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UNE NOUVELLE CONSTITUTION EST DEVENUE UNE NÉCESSITÉ (Par Mamadou Ly)

Les réactions des populations face aux événements malheureux de ces derrières années, sont révélatrices de l’appropriation de la culture démocratique dans notre pays.
Le refus de voter, la répétition des revendications pour attirer l’attention des gouvernants sur le quotidien des populations, le rejet des discours guerriers, essentiellement accusateurs, sont des signes qu’il faut interpréter.
La défiance des populations face au monde « politique «, le refus de la violence sont aussi signe de repli sur les aspects qui concernent directement, concrètement et quotidiennement, la vie des populations.
L’impossibilité du pouvoir actuel de se prévaloir de son bilan ,somme toute positif ,pour avoir l’adhésion populaire, montre que le peuple est demandeur d’autre chose.


Rédigé par leral.net le Jeudi 22 Septembre 2022 à 04:45 | | 2 commentaire(s)|

Le Sénégalais ne se sent pas écouté et par conséquent, ne se sent pas gouverné.

Il se sent pris en otage entre un régime à qui la constitution confère des pouvoirs quasi monarchiques et une opposition plus préoccupée par l’alternance que par l’alternative.

Ne serait-il pas temps de poser le problème des fondements de notre République ?

Notre constitution, en grande partie, héritée d’un passé colonial récent, entretient un flou dans l’esprit des populations.

La confusion permanente entre l’état et le pouvoir en place, se vérifie tous les jours.

En effet, nous entendons à longueur d’émissions, des expressions telles que :
-L’Etat est responsable;
-l’Etat doit prendre des mesures. etc.

Nous savons, tous , qu' un pouvoir qui se réfugie derrière la loi, donc de la constitution, sait qu’elle lui est favorable.

Cette confusion est entretenue sciemment par le personnel politique, pour faire perdurer l’hyperpuissance du président, qui a le pouvoir de nommer et de déchoir.

Les pouvoirs passés en ont profité, les prochains se garderons d'y toucher. C’est notre constitution qui lui en donne le droit ! Un droit excessif certes, mais il est conforme à la constitution.

Ce n’est pas gratuit si les termes de "Bour" et "Ngour" en wolof, sont usités même dans nos télés et radios, pour désigner le président et le gouvernement.

On n'a jamais vu un pouvoir scier la branche sur laquelle il est assis, surtout si celle-ci est confortable et protectrice.

Dans aucune démocratie respectable, nous ne trouverons un président aussi puissant :
-il est l’exécutif
-il nomme l’essentiel du pouvoir judiciaire et le préside
-il a les moyens de détenir la majorité du Législatif même s’il est minoritaire.
-il nomme à tous les postes importants
-il est le chef des armées.

Que reste-t-il comme pouvoir ? Seulement le « pouvoir médiatique « ?
Non ! Car, il dispose de la télévision et de la radio nationale à sa guise !
On dit souvent que tout excès nuit, mais l’excès de pouvoir est le pire, car c'est la voie la plus sûre qui mène vers la dictature ou le coup d’Etat.

Le citoyen répugne à obéir à une loi qui lui semble injuste.

Le citoyen se sent corseté dans dans une constitution trop étroite pour lui.
Nous sommes arrivé au bout de ce système, nous sommes au bord du précipice.

Un recul est nécessaire .
On ne rajeunit pas un arbre en peignant le feuillage mais en soignant la racine :
Changer les hommes ne servira à rien !
Changeons les institutions et les hommes s'y conformeront !
Il ne s’agira pas de toilettage de la constitution mais de la construction d’une nouvelle constitution.
Une constitution dont la substance sera puisée dans les valeurs qui nous sont propres .
Une constitution dans laquelle le Sénégalais se reconnaîtra et par conséquent, s’y pliera de bonne grâce, du Fouta en Casamance et de Dakar à Kidira.

La constitution doit être l’émanation du peuple par son histoire, sa culture et ses valeurs, en résumé par tout ce qui fait que nous sommes une NATION.

Nous avons une constitution « prêt-à-porter », alors que nous avons besoin d'aller vers une constitution sur mesure, pour avoir notre nation qui fera de notre devisen une réalité : UN PEUPLE ,UN BUT ,UNE FOI.

Il reste à définir les voies et moyens par lesquels nous construirons cette nouvelle loi fondamentale .
Beaucoup de personnes y ont travaillé, réfléchi et écrit.
Il est illusoire, en mon sens, de croire que nous ferons l’économie de ce changement de République, sans ce débat qui est le seul qui vaille !
Rien n' est pire qu’un peuple qui a le sentiment d’être victime d’injustices et de ne pas avoir de recours.

Je pense que nous en sommes là.
A titre d’exemple la jeunesse d’aujourd’hui. Elle n’acceptera pas, encore longtemps, de passer à côté de son avenir. Elle ne se satisfait pas de promesses ou de colmatage.

C’est une jeunesse éduquée, diplômée, qui supportera de voir, encore, les mêmes profiter des privilèges que le mérite ne justifie pas.

Quand,près de 80% de la population a moins de 30 ans et dont le principal horizon est le secteur informel, nous devons nous inquiéter et prendre nos responsabilités.

Cette jeunesse est une proie facile pour les populistes qui n'ont que leurs discours incendiaires à leur offrir.

De leur programme, ils ne disent pas un mot.

La première de ces responsabilités est la lutte pour une constitution qui protège les droits du peuple et surtout, les plus fragiles .
« Le pouvoir doit être un pourvoyeur de tranquillité, sa vertu se révèle par des champs florissants, des affaires prospères et des consciences apaisées.
Ce prosaïsme ne doit pas être apprécié à l’aune des valeurs morales, mais jugé en tant que facteur de stabilité sociale
», G.Burdeau.

Le règne d’un hyperprésident provoque l’instabilité sociale, parce qu’il implique l’incertitude de la règle.

Quand la règle est injuste, de son application ne naîtra que l’injustice !





Mamadou Ly

Mr Ndao B