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Dimanche 17 Octobre 2010

AFFAIRE DES ENFANTS DE KHALIFA NIASSE : Les vérités du Doyen des juges sur le virement de 3,9 milliards de Fcfa


Ce n’est pas ex nihilo que le doyen des juges a accordé un non-lieu aux enfants d’Ameth Khalifa Niasse, Babacar et Ibrahima. L’As a consulté l’ordonnance du magistrat instructeur, qui renseigne sur les éléments découverts lors de l’instruction. En vérité, l’argent mis en cause par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) ne saurait être d’origine illicite, et pour cause.



AFFAIRE DES ENFANTS DE KHALIFA NIASSE  : Les vérités du Doyen des juges sur le virement de 3,9 milliards de Fcfa
Comme nous l’écrivions, le doyen des juges prés le Tribunal de Dakar, Mahawa Sémou Diouf, a pris une ordonnance de non-lieu en faveur des enfants d’Ameth Khalifa Niasse : Babacar et Ibrahima Niasse. En prenant une telle décision, le magistrat instructeur n’a pas manqué de donner des arguments solides pour justifier sa décision, alors que la Cellule nationale de traitement des informations financières parlait de blanchiment de capitaux. L’As a pu prendre connaissance du contenu de l’ordonnance qui clôt ce dossier.

Les dessous du virement swift
Le juge du premier cabinet, dans ses conclusions, explique ainsi « qu’en l’espèce, il est constant que le virement swift d’un montant de 8.997.905 dollars Us, soit un peu moins de 4 milliards francs Cfa) reçu par la Sarl Bestrib, a été ordonné par la Lybian arab investment company ». En effet, c’est ce montant viré dans les comptes de la Société de Babacar Niasse le 5 Décembre 2007 qui avait intrigué les renseignements financiers. Mais, alors que la Centif doutait de l’origine licite des fonds, le doyen des juges informe dans son ordonnance que le virement a été « retracé » jusqu’à l’ordre donné par la Banque centrale Libyenne.

Cependant, le juge du premier cabinet estime que « si des réserves peuvent légitimement être émises sur la conformité de l’usage desdits fonds à l’intérêt social et commercial de Bestrib, ce fait ne saurait à lui seul asseoir un fait de blanchiment qui suppose que les biens manipulés proviennent d’un crime ou d’un délit, dont l’inculpé avait connaissance ». Ce qui n’est pas le cas ici. Pour autant, les retraits successifs et à cours intervalles peuvent conduire à des interrogations. En effet, sur ce virement, 1, 711 milliard avaient été virés à la Tombouctou aviation compagnie (Tac), alors que Cheikh Diouck Wade a retiré 900 millions de F Cfa, tout comme Jean-Marie Gomis, Ameth Khalifa Niasse 700 millions de F Cfa, Ibrahima Niasse 180 millions et 175 millions de francs.

L’argent provient d’officiels libyens

N’empêche, le doyen des juges estime, après plusieurs vérifications, « qu’en l’état, aucun élément objectif du dossier ne permet d’infirmer les déclarations des inculpés, corroborées par diverses pièces ». Selon ces dernières versées dans le dossier, « le virement était en partie destiné à rémunérer des prestations faites au profit d’officiels libyens en séjour à l’étranger et à financer l’achat et l’exploitation d’un avion », affirme le doyen des juges. D’autant que le client donneur d’ordre est un organisme public libyen, qui n’a, depuis 2007, année du transfert, émis aucune réserve quant à la régularité de cette coopération », selon le magistrat instructeur. Qui trace net : « la qualité de ce donneur d’ordre semble constituer une garantie quant à la provenance licite desdits fonds ». Dès cet instant, on ne peut plus parler de blanchiment d’argent qui suppose une origine illicite des fonds. En ce qui concerne l’exploitation de cet avion au Mali, les investigations judiciaires effectuées dans ce pays, ont permis de confirmer la régularité de l’opération. D’ailleurs, l’on a découvert qu’entre temps, Babacar Niasse avait vendu ses actions à son père.

Cheikh Mbacké GUISSE l'asquotidien


AHMED KHALIFA NIASS SOLDE SES COMPTES « Il y a une mafia qui gravite autour de Wade »

Chantre du prêche dans le flou, Ahmed Khalifa Niasse s’est mué en snipeur. Face à la presse, il a dénoncé la mafia qui pollue l’entourage de Wade et les lobbyistes qui ont pris en otage Karim Wade. Mais aussi toute la révulsion qu’il éprouve à l’endroit du Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye.

Lunettes bling-bling, ordinateur tactile qu’il manipule comme un piano, encadré par son avocat Me Sidy Kanouté et son épouse Yaye Fatou Diagne, Ahmed Khalifa Niasse, adepte du discours clair-obscur, a décidé de rompre d’avec ses vieilles habitudes pour se projeter devant la lumière.

Pour Ahmed Khalifa Niasse, aucun nuage ne subsiste dans ses relations avec Wade. Et ses prises de position souvent musclées sont à mettre dans la corbeille d’un allié qui tient à dire ses vérités à son partenaire. « Nous ne sommes pas des assujettis, nous appartenons à la Cap 21, mais cela ne nous empêche pas d’avoir notre liberté de ton », indique-t-il. Etre allié de Wade, poursuit-il, « ne fait pas de nous pour autant des béni-oui-oui qui acceptent sans broncher ».
« Wade m’a dit qu’il n’était pas au courant »

Revenant sur ses déboires judiciaires et ceux de ses deux fils, Babacar et Ibrahima Niasse, le leader du Fap se veut formel. Ni Wade, ni son fils, Karim ne sont impliqués. Par contre, il dit flairer une vaste mafia non encore identifiée, qui graviterait autour de Wade, agissant à son nom et à son insu.

« Il y a une mafia qui gravite autour de Wade. Et je ne tiens pas à être de ce groupe », accuse-t-il sans pour autant donner plus de précision. Pour lui, ceux qui ont tenté d’envoyer ses enfants en prison ont ramassé une veste. Parce que la justice les a blanchis. Révélant des entretiens téléphoniques qu’il a eus avec le Président Wade, Khalifa Niasse soutient que le chef de l’Etat lui a confié qu’il n’est point impliqué dans l’audition de ses deux fils.

« Wade m’a dit qu’il n’était en rien impliqué dans cette affaire de blanchiment d’argent. D’ailleurs, il m’a dit qu’il va les décorer pour service rendu à la Nation parce qu’ils ont contribué à faire entrer de l’argent dans le pays ». Et de tacler : « la personne de Wade n’est pas un problème, son personnel est son problème ».

« Karim est kidnappé par son entourage »

Evoquant la dernière nomination de Karim Wade à la tête du département de l’Energie, le leader du Fap s’étonne du caractère ubuesque qu’offre le gouvernement, avec un seul ministre qui cumule plusieurs portefeuilles à la fois. « Personne dans ce pays n’a jamais été ministre de tout ». Il s’étonne du fait que Karim ne soit affecté qu’à des postes juteux et stratégiques. « Si on veut savoir si Karim est compétent ou non, on n’ a qu’à l’envoyer au ministère de l’Education. Là-bas, il n’y a pas d’argent, mais il y a beaucoup de travail », suggère-t-il avant de se désoler de l’attitude du cercle restreint du fils du Président. Lequel cercle l’aurait pris en otage en lui réclamant à tout bout de champ une rançon.

« Je préfère Farba à Souleymane Ndéné »

S’il a décidé de ménager Wade et son fils, tel n’a pas été le cas pour le Premier ministre, en vacances à Paris. Pour preuve, il dit même préférer la compagnie de Farba Senghor à celle de Souleymane Ndéné Ndiaye à qui il reproche son management timoré du gouvernement. « Le Premier ministre devait être dans la banlieue, au chevet des populations victimes des inondations. Je suis sûr que si Farba Senghor était Premier ministre, il l’aurait fait. J’en suis sûr », cogne-t-il.

Mais ce qui l’a le plus frustré dans ses relations avec le Premier ministre, c’est l’autorisation de la construction d’une station d’essence à Guinguinéo, localité d’où est originaire sa femme Yaye Fatou Diagne, qu’il lui a refusé. Un refus qui n’obéit à aucune raison valable. « La municipalité dirigée par Souleymane Ndéné Ndiaye refuse de m’octroyer un terrain pour y construire une station d’essence alors que le maire de la ville n’est pas en mesure de le réaliser », fulmine Ahmed Khalifa Niasse.

Papa Ismaila KEITA l'asquotidien
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