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Violences xénophobes : quand les sud-africains insultent la mémoire de Nelson Mandela !

Rédigé par leral.net le Vendredi 3 Mars 2017 à 11:39 | | 0 commentaire(s)|

 

Tribuneafrique-Depuis plusieurs jours, les « Townships » sud-africains sont à feu et à sang dans une poussée de fièvre xénophobe. Cette phrase qui rappelle les heures les plus sombres de l'apartheid décrit pourtant la réalité actuelle au pays de « Madiba ». Plus de vingt ans après l'adoption du drapeau arc-en-ciel, l'Afrique du Sud renoue avec les pires affres de son passé et cette fois c'est la communauté noire qui est à mettre en cause.


Un président « aux abois » et un bouc émissaire « commode »

Il faut dire que le président sud-africain est en proie à de sérieuses difficultés jusqu'au sein même de son parti l'ANC. Rattrapé par les scandales à répétition, il ne veut surtout pas s'attirer les foudres des populations en colère. Car si ces dernières expriment leur mécontentement avec autant de virulence, c'est bien parce qu'elles souffrent des effets d'une situation économique de plus en plus critique. Alors, il est de bon temps pour le Président en exercice de se défausser de ses responsabilités en accompagnant de son silence complice la désignation de ce bouc émissaire « commode » qu'est l'étranger.

Cela fait déjà quelques années que ce filon politique a d'ailleurs été investi par certains membres de la classe dirigeante sud-africaine. Le parti « South Africa First », créé en 2013 par d'anciens membres exclus de l'ANC, est l'expression politique la plus aboutie de la mise à profit de cette haine croissante de l'étranger. Ses membres font partie des leaders des manifestations xénophobes actuelles et entendent en faire une caisse de résonance pour des revendications qui veulent faire écho au glissement vers les extrêmes en cours aux Etats Unis et en Europe.

Le gouvernement avait d'ailleurs drastiquement durci sa politique d'immigration en 2014 et opère régulièrement des expulsions de migrants irréguliers de son territoire. De quoi donner du crédit aux voies les plus extrêmes et renforcer le sentiment de haine xénophobe qui s'exprime avec de plus en plus de régularité à travers ces expéditions punitives.




Campagnes de boycott des entreprises sud-africaines

Le risque est majeur pour la nation arc-en-ciel. D'abord sur le plan interne, en divisant encore plus une société qui a beaucoup de mal à refermer les plaies d'un passé pas si lointain. Ensuite sur le plan international, en accusant un déficit d'image certain auprès des pays dont sont originaires les ressortissants et où des campagnes de boycott sont lancées contre les grandes compagnies sud-africaines. Ironie de l'histoire, c'est grâce à une campagne de boycott mondiale que le régime de Pretoria avait été obligé de rompre avec l'apartheid.

Le moment est donc suffisamment grave pour que toutes les forces vives du pays soient mises devant leurs responsabilités par la communauté internationale. Si le contrôle des frontières relève de la manière la plus absolue de la souveraineté nationale, et que le combat contre la criminalité est une prérogative étatique incontestable, la dignité humaine n'est à bafouer nul part sur terre et encore moins au pays de Mandela, qui a appris au monde qu'il ne faut faire l'économie d'aucun sacrifice pour qu'elle soit dûment respectée. « Tout homme ou institution qui essaiera de me voler ma dignité perdra », disait Madiba. Cela vaut aussi et surtout pour les héritiers de la jeune nation qu'il a fondé...
Par Aziz Saïdi