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À KIDIRA, LA PEUR DU DÉBORDEMENT JIHADISTE

Rédigé par leral.net le Mercredi 5 Novembre 2025 à 00:14 | | 0 commentaire(s)|

Dans une enquête de terrain publiée par Jeune Afrique, Marième Soumaré donne la parole aux habitants de la ville frontalière du Mali où chauffeurs attaqués et responsables locaux dénoncent la minimisation de la menace jihadiste par Dakar

(SenePlus) - À Kidira, ville frontalière située sur la route Dakar-Bamako, la tension est palpable, selon un reportage publié le 3 novembre par Jeune Afrique. Depuis plusieurs mois, la région de Tambacounda vit au rythme de la peur, avec une recrudescence d’attaques menées par des groupes jihadistes venus du Mali. La dernière en date, survenue début septembre à proximité de Kayes, a marqué les esprits : « Une balle a transpercé ma portière, elle s’est logée juste à côté de mon genou. D’autres ont fracassé le pare-brise », relate Birane Ndiaye, chauffeur routier sénégalais, à la journaliste Marième Soumaré. Après une nuit en brousse, les victimes sont relâchées, dépouillées mais saines et sauves.​

La ville de Kidira, point stratégique pour le commerce transfrontalier, a vu ses axes surveillés jour et nuit. Aux abords du pont sur le Falm, qui sépare le Sénégal du Mali, une unité blindée de l’armée sénégalaise veille désormais en permanence. Depuis plusieurs années, Dakar déploie des moyens militaires le long de la frontière pour contrer une éventuelle contagion terroriste. Un camp militaire a ainsi été inauguré à Goudiry en décembre 2022 par l’ancien président Macky Sall, renforcé plus récemment par l’installation de drones et de nouvelles brigades mobiles.

Malgré ces efforts, le sentiment d’abandon persiste chez les principaux concernés, rapporte JA. Modou Kayer, coordinateur national d’un syndicat régional de routiers, dénonce l’attitude des autorités : « Nous vivons ces difficultés depuis longtemps, mais personne ne nous prête attention. Les jihadistes étaient à Gao, Kidal, et désormais, ils sont à nos portes !». Diboli, localité malienne attaquée récemment, n’est qu’à quelques encablures du territoire sénégalais.​

La riposte ne s’organise pas qu’au niveau étatique. Face à l’insécurité, Jeune Afrique rapporte que plusieurs comités de vigilance ont vu le jour dans des communes comme Goudiry, Bakel ou Kidira. Objectif : renforcer la coopération entre forces de sécurité, administration et habitants, avec le soutien de partenaires internationaux. Ces collectifs pallient le manque de moyens, mais doivent affronter un autre fléau : le sous-emploi massif et l’extrême pauvreté, qui rendent les jeunes de la région « facilement influençables ».​

Au plan diplomatique, Dakar tente de consolider sa collaboration avec Bamako et les membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). La création de patrouilles mixtes est évoquée, mais reste au stade de projet. Un responsable local confie à Jeune Afrique : « Nous avons une bonne collaboration en matière de renseignement, mais la partie malienne a d’autres priorités que de patrouiller aux frontières… ».​

La stratégie sénégalaise contre la contagion jihadiste repose sur la surveillance accrue, l’action militaire locale et l’organisation citoyenne. Mais l’incertitude demeure sur la capacité du pays à faire réellement barrage à une menace qui, selon de nombreux acteurs de terrain, n’est plus « un problème de voisins, mais le nôtre ».​

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/societe/kidira-la-peur-du...