Leral.net - S'informer en temps réel

[Vidéo] Ils se mutilent pour échapper au fichage de leurs empreintes

Rédigé par leral.net le Mercredi 28 Juillet 2010 à 02:34 | | 1 commentaire(s)|

Des Etats-Unis à la « jungle » de Calais, certains brûlent ou greffent leurs doigts pour ne pas être reconnus des autorités.


Le Boston Globe s’est penché sur la multiplication de ces cas aux Etats-Unis. Depuis 2002, la police du Massachusetts a ainsi arrêté 72 personnes aux empreintes mutilées.

Kenneth Martin, en charge des questions relatives aux empreintes digitales pour la police de l’état, assure au quotidien que le phénomène prend de l’ampleur :

« C’est assurément un phénomène en augmentation. […] Nous avons tout vu, des mutilations auto-infligées, des opérations chirurgicales pour retirer le centre du doigt, et des peaux recousues de façon étrange. »

Les techniques utilisées sont très diverses. Le Boston Globe cite un lieutenant de police qui collecte les empreinte mutilées. Parmi les personnes interpelées, certaines s’étaient greffées un autre bout de peau, rapporte-t-il, mais pour les plus désespérés, c’est le couteau, la brûlure, l’acide ou la morsure. La blessure doit être profonde sans quoi la peau repousse presque à l’identique. Pour les sans-papiers, c’est 4 500 dollars l’opération chirurgicale

Il y a deux semaines, un médecin du Massachusetts a été arrêté alors qu’il s’apprêtait à faire payer 4 500 dollars à des sans-papiers, pour retirer leurs empreintes grâce à une opération chirurgicale.

Partout, le but est le même : échapper aux informations des bases de données qui s’appuient sur les empreintes.

Certains sont des sans-papiers qui se mutilent pour échapper au risque d’expulsion, d’autres, auteurs de crimes ou délits, veulent éviter le durcissement des peines de prison appliquées aux récidives.

Avec effectivement un certain succès aux Etats-Unis, selon les informations données par la police du Massachusetts, seules 17% des personnes mutilées ont pu être identifiées par la police lors de leur arrestation. En Europe : les doigts brûlés de la « jungle »

Aux Etats-Unis, le fichier de police recense près de cent millions d’empreintes. En Europe, le fichier Eurodac en contiendrait « environ trois millions », selon Gérard Sadik, coordinateur national de la Coordination française pour le droit d’asile (CFDA).

Chaque Etat membre de l’Union européenne est responsable des migrants qui franchissent irrégulièrement ses frontières. Par exemple, si un Arménien débarque à Malte, c’est le gouvernement de l’île qui devra décider s’il lui accorde ou non le droit d’asile. Si la même personne est dans l’illégalité plus tard en France, elle devra être renvoyée à Malte.

Depuis 2000, cette identification a été simplifiée par la base de données Eurodac, qui rassemble les empreintes des migrants illégaux de plus de 14 ans.

Avec la constitution de la base d’Eurodac, de plus en plus d’empreintes se sont « effacées », raconte Le Monde diplomatique dans une enquête consacrée aux « doigts brûlés » de Calais. En juillet 2009, Gérard Gavory, sous-préfet de Calais, expliquait ainsi à LibéLille, qu’au cours des deux mois précédents, lorsque la « jungle » de Calais était évacuée par la police, 57 personnes -sur les 172 reçues en préfecture- n’avaient pas d’empreintes.

Une réalité confirmée par le HCR -le commissariat de l’ONU pour les réfugiés- dans un rapport :

« Afin d’éviter d’être renvoyés en Grèce ou ailleurs, des migrants et des demandeurs d’asile vont jusqu’à brûler le bout de leurs doigts avec des clous chauffés à blanc ou de l’acide sulfurique pour qu’ils ne puissent plus être identifiés via leurs empreintes digitales. »

Dans leur documentaire « No Comment », Nathalie Loubeyre et Joël Labat montrent des migrants se brûlant ou se limant les doigts pour en effacer les empreintes digitales. (Voir la vidéo)

Selon Gérard Sadik le phénomène concerne surtout les migrants originaires du Soudan, de la Somalie ou la Tchétchénie, car ils entrent souvent par l’Italie ou Malte.
« L’Erythrée est le cas le plus important : sur les cinq premiers mois de l’année, 48% des 200 demandes d’asiles érythréennes ont été refusées pour des questions d’empreintes. »

Comment reconnaître une mutilation volontaire ?

Auparavant, un réfugié sans empreintes était laissé libre, dans la mesure où l’on ne pouvait pas établir sa première destination européenne. Une tolérance effacée par une circulaire d’avril 2010, qui anticipe un projet de loi du ministère de l’Immigration, selon Gérard Sadik :

« Depuis avril 2010, si les empreintes ne sont pas reconnues par la borne Eurodac, une procédure prioritaire est engagée. Les réfugiés doivent saisir l’Ofpra [l’organisme français de protection des réfugiés et apatrides, ndlr] sous 15 jours. »

« Ensuite, il y a un gros flou sur la façon dont ça fonctionne. Un service spécial du ministère de l’Immigration s’en occupe. Ils regardent les empreintes et en cas de cicatrices caractéristiques, ils refusent le séjour. »

Mais comment reconnaître une altération volontaire d’une accidentelle ? Les préfecture doivent opérer des vérifications avant de refuser les migrants sans empreintes mais le système est « insuffisamment encadré », selon Gérard Sadik :

« Ces altérations volontaires existent, c’est un geste désespéré. Il y a aussi des gens qui ne font pas exprès, un accident de travail ou une maladie. »

Rue89.com



1.Posté par Bozz le 28/07/2010 15:59 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Avec des empreintes n'atteignant pas la norme, les chances sont minimes.

Nouveau commentaire :

Tout commentaire à caractère commercial, insultant, pornographique, raciste, homophobe, incitant à la violence ou contraire aux lois sénégalaises sera supprimé, Peut entraîner votre bannissement total du site