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Ukraine : Steve Witkoff aurait conseillé Moscou, sur la manière de négocier avec Trump, selon Bloomberg

Rédigé par leral.net le Mercredi 26 Novembre 2025 à 12:06 | | 0 commentaire(s)|

Steve Witkoff, émissaire spécial de Donald Trump, a donné des conseils à un conseiller de Vladimir Poutine ,sur la manière d'introduire auprès du président américain, un plan de règlement du conflit en Ukraine, selon une conversation téléphonique révélée ce mardi 25 novembre 2025, par Bloomberg.


Ukraine : Steve Witkoff aurait conseillé Moscou, sur la manière de négocier avec Trump, selon Bloomberg
L'agence de presse américaine Bloomberg a publié la retranscription d'un échange du 14 octobre entre l'ancien homme d'affaires Steve Witkoff et Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du président russe, dans lequel est évoqué un futur plan de règlement du conflit, inspiré de celui annoncé peu auparavant pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Selon ce document, Steve Witkoff suggère un appel téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine, lors duquel ce dernier « féliciterait le président (américain) pour ce succès ». L'émissaire spécial américain, selon la même source, conseille que cet échange ait lieu avant une visite à la Maison Blanche du président ukrainien Volodymyr Zelensky, prévue le 17 octobre.

Flatteries, « Donetsk et un échange de territoire quelque part »

« J'ai dit au président que vous, que la Fédération de Russie a toujours voulu un accord de paix. C'est ce que je crois », déclare aussi Steve Witkoff, selon cette retranscription, en évoquant « un projet de paix en vingt points, comme nous avons fait pour Gaza ». « Il le félicitera, il dira que M. Trump est vraiment un homme de paix », convient son interlocuteur russe, faisant référence à Vladimir Poutine. « Bon, de vous à moi, je sais ce qu'il faudra pour conclure un plan de paix : Donetsk et un échange de territoire quelque part », dit encore Steve Witkoff, en référence à la région de l'est de l'Ukraine réclamée par la Russie.

Face à ces révélations, la Maison Blanche n'a pas nié la conversation. « Cette histoire prouve une chose : l'émissaire spécial Witkoff parle à des responsables à la fois en Russie et en Ukraine presque chaque jour pour obtenir la paix, ce qui est exactement ce pour quoi le président Trump l'a nommé », a réagi le directeur de communication de la Maison Blanche Steven Cheung.

Witkoff « doit vendre l'Ukraine à la Russie »

Donald Trump a, lui aussi, pris la défense de son émissaire spécial, qui doit rencontrer le président russe la semaine prochaine à Moscou. Tout en indiquant n'avoir pas entendu la conversation en question, le président américain a jugé qu'il s'agissait d'une technique de négociation « standard ». Witkoff « doit vendre l'Ukraine à la Russie, c'est ce que fait un négociateur. Vous devez dire "regardez, ils veulent ça", vous devez les convaincre. C'est une forme de négociation très standard », a lancé le président américain à bord d'Air Force One mardi soir dans une diatribe qui reflète une fois de plus sa vision purement transactionnelle de la diplomatie.

Ces négociations entre Russes et Américains ont abouti sur un plan de paix en 28 points largement favorable à la Russie et depuis remanié lors de nouvelles négociations avec les Ukrainiens et leurs alliés européens lors de nouvelles négociations à Genève et Abou Dhabi. Mais la proximité et la complaisance de Steve Witkoff avec les négociateurs russes tend à justifier les doutes de nombreux observateurs qui estimaient que la première version du plan de paix avait été rédigée par la Russie.


Cela a d'ailleurs poussé le secrétaire d'État américain Marco Rubio à affirmer que les États-Unis étaient bel et bien les auteurs du document. Alors que Trump avait posé un ultimatum à Kiev en leur donnant jusqu'au 27 novembre pour signer son plan de paix, la donne a désormais changé. Marco Rubio a qualifié le plan qui a fuité la semaine dernière de « document évolutif » et les États-Unis ont accepté que le nouveau plan en discussion soit amendé en faveur de l'Ukraine, laissant entrevoir des « très bons progrès » selon les négociateurs ukrainiens.

Un plan de paix qui divise les républicains

Il n'en reste pas moins que la première version du plan proposée par Trump concoctée par Witkoff avec les Russes a fait poindre de profonds désaccords au sein même des républicains quant à la politique de Trump vis-à-vis de l'Ukraine. Plusieurs soutiens du président Trump, dont des poids lourds du camp républicain, ont publiquement affiché leur scepticisme.

« Un accord qui récompense l’agression ne vaudrait pas le papier sur lequel il est écrit », a affirmé Mitch McConnell, le plus ancien chef de la minorité républicaine au Sénat et l’un des plus fervents défenseurs du soutien américain à Kiev au sein de son parti. « L’Amérique n’est pas un arbitre neutre et nous ne devrions pas agir comme tel », a-t-il ajouté. Le représentant républicain de Pennsylvanie, Brian Fitzpatrick, a lui qualifié la première version du plan de paix de « liste de souhaits absurde de la Russie » et a exigé qu'il soit « rejeté en bloc ». « Le seul plan de paix qui mérite d'être pris au sérieux est celui qui est entièrement rédigé et approuvé par l'Ukraine », a-t-il affirmé sur les réseaux sociaux.

Figure de proue de la ligne dure et allié fidèle de Donald Trump, le sénateur de Caroline du Nord Lindsey Graham s'est montré plus prudent en saluant les efforts du président pour mettre fin à la guerre. « Cependant, a-t-il ajouté sur les réseaux sociaux, il est clair pour moi qu'il n'y aura pas de paix tant que Poutine se croira aux commandes. Il exigera la capitulation, pas la paix. »

RFI