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Ucad : Les habits neufs de l'Enseignement Supérieur

En 1960, en accédant à l'indépendance, la plupart des pays africains souffraient d'une cruelle pénurie de cadres. C'est pourquoi, la réunion des chefs d'Etat africains d'Addis Abéba de mai 1961 avait recommandé vivement à tous les gouvernements du continent d'accorder la priorité au secteur de l'éducation et de la formation. C'est lors de cette conférence qu'il fut décidé que chaque Etat africain devait consacrer au moins 20 % de son budget à l'éducation pendant 20 ans entre 1960 et 1980.


Rédigé par leral.net le Mercredi 6 Mars 2013 à 13:28 | | 1 commentaire(s)|

Ucad : Les habits neufs de l'Enseignement Supérieur
C'est pourquoi, entre 1960 et 1974, les effectifs de l'enseignement élémentaire ont triplé, ceux du secondaire quintuplé, pendant que ceux du supérieur quadruplaient !
Et pourtant, selon les spécialistes de l'éducation, les espoirs de progrès social et économique seront vites déçus. Car cette croissance n'aura entraîné ni les changements culturels, ni le développement économique et social attendus. Bien au contraire, cette évolution a engendré de graves problèmes sociaux avec les corollaires suivants : chômage des diplômés, déracinement des jeunes scolarisés, inadaptation des formations aux besoins des Etats, instabilité chronique de l'espace universitaire avec le développement de l'idéologie « toujours plus ! » par le militantisme et le corporatisme effréné de l'un des acteurs principaux du système, les étudiants.
Certes, des réformes ont été entreprises dans les années 70 qui ont touché les systèmes éducatifs en général pour les rendre adéquats à la nouvelle situation économique et politique de l'Etat, pour les adapter aux réalités proprement africaines et nationales, pour les réajuster et les adapter au progrès scientifique et technique. C'est dans ce contexte que les pouvoirs publics sénégalais ont, dès 1981, au vu du bilan calamiteux de la politique d'éducation en général, et celle de l'enseignement supérieur en particulier, tenté de mettre en œuvre des procédures et instances de concertation, impliquant tous les acteurs du secteur et des éléments des syndicats et de la société civile. Qui ne se souvient des fameux Etats généraux de l'Education et de la Formation de 1983 ? Ces Etats généraux aboutiront à la création de la Grande commission des Réformes qui, après trois ans de travaux, présentera, officiellement, le 6 août 1984, son rapport final au président Abdou Diouf. Faute de moyens financiers conséquents à la mesure du défi, cet ambitieux projet ne connut aucune application.
La crise dans l'enseignement supérieur allait perdurer pour culminer, en 1987-88, en une année blanche. En 1992, devant cet échec patent, le gouvernement du Sénégal, avec l'appui de la Banque Mondiale, convoqua une Concertation nationale sur l'Enseignement supérieur. Présidée par feu le Pr. Assane Seck, après un diagnostic sans complaisance, la Concertation nationale sur l'Enseignement Supérieur proposa 22 recommandations principales divisées en 4 chapitres. Le premier chapitre concerne le renforcement de l'autonomie académique et administrative des universités avec les recommandations 1 à 6 ; le second se consacre à l'organisation académique, pédagogique et la recherche avec les recommandations 7 à 18 ; le troisième s'occupe de la gestion financière des universités avec la recommandation 19 et le quatrième et dernier chapitre est consacré à l'assainissement des œuvres sociales avec les recommandations 20 et 22. Malgré cette énième concertation, la crise va perdurer avec une nouvelle année blanche en 1994.
Depuis cette date, certes, le paysage de l'Enseignement supérieur s'est globalement transformé avec la création de nouvelles universités à Thiès, Ziguinchor, Bambey venant s’ajouter à d’anciennes comme l'Université Gaston Berger de Saint-Louis.
A côté de l'action de l'Etat, les établissements d'enseignement supérieur privés sont en pleine croissance.
Mais, malgré tout, pour le public, les maux sont toujours là dont le moindre n'est pas la massification des effectifs, surtout à l'Ucad (60 000 étudiants en 2010 soit 62 % des effectifs de l'enseignement supérieur). L'Ucad, c'est cette vieille dame qui, après avoir fêté son cinquantenaire, il y à peine cinq ans, peine à s'ajuster aux défis du 21e siècle et aux contraintes de l'institution : massification des effectifs, dérive sociale, faiblesse du taux d'efficacité interne et, par conséquent, du taux de réussite, faiblesse de l'encadrement avec le faible nombre d'enseignants de rang magistral (sauf le cas particulier de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d'Odonto-Stomatologie). Devant cette situation, les autorités vont réagir par la construction de nouvelles infrastructures au risque d'amoindrir les réserves foncières de l'Ucad qui se raréfient de plus en plus.
Ce contexte explique l'instabilité structurelle de l'enseignement au Sénégal, particulièrement à l'Ucad, cette université publique qui concentre tous les maux du système.

Et la Banque mondiale vola au secours de notre Enseignement supérieur


C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre la nouvelle politique de l'enseignement supérieur du Sénégal assistée par la Banque Mondiale. On se rappelle que, dans les années 1980, en pleine révolution libérale, les spécialistes de l'éducation de cette institution plaidaient, dans le cadre doctrinaire de leur politique d'ajustement, pour le dégraissage des effectifs de l'enseignement supérieur dans une inflexion très malthusienne.
Eh bien, tout cela est révolu puisque, dorénavant, la Banque Mondiale, de concert avec le gouvernement sénégalais, même si elle estime que l'on doit s'appesantir plus sur les aspects quantitatifs tels que le flux des entrants, le nombre de classes, des diplômés, la progression des taux de scolarisation, considère que l'on doit distinguer deux aspects qualitatifs majeurs. Par exemple la qualité de l'enseignement fourni, mais aussi la pertinence même de cet enseignement-là, c'est-à-dire sa propre capacité à remplir l'objectif de développement d'un pays.
C'est dans ce cadre que, depuis décembre 2011, l'institution de Bretton Woods appuie au Sénégal le Projet de Gouvernance et de Financement de l'Enseignement Supérieur.
Que vise ce projet ? Il s'agit pour ses promoteurs de renforcer l'efficacité du système d'enseignement supérieur dans son ensemble ainsi que la supervision des établissements d'enseignement supérieur et de mettre en avant leur obligation de rendre compte. Démarrée au début du deuxième trimestre de 2010, la préparation du projet de gouvernance et de financement de l'Enseignement Supérieur (Pgf - Sup) a duré d'avril 2010 au 10 juin 2011 (date de la signature de l'accord entre le gouvernement et l'Ida). Si ce projet a démarré dans un contexte économique favorable (progression du Pib de 4,1% par an), cependant deux problèmes allaient être mis en lumière. D'abord, les performances du marché du travail dans le secteur de l'enseignement supérieur ont fourni des signaux forts aux diplômés du secondaire pour les inciter à poursuivre des études supérieures. Ensuite, les récentes tendances concernant les inscriptions universitaires et les opportunités d'emplois, suggèrent un accroissement de l'écart entre la forte demande des compétences et l'enseignement dispensé par les universités publiques.
Depuis 2005, l'on a constaté l'inflation des dépenses publiques dans l'enseignement supérieur. En moyenne, 62 % des dépenses publiques pour l'enseignement supérieur ont été allouées à des subventions aux étudiants, contre 38 % pour les fonctions de base des universités comme l'enseignement et la recherche.
Et pourtant, il y a eu une forte hausse de la demande d'accès — qui est passée de 9000 bacheliers en 2000 à plus de 28 000 en 2010 et plus de 30.000 en 2012 —, sans compensation par un développement conséquent des infrastructures d'accueil et des personnels. D'autre part, les instituts d'enseignement supérieur fonctionnent avec une grande autonomie, sans pour autant être assujettis à des redditions de comptes.
Le pilotage central du sous-secteur à souffert d'un manque criard de moyens techniques, logistiques et humains, mais aussi à cause de l'absence de mécanismes formels d'évaluation de la qualité des programmes et des établissements, et aussi de la faiblesse de l'utilisation des technologies de l'information et de la communication dans les stratégies pédagogiques et le système de gouvernance et de pilotage.
Le projet (Pgf- Sup) se donne pour objectifs :
- de renforcer l'efficacité et la qualité du Ses (Système d'enseignement supérieur), de superviser les Ees (Etablissements d'Enseignement supérieur), et l'obligation de rendre compte.
Ce projet financé à hauteur de 101,3 millions de dollars (50 milliards de francs cfa) par la Banque Mondiale — ce qui en fait son deuxième projet d'importance par le financement — sera complété par le gouvernement du Sénégal pour 26 millions de dollars.
Il s'agira d'améliorer la capacité du gouvernement de renforcer la gestion du Ses, avec une efficacité accrue par la réduction de la durée moyenne d'obtention d'un diplôme de l'enseignement supérieur et de développer une éducation professionnelle de courte durée adaptée au marché du travail et aux secteurs en croissance.
Pour le moment, l'Ucad, qui dispose d'un budget de 26 milliards de francs cfa (20 milliards de subventions de l'Etat et 6 milliards 600 millions de ressources propres), a signé avec la Banque Mondiale un contrat de performance qui lui permettra de disposer de crédit additionnels de 9 milliards 271 millions 652 francs Cfa à partir de 2014. Cette aide est conditionnée à la réalisation des objectifs fixés (amélioration de l'efficacité interne, utilisation des technologies de l'information dans la pédagogie, renforcement des liens avec le monde du travail, amélioration de la qualité de l'enseignement, amélioration de la qualité de la gouvernance).
Les universités Gaston Berger de Saint-Louis, de Thiès, de Bambey et bientôt celle de Ziguinchor ont signé avec la Banque Mondiale des contrats de performance avec les mêmes objectifs.
Si ces nouvelles ressources additionnelles sont utilisées rationnellement par nos universités, il sera sans doute possible de transcender les écueils, surtout celui de la massification avec le développement des nouvelles universités, l'ouverture prochaine de la grande université de banlieue dont le budget existe, la construction de celle du Sine-Saloum… sans oublier l'appoint du secteur privé d'enseignement supérieur en plein boom.

Par Ibrahima MANE

« Le Témoin » N° 1115 –Hebdomadaire Sénégalais ( FEVRIER 2013)


( Les News )


1.Posté par sassoulas le 06/03/2013 16:01 (depuis mobile) | Alerter
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La nouvelle démarche envisagée va certainement permettre à l'UCAD de fonctionner comme un centre de profit supérieur avec des sous centres avec des objectifs bien définis. Cela suppose la mise en place de véritables outils de gestion avec des procédures de travail définies. A tous les niveaux, les tics seront utilisés pemettant le développement de logiciels de travail harmonisés, avec des codes d'accès permettant un division optimale du travail qui sera beaucoup plus efficient. Avec une adéquation poste profil, de véritables directions opérationnelles verraient le jour. Leur découpage ne ferait que reprendre les fonctions principales managériales d'une entreprise moderne(drh, finances comptabilité, logistique,commerciale ect..!). Ainsi, cette nouvelle organisation permettra à coup sûr de réussir l'essentiel: une bonne forrmation estudiantine en adéquation avec le monde professionnel des organisations de tous les secteurs.

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