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Abdoul Lahad Ndiaye alias « Tann Bombé », artiste comédien : Rire en gros

Rédigé par (Plus d'informations demain sur leral .net) le 29 Août 2010 à 03:51

Tann Bombé, ce jeune comédien au physique disgracieux a fait de son obésité la sève nourricière de son humour rafraîchissant.

gloutonnerie. Tann Bombé se goinfre sans panache de riz au poisson blanc sec et semble larguer, par son appétit vorace, deux de ses cousines qui ont le malheur de partager son bol. A l’heure où le Sénégal musulman s’astreint au Ramadan, Tann Bombé dégoulinant en sueur, joue au Pantagruel dans la cour de son domicile sis à la cité Asecna « sans fil » à Guédiawaye (banlieue dakaroise). « Je suis en chantier, je n’ai pas la force de jeûner, s’absout Abdou Lahad Ndiaye, 25 ans, son nom dans le civil. Depuis ce matin, je fais des branchements électriques pour ma mère et il faut que je récupère des forces. »


A l’étroit dans un bouffant pantalon kaki, coupé à hauteur des genoux, le comédien arbore un tee-shirt XXL bleu et évite de soigne le look. On l’imagine dire : « Je suis gros, mais je ne le vis pas mal. » Tann Bombé n’a rien à vende (et surtout pas lui-même), rien à craindre, aucun message à faire passer, aucune retenue sur aucun sujet. Il est fait d’un bois unique : gros, sans être gras dans son humour. Balourd, sans être lourd dans ses saillies de comique.

« Serigne Ngagne mon idole, Saneekh un clown »

Tann Bombé, c’est le « gros bébé » qui régale de gestes maladroits et innocents dans la série intitulée Ndogou Li diffusée sur Walf Tv durant le mois de ramadan. Des sketches tournés avec l’artiste comédien Tony qui joue le rôle du père. Et la « revenante » Rama Thiam (ex-Daaray Kocc), qui officie comme maman-poule.

Dans Ndogou Li, Tann Bombé est un enfant turbulent de 11 ans qui passe toutes ses journées à manger alors que ses parents observent le jeune. Le soir, à l’heure de la rupture, il renverse tout sur son passage y compris le repas de ses parents. Le scénario continue chaque soir, jusqu’à ce que son père décide de l’attacher la veille de la fête de Korité, pour pouvoir enfin prendre son repas tranquillement. Ironie du sort, le père attrape une indigestion à force de rattraper sur la nourriture. Le lendemain, jour de fête, le père n’étant pas en état de goûter un seul morceau des poulets préparés pour le festin, ce sera un gros régal pour Tann Bombé.

Finalement, « Tony » le père balèze devient maigrichon et Tann Bombé, le fils est plus obèse que jamais. Pour ce premier grand rôle de sa carrière, Tann Bombé a empoché un cachet de 400 000 F Cfa. « Tony », au nom du père : « Tann est quelqu’un de réceptif aux instructions et conseils. Jusqu’à présent, il n’a pas déçu les membres de l’équipe de Ndogou Li. Il a franchi une étape importante dans son jeu sur scène et bientôt il va encore épater les sénégalais. »

Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. Un physique de bon gros, une bouille de vendeur de fripes, un passé de « paillasson » sur lequel les potes d’enfance s’essuyaient des pires vacheries, Tann Bombé n’avait pas le physique le rôle. Il a une masse pondérale qui fait sauter les pesettes : environ 150 kilos, tout sec. Il dit : « La dernière fois que je suis monté sur une balance pour me peser, les ressorts ont sauté. Mais je vais faire un régime pour le reste du ramadan pour perdre quelques kilos. » Il le dit avec une totale désinvolture et une légèreté certaine. Il est comme ça Tann Bombé, entier et désinvolte. Il n’est pas du genre à prendre son obésité comme un handicap, à s’embarrasser de complexe à cause de sa surcharge pondérale. Il en fait plutôt un atout. Un atout gros comme ça…

Ado, Lahad avait toujours le mot pour amuser la galerie, pour distiller le rire autour de lui. Ses talents de vanneur séduisent son frère Dame Seck qui lui conseille de faire une carrière dans la comédie. Alors par l’entremise de Mamadou Camara, un comédien de son quartier, il intègre la troupe Génération Gueum sa bopp de Guédiawaye Wakhinane. Abdoul Lahad dégote quelques petits rôles dans des productions théâtrales anonymes : Tekki et Séy ak djikko en 2004, Deum bi et Cliché photo en 2006 et Déception en 2008. « Cette dernière pièce a été une grosse déception pour les acteurs, parce que le réalisateur nous a plantés sans nous payer nos cachets. »

Des apparitions de 3 à 4 par pièce, mais suffisamment réussies pour que Lahad gagne au fil du temps le curieux surnom de Tann Bombé (vautour dodu) qu’un collègue lui a affublé à l’occasion d’une pièce tournée avec le rappeur Pacotille. « Pendant le tournage, ce collègue m’appelait toujours par Tann Bombé. Il disait : « Tann Bombé fais ceci, fais cela, réponds ici, joue comme ça… » J’ai trouvé que le surnom m’allait bien et je l’ai adopté.

Le grand public le découvre quand le massif, grimé pour l’occasion et accompagné de membres de l’Arcots (Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais), s’est traîné jusque dans la lucarne de Walf Tv lors des soirées délirantes de Tajabone. Puis l’a aperçu récemment s’incruster avec fracas dans la famille de Mayacine ak Dial, la série de sketches diffusés sur la Rts1. mais Tann Bombé le dit haut et fort : son miroir dans la comédie reste Serigne Ngagne, le comédien de la troupe Janxeen de Thiès. « Serigne Ngagne est mon idole, parce qu’il a beaucoup d’humour. Il n’est pas comme Sanekh qui fait toujours le clown », tranche-t-il net.


« Je veux affronter Boy Nar… »

En dehors des planches, « Tann Bombé » investit souvent l’arène lors des combats organisés par le promoteur Luc Nucolai pour y affronter son alter ego Niékhou Nén. Un choc de « lourdauds » qui tarde encore à livrer son verdict, car leur face-à-face est toujours interrompu, au grand dam de Tann Bombé. « Je suis frustré de mes combats contre Niékhou Nén, car l’arbitre arrête toujours nos combats avant la fin et ne me donne pas le temps de le terrasser. Que le Cng (Comité national de gestion) de lutte me trouve une licence et je prouver à Niékh que je suis plus fort que lui », sourit-il. Il embraie, mi-sérieux, mi frivole : « Le public croit que je suis dans la lutte pour amuser la galerie, mais c’est tout le contraire. Je veux récolter des millions comme tous les autres lutteurs, car le théâtre ne fait pas vivre les comédiens. La vie est dure pour les comédiens. A part Niékhou Nén, j’ai deux autres lutteurs dans le viseur, avant de faire mon jubilé : Boy Nar (écurie Fass) et Yékini (écurie Ndakarou) », confie ce fan de Balla Gaye 2, le lion de Guédiawaye.

Lahad Ndiaye, qui traîne depuis son jeune age une obésité de famille, est natif lui aussi de ce populeux coin de la banlieue dakaroise. A Guédiawaye Lahad Ndiaye a été, gamin la proie de toutes les moqueries. « Pata Pouf », « Reuy Birr », les jeunes du coin ne se gênaient pas de le traiter de tous les noms. Révolté d’être la risée de ses camarades, « Tann Bombé » se bagarre tout le temps et règle ses comptes aux plus taquins. « Un jour, j’ai tabassé un de mes copains, parce qu’il se moquait de moi tout le temps. Je me suis assis sur lui et lorsqu’il est rentré chez lui, ses parents ont dû lui masser le corps qui était tout en douleurs », rigole-t-il.

Sa mère n’en rit pas. Gênée par les bagarres de son fils, elle décide d’arrêter ses études en classe de Cp (Cours préparatoire) à l’école 22 de Guédiawaye pour l’inscrire dans une école coranique. Son père, vigile de son état, s’y oppose et emmène Lahad avec lui à Fasse Delorme (quartier de Dakar), où il l’inscrit en classe de Ce1 à l’école des sœurs Saint-Julien Emard. « J’ai toujours été très proche de mon père. Il veillait toujours à ce que tout se passe bien pour nous. » Il restera ainsi sous l’aile protectrice de son pater jusqu’à l’année où il rate son Brevet de fin d’études et moyennes (Bfem). Revenu en vacances chez sa mère à Guédiawaye, il décide d’arrêter les études en 2000. « J’avais compris que mon père n’avait pas les moyens financiers pour que je reste à l’école malgré tout sa bonne volonté. »

Lahad s’essaie comme apprenti tailleur sous la férule de son frère Dame Seck avant de tout plaquer pour se consacrer à la comédie. Exclusivement. « Aujourd’hui, je suis totalement absorbé par ma vie d’artiste. Je ne fais que ça. Rien d’autre. Même lorsque, je me rends en boîte de nuit, c’est toujours pour me produire. Je ne trouve pas l temps de m’amuser, je suis rarement sur place. Je profite du peu de temps libre dont je dispose pour me reposer et écouter la musique. J’adore Youssou Ndour… » Il s’arrête là, se lève difficilement et avoue que la discussion lui a donné une fringale : « Vous-là, vous ne savez que trop parler donne faim… » Il file à la cuisine récupérer les restes de son bol de riz au poisson. C’est vrai que ce Tann est gros…d’appétit.

Par Ndiamé Sakho

Source : Weekend Magazine via galsentv.com


1.Posté par pisco milan le 29/08/2010 22:11 | Alerter
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Bravo ,et du courage Tan bombe ;et surtout garde ton style.Salam

2.Posté par vuvuzela le 30/08/2010 12:39 | Alerter
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C'EST LA 'GROSSE' REVELATION DE L'ANNEE. BRAVO TANN

3.Posté par diopiba le 16/09/2010 19:37 | Alerter
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du courage tann

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