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Tribune : « Jubbanti Koom » Une chance de rupture à saisir collectivement Par Mouhamed Ndiaye Economiste-Financier

Le 1er août 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a présenté au Grand Théâtre national, devant le Président de la République Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le Plan de redressement économique et social baptisé «Jubbanti Koom », en wolof.


Rédigé par leral.net le Dimanche 3 Août 2025 à 11:48 | | 1 commentaire(s)|

Un moment important pour notre pays, tant sur le fond que sur la méthode. Il s’agit d’un exercice ambitieux, aux antipodes du discours habituel sur le développement, qui mérite d’être analysé sans passion partisane.

Comme il est d’usage dans notre vie démocratique, l’opposition a rapidement fait entendre sa voix. Elle a exprimé un scepticisme que l’on peut entendre, mais qui semble parfois relever d’une posture davantage que d’une lecture rigoureuse du plan.
Le discours critique évoque un « matraquage fiscal », une réduction jugée insuffisante du train de vie de l’État, et une relance qui, selon elle, risque d’« asphyxier l’économie ». Ces propos, bien qu’intéressants sur le plan du débat, s’inscrivent dans un registre de défiance systématique, comme si toute tentative de réforme profonde était vouée à l’échec dès sa formulation.

Or, si l’on veut poser le débat sur des bases saines, il est nécessaire de dépasser les procès d’intention et de réinscrire cette initiative dans son contexte. Le Sénégal hérite d’une situation économique marquée par un endettement élevé, un tissu productif déséquilibré, et une dépendance croissante vis-à-vis des partenaires extérieurs.

Dans ce contexte, le plan « Jubbanti Koom » apparaît comme une tentative réaliste de remettre l’économie nationale sur ses pieds.
Il ne s’agit pas seulement d’un programme gouvernemental. C’est une vision de transformation, construite autour de quelques principes simples mais forts: souveraineté économique, justice sociale, rationalisation budgétaire et relance de la production locale.
La méthode repose sur des outils de planification, des mécanismes d’évaluation, une volonté de transparence dans la mobilisation des ressources et un effort d’autonomisation budgétaire.
Oui, le contexte est difficile. Oui, les marges de manœuvre sont limitées. Mais justement : c’est dans les moments de contraintes que naissent les ruptures fécondes.

Ce plan entend réorienter la dépense publique, valoriser les ressources nationales, mieux cibler les politiques sociales, et renforcer la justice fiscale. Il appelle, à juste titre, à une mobilisation collective, au lieu d’un repli sur des intérêts partisans.

L’un des défis majeurs sera la capacité de l’État à mettre en oeuvre efficacement les réformes annoncées. Mais l'autre défi et non des moindres est celui de notre maturité démocratique : accepter de juger une politique sur ses résultats et non sur son porteur.

Cela suppose que majorité, opposition, société civile et diaspora acceptent de partager une base commune d’évaluation, et reconnaissent, au-delà des clivages, le patriotisme comme dénominateur commun.

Il est temps que nous acceptions, dans ce pays, notre cher Sénégal, de construire des consensus sur l’essentiel, quitte à différer sur l’accessoire. L’occasion nous est donnée aujourd’hui. Saurons-nous la saisir ?


Par Mouhamed Ndiaye
Economiste-Financier
mndiayesn@gmail.com
Dakar, le 02 août 2025