Le mea-culpa de Moustapha Dieng accusé de recel : « j’avais une extrême confiance en Badiane »
« Je ne savais pas que l’arachide que j’achetais était détourné. J’avais une confiance extrême en Badiane. En un certain moment, j’avais cessé de faire ce commerce, mais c’est lorsque mon marabout Serigne Mbacké a obtenu un agreement que j’ai recommencé à m’adonner à la commercialisation. C’est Badiane qui m’a téléphoné pour me dire que la Suneor avait besoin d’argent au plus vite, et vendait 30 tonnes d’arachide. C’est là que je suis allé voir des amis commerçants pour rassembler le montant. Nous sommes tombés d’accord sur le prix de 260 francs Cfa le kilo. J’ai même supplié de me vendre à 250 francs, mais il m’a dit que le prix était fixe. Je lui ai demandé un délai de cinq jours avant de lui apporter les 15 millions et 600 mille francs dans son bureau. Je signale qu’auparavant, il lui avait suggéré d’envoyer la somme sur le compte de l’usine, mais il m’en a dissuadé. En aucun moment je n’ai eu de doute parce que je ne pouvais pas imaginer qu’un directeur d’usine pouvait s’adonner à ce genre de pratique »
El Hadj Boubacar Badiane accablé par les différents témoignages
Bénéficiant d’une liberté provisoire après avoir versé plus de 12 millions, El Hadj Boubacar Badiane ne s’est pas présenté au tribunal. Il en a été de même pour le convoyeur Alioune Ndiaye. Et les différents témoignages recueillis par le tribunal ont clairement établi la culpabilité de l’ancien directeur de l’usine Suneor de Diourbel. Aussi bien Marie Madeleine Sarr la conseillère juridique de la Suneor, Omar Samb le directeur du service des audits et contrôles de la Suneor, Madoro Niang, Khalifa Mboup chef du service de réception de l’usine Suneor de Diourbel, Mamadou Fall responsable du transport de l’usine de Diourbel, et même les aveux du « receleur » Moustapha Dieng ; ont désigné M. Badiane pour avoir délibérément planifié son forfait. Quant à Me Assane Dioma Ndiaye l’avocat commis par la Suneor, il a demandé à la cour le versement par El Hadj Boubacar Badiane de la somme de 18 millions de francs Cfa à la partie civile en plus d’un montant de 5 millions de francs Cfa à titre de dommages et intérêts. Aussi, Me Ndiaye a demandé la restitution du véhicule toujours en possession du prévenu « comme l’avait du reste ordonné le juge ».
Le procureur requiert un an dont six mois assortis de sursis pour El Hadj Boubacar Badiane, Moustapha Dieng, et Alioune Ndiaye
A l’issue de son réquisitoire, le procureur de la république pour qui la culpabilité des prévenus ne fait aucun doute, a demandé au tribunal de condamner les mis en cause, chacun à une peine d’un an dont six mois avec sursis. « Alioune Ndiaye ne pouvait pas méconnaitre le caractère délictuel de la procédure dans laquelle il s’était engagé », a –t-il justifié. Quant à Moustapha Dieng poursuivi pour le délit de recel pour avoir été au courant des procédures er règles de la Suneor dans la vente des graines, le procureur reproche une certaine forme de complicité. « Il est incontestable que Badiane a accompli délibérément son forfait » a dit le procureur qui indique qu’il s’agit de détournement de deniers car l’Etat du Sénégal détient une grosse part de la Suneor. En définitif, il a demandé en plus des peines, le lancement de mandats d’arrêts contre El Hadj Boubacar Badiane et Alioune Ndiaye qui n’ont pas daigné assister au procès.
Talla Ndoye