VITE DIT! Le sermon

Pauvre Ngagne ! Il n’a jamais imaginé pareille galère. Planté comme un piquet devant le miroir de sa salle de bain, il a du mal à reconnaître sa bouille. Mais le plus grave, se dit-il, n’est pas dans le physique. Ça se répare facilement. Il a du mal, cependant, à trouver une réponse plausible à […]

Pauvre Ngagne ! Il n’a jamais imaginé pareille galère. Planté comme un piquet devant le miroir de sa salle de bain, il a du mal à reconnaître sa bouille. Mais le plus grave, se dit-il, n’est pas dans le physique. Ça se répare facilement. Il a du mal, cependant, à trouver une réponse plausible à cet insensé défi qu’il s’est imposé. Comment diable s’est-il retrouvé à jeûner comme tous les bons musulmans ? Lui le plus ceddo de sa lignée, chouchou des nymphes, préféré des driankés et favori de toutes les bacchanales organisées de Dakar à Fongolembi, réduit à mépriser ce qu’il naguère adulé. Non ! il fallait réagir, se reprendre avant d’être la risée de ses amis. Mais comment sortir de ce pétrin ?

Le vendredi, Ngagne se rendit à la mosquée et prit bonne place à l’intérieur, au milieu de voisins qui se disaient intérieurement que Dieu pouvait bien changer les êtres les plus égarés. L’imam entonna son sermon, invitant les fidèles à adorer Dieu, encourageant au passage les adeptes de la «bouteille verte» à profiter du ramadan pour se repentir et rompre définitivement avec Satan. Ngagne se leva brusquement, rangea sa natte de prière et prit l’assistance à témoin :

– Vous avez entendu, c’est à moi qu’il lance ces piques. Si Dieu lui appartient, qu’il Le reprenne, ainsi que Son jeûne et Ses prières.

Sidy DIOP 

Source : http://lesoleil.sn/vite-dit-le-sermon/...