une zone de sécurité propice à la préparation et à l’entraînement des autres militaires.






Le Témoin