Outre cette ouverture sur le monde, il s’est particulièrement distingué par sa capacité de déceler l’obscurité à travers un faisceau de lumière, à l’image des intellectuels qui ont choisi de se ranger à côté de ceux qui subissent l’histoire et non pas à celui de ceux qui font ou créent l’histoire, pour ne paraphraser le discours de Suède d’Albert Camus sur le rôle de l’écrivain. Après cette brève mise au point, je me dois de signaler que mon propos consiste essentiellement à décortiquer les moindres idées et « failles » du livre de ce jeune auteur poète, pamphlétaire.
S’agissant de la thématique, le narrateur fustige de prime abord l’écart béant entre le train de vie « insolemment élevé » des dirigeants opportunistes en justifiant, avec force détails et sans fard, la grande désillusion du peuple exsangue, exploité de manière cynique. Même si la vie politique sénégalaise est la toile de fond du livre avec Wade au pouvoir, l’écrivain a par la suite pris le soin d’élargir le champ de ses réflexions sur l’Afrique en proie à des Révolutions et le Monde sous la férule des prédateurs implacables. Pourquoi les grandes puissances se sont-elles toujours empressées d’appuyer des « sanglantes rébellions » en Afrique ? C’est une question qui nous ramène à l’Hypocrisie et à la loi de la Jungle !
En revanche, le titre de cet opus (« Wade, la grande déception ou les révoltes de la fleur ») est parlant du point de vue du signifiant et du signifié pour ne pas paraphraser également la formule de Paul Valéry : « la poésie est l’hésitation entre le son et le sens du mot ». Autrement dit, l’auteur entend préserver, à tout prix, son style littéraire, poétique par une série de pamphlets qui remettent, tour à tour, en cause l’injustice sociale criante vis-à-vis des laissés-pour-compte, voire des opprimés et des humiliés taillables et corvéables à merci, depuis belle lurette sans pour autant se défausser sur les exactions coloniales et néocoloniales. Bref, il dénonce d’emblée les errements de nos différents leaders aux manettes, avant de décrier, de vilipender le « pouvoir des uns soumis au pouvoir de l’autre » par rapport à la Françafrique.
L’Afrique connaît, selon lui, des « problèmes internes » : « le passé colonial ne peut plus servir de prétexte ». L’exemple de Wade est en effet un exemple édifiant pour témoigner des « sangsues d’État en Afrique » qui font florès, presque partout, dans le continent ravagé par des guerres civiles, fratricides, tribales, aux antipodes du « défi du millénaire, le développement de l’Afrique » tant redouté par les grandes puissances, prêtes à tout pour nous barrer la route.
Rien qu’en lisant ces quelques lignes, l’on se rend compte de « l’esprit universaliste » de notre écrivain-poète pamphlétaire qui s’essaie à joindre l’utile à l’agréable tout au long de son ouvrage (« Wade la grande déception ou les révoltes de la fleur») que certains n’ont pas hésité à qualifier « d’outrancier ». Mais, peut-on parler de pamphlet sans penser aux « virulentes critiques » ? Un célèbre écrivain espagnol du XVIIIe avait raison de rappeler au « Censeur » la nécessité de la satire visant à guérir le malade : « plus la satire est acerbe, plus la saignée est efficace ». Autrement dit, ce sont des écrits qui permettent de vider le sang du malade. Aussi son directeur de Thèse et actuel directeur du laboratoire Circples (université de Nice Sophia-Antipolis), le professeur Marc Marti, nous précise-t-il l’essence du pamphlet en restant évasif sur la réaction des censeurs de Sa Majesté, en raison de leur manque de discernement : « je ne sais pas si les censeurs font le détail sur le style pamphlétaire, et s'ils arrivent à le différencier de l'essai politique. Le pamphlet est un cri qui est lâché pour faire réagir, donc il est toujours plus fort que le reste. Je ne crois pas que la culture littéraire des censeurs aillent jusque là ».
Par conséquent le pamphlétaire, en tant qu’enfant des quartiers pauvres, en a profité pour exprimer un « vécu » révoltant qui rythme au jour le jour le quotidien du Sénégalais lambda assailli par la pauvreté, la souffrance, la misère et la précarité liées à la cherté des denrées de première nécessité, aux inondations récurrentes, aux coupures d’électricité à longueur de journée, sans oublier le laxisme menant au naufrage du « Joola » (‘Le Titanic des pauvres’), le népotisme avec le fameux projet de la « dévolution monarchique », la tragédie des « pirogues de l’espoir » et l’ère des immolations par le feu.
D’une manière générale, le livre tourne autour de quatre parties. Étant conscient du fait que lire, c’est voyager, il nous propose dans une première partie un « Voyage au cœur de la Satrapie », depuis les Indépendances à nos jours. Dans la deuxième partie, nous est confirmée la « faillite de la classe politique au profit d’une société civile responsable », prête à relever le défi de la bonne gouvernance.
Dans la troisième partie, il attire notre attention sur le fossé qui existe entre le monde des « Alter-noceurs » et celui de la population pauvre en nous décrivant avec force détails une « Cour royale luxueuse et édénique face aux ruines des Cités délabrées ». Enfin, dans la quatrième et dernière partie, Dame Diop aborde de nouveau les mêmes thèmes que ceux de la troisième partie, mais ils seront traités d’un point de vue plus personnel, plus intime puisqu’il s’agit de sa ville natale, du berceau de son engagement futur : la ville de Rufisque y apparaît en tant qu’exemple de cité délabrée.
Au demeurant, l’auteur des « rêves de la fleur » et du « Regard d’un jeune émotif » ne fait que relayer la voix des sans-voix en exprimant sa révolte face à l’insouciance d’un régime boulimique menant, sans scrupule, grand train, malgré les cris de détresse d’un peuple désemparé, persécuté par les « foudres de l’Alternance ». Grâce à un regard à la fois objectif et débarrassé de toute émotion, l’enfant de Rufisque met à nu les travers des politiciens en rêvant d’une nouvelle société basée sur l’égalitarisme et la redistribution des richesses, bref d’un pays où l’équité et la justice sociale seront de mise, voire d’un continent uni, indivisible où règneront la paix, la concorde et la sécurité, sans la mainmise fatale des grandes puissances.
Rajib Sarr
S’agissant de la thématique, le narrateur fustige de prime abord l’écart béant entre le train de vie « insolemment élevé » des dirigeants opportunistes en justifiant, avec force détails et sans fard, la grande désillusion du peuple exsangue, exploité de manière cynique. Même si la vie politique sénégalaise est la toile de fond du livre avec Wade au pouvoir, l’écrivain a par la suite pris le soin d’élargir le champ de ses réflexions sur l’Afrique en proie à des Révolutions et le Monde sous la férule des prédateurs implacables. Pourquoi les grandes puissances se sont-elles toujours empressées d’appuyer des « sanglantes rébellions » en Afrique ? C’est une question qui nous ramène à l’Hypocrisie et à la loi de la Jungle !
En revanche, le titre de cet opus (« Wade, la grande déception ou les révoltes de la fleur ») est parlant du point de vue du signifiant et du signifié pour ne pas paraphraser également la formule de Paul Valéry : « la poésie est l’hésitation entre le son et le sens du mot ». Autrement dit, l’auteur entend préserver, à tout prix, son style littéraire, poétique par une série de pamphlets qui remettent, tour à tour, en cause l’injustice sociale criante vis-à-vis des laissés-pour-compte, voire des opprimés et des humiliés taillables et corvéables à merci, depuis belle lurette sans pour autant se défausser sur les exactions coloniales et néocoloniales. Bref, il dénonce d’emblée les errements de nos différents leaders aux manettes, avant de décrier, de vilipender le « pouvoir des uns soumis au pouvoir de l’autre » par rapport à la Françafrique.
L’Afrique connaît, selon lui, des « problèmes internes » : « le passé colonial ne peut plus servir de prétexte ». L’exemple de Wade est en effet un exemple édifiant pour témoigner des « sangsues d’État en Afrique » qui font florès, presque partout, dans le continent ravagé par des guerres civiles, fratricides, tribales, aux antipodes du « défi du millénaire, le développement de l’Afrique » tant redouté par les grandes puissances, prêtes à tout pour nous barrer la route.
Rien qu’en lisant ces quelques lignes, l’on se rend compte de « l’esprit universaliste » de notre écrivain-poète pamphlétaire qui s’essaie à joindre l’utile à l’agréable tout au long de son ouvrage (« Wade la grande déception ou les révoltes de la fleur») que certains n’ont pas hésité à qualifier « d’outrancier ». Mais, peut-on parler de pamphlet sans penser aux « virulentes critiques » ? Un célèbre écrivain espagnol du XVIIIe avait raison de rappeler au « Censeur » la nécessité de la satire visant à guérir le malade : « plus la satire est acerbe, plus la saignée est efficace ». Autrement dit, ce sont des écrits qui permettent de vider le sang du malade. Aussi son directeur de Thèse et actuel directeur du laboratoire Circples (université de Nice Sophia-Antipolis), le professeur Marc Marti, nous précise-t-il l’essence du pamphlet en restant évasif sur la réaction des censeurs de Sa Majesté, en raison de leur manque de discernement : « je ne sais pas si les censeurs font le détail sur le style pamphlétaire, et s'ils arrivent à le différencier de l'essai politique. Le pamphlet est un cri qui est lâché pour faire réagir, donc il est toujours plus fort que le reste. Je ne crois pas que la culture littéraire des censeurs aillent jusque là ».
Par conséquent le pamphlétaire, en tant qu’enfant des quartiers pauvres, en a profité pour exprimer un « vécu » révoltant qui rythme au jour le jour le quotidien du Sénégalais lambda assailli par la pauvreté, la souffrance, la misère et la précarité liées à la cherté des denrées de première nécessité, aux inondations récurrentes, aux coupures d’électricité à longueur de journée, sans oublier le laxisme menant au naufrage du « Joola » (‘Le Titanic des pauvres’), le népotisme avec le fameux projet de la « dévolution monarchique », la tragédie des « pirogues de l’espoir » et l’ère des immolations par le feu.
D’une manière générale, le livre tourne autour de quatre parties. Étant conscient du fait que lire, c’est voyager, il nous propose dans une première partie un « Voyage au cœur de la Satrapie », depuis les Indépendances à nos jours. Dans la deuxième partie, nous est confirmée la « faillite de la classe politique au profit d’une société civile responsable », prête à relever le défi de la bonne gouvernance.
Dans la troisième partie, il attire notre attention sur le fossé qui existe entre le monde des « Alter-noceurs » et celui de la population pauvre en nous décrivant avec force détails une « Cour royale luxueuse et édénique face aux ruines des Cités délabrées ». Enfin, dans la quatrième et dernière partie, Dame Diop aborde de nouveau les mêmes thèmes que ceux de la troisième partie, mais ils seront traités d’un point de vue plus personnel, plus intime puisqu’il s’agit de sa ville natale, du berceau de son engagement futur : la ville de Rufisque y apparaît en tant qu’exemple de cité délabrée.
Au demeurant, l’auteur des « rêves de la fleur » et du « Regard d’un jeune émotif » ne fait que relayer la voix des sans-voix en exprimant sa révolte face à l’insouciance d’un régime boulimique menant, sans scrupule, grand train, malgré les cris de détresse d’un peuple désemparé, persécuté par les « foudres de l’Alternance ». Grâce à un regard à la fois objectif et débarrassé de toute émotion, l’enfant de Rufisque met à nu les travers des politiciens en rêvant d’une nouvelle société basée sur l’égalitarisme et la redistribution des richesses, bref d’un pays où l’équité et la justice sociale seront de mise, voire d’un continent uni, indivisible où règneront la paix, la concorde et la sécurité, sans la mainmise fatale des grandes puissances.
Rajib Sarr
Dame DIOP