[Vidéo] DPG du PM: Allocution de Aïda Mbodj

Monsieur Le Premier Ministre,

Vous comprendrez que nous soyons animés par un double sentiment au moment de recevoir votre déclaration de Politique Générale.

Un sentiment de soulagement d’abord de vous voir sacrifier, enfin, à ce rituel immuable dans une république. Mais, un sentiment de malaise aussi en non-respect, voire de la violation du calendrier républicain avec le retard apporté à la présentation de votre Déclaration de Politique Générale.

Pourtant, Monsieur le Premier Ministre, la loi est très claire à ce propos. Les articles 55 de la Constitution et 97 de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale disposent que le Premier Ministre doit faire sa Déclaration de Politique Générale au plus tard trois mois après l’entrée en fonction du Gouvernement.

L’équipe que vous dirigez ayant été nommée par décret le 04 Avril 2012, avant de tenir son premier Conseil des Ministres le 12 Avril 2012, le Chef de gouvernement que vous êtes devait s’astreindre à cet exercice au plus tard le 13 Juillet 2012.

Mais à votre décharge, Monsieur le Premier Ministre, je comprends que cette violation flagrante du calendrier républicain soit liée à la délicatesse de l’exercice.

Nommé Chef du Gouvernement par un président élu dont vous n’avez pas pris part à la campagne électorale, ni associé au programme de gouvernement et avec lequel vous ne partagez pas forcément la même vision, on peut comprendre que vous ayez eu besoin de tout ce temps pour harmoniser vos vues et positions.

Il s’y ajoute que l’homme qui a placé sa confiance en vous a été élu sur la base du programme ‘’Yonou Yokouté’’ avant de s’engager, dans l’entre-deux tours et à des fins purement électoralistes, à appliquer la Charte de gouvernance démocratique issue des Assises nationales.

Les programmes spécifiques à chacun des ses alliés de Benno Bok Yakaar et votre vision de la gouvernance en tant qu’acteur du privé sont aussi autant de paramètres qu’il vous a fallu intégrer pour élaborer cette déclaration de Politique Générale.

Ce que les Sénégalais attendent donc de vous Monsieur Le Premier Ministre, c’est de veiller à ce que la cohérence de l’action de votre Gouvernement ne soit pas sacrifiée à la logique de cette alliance électoraliste.

Pour notre part, nous veillerons à ce que la restauration du pouvoir d’achat des Sénégalais, l’emploi des jeunes, la crise dans les secteurs de la santé et de l’éducation ainsi que le renforcement de la sécurité publique soient au cœur de l’action de votre gouvernement.

Dans cet ordre d’idée, et vu le caractère urgent des réponses que votre Gouvernement doit apporter pour soulager les populations des zones inondées, nous pensons que la majorité qui vous soutient devrait vous engager résolument vers un réaménagement budgétaire.

En effet, en écho à l’élan de solidarité nationale en faveur des sinistrés, une partie des fonds politiques de la Présidence et de l’Assemblée nationale devrait être mobilisée comme ressources pour abréger la souffrance de ces populations.

Des ressources substantielles pourraient aussi êtres mobilisées en ponctionnant dans le budget de certains ministères et structures, comme on l’a vu avec le Plan Takkal, afin d’alimenter ce fond destiné à la prise en charge et au relogement de ces sinistrés.

A défaut, notre groupe fera très rapidement une proposition de loi dans ce sens et nous espérons qu’elle sera soutenue pas l’ensemble des députés, toutes sensibilités confondues.

En tous les cas, nous prenons ici l’engagement d’être une opposition vigilante et sans complaisance comme nous l’a instruit notre Frère Secrétaire General National, Son Excellence Me Abdoulaye Wade.

Lui dont l’action politique, y compris dans les moments ou il a été le plus durement combattu, a beaucoup contribué à raffermir notre démocratie.
J’en veux pour preuve la Loi sur la Parité qui vaut à notre auguste Assemblée sa configuration actuelle avec une présence jamais égalée des femmes.

Apres 26 années d’opposition responsable et 12ans de Magistère, il a renforcé notre démocratie et réuni les conditions d’une alternance démocratique.

Il revient à présent à son successeur élu, à son gouvernement et à sa majorité parlementaire de préserver ce précieux héritage en consolidant ces acquis et en travaillant résolument dans l’intérêt supérieur de la Nation.

Pour cela, notre groupe parlementaire n’acceptera aucune compromission et ne fera aucune concession.
Je vous remercie de votre aimable attention.

Dakar, le 10 septembre 2012