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Abidjan : Des sénégalais redoutent la guerre en Côte d'Ivoire

Rédigé par leral.net le Dimanche 2 Janvier 2011 à 01:31 | | 0 commentaire(s)|


Dans les rues d'Abidjan, des ressortissants de pays voisins de la Côte d'Ivoire souhaitent "la paix seulement", redoutant d'être la cible de violences depuis qu'est évoquée une possible opération militaire de l'Afrique de l'Ouest contre Laurent Gbagbo.


Abidjan : Des sénégalais redoutent la guerre en Côte d'Ivoire
"Ca fait cinquante ans que je vis ici, on n'a jamais eu de problèmes, on souhaite que ça dure", déclare à l'AFP Diaw, 80 ans, Sénégalais vivant à Treichville, quartier populaire où se côtoient des ressortissants de toute la région.

"J'espère qu'il ne va y avoir que la paix. +Djamm rek+ (la paix seulement, en langue wolof) !", lance-t-il à quelques heures de la nouvelle année, chapelet en main, assis dans son salon aux murs décorés de photos de marabouts musulmans. "Nous prions pour qu'il n'y ait pas d'histoire".

Mais d'autres se sentent en danger depuis que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a menacé la semaine dernière de recourir à la force si M. Gbagbo n'accepte pas de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu président légitime par la communauté internationale.

Le gouvernement Gbagbo lui-même a mis en garde contre un risque de "guerre civile" en cas d'attaque, en insistant sur la présence de millions d'immigrés ouest-africains dans le pays.

"Nous avons tous peur", confie Cheick, installé à côté du vieil homme.

Ce jeune couturier évoque la crainte de représailles et des menaces "de frères ivoiriens à la télévision" publique (RTI, contrôlée par le régime Gbagbo).

Avec son ami Daouda, il raconte que beaucoup de Sénégalais évitent désormais de se déplacer seuls à certaines heures et ne vont plus à la mosquée pour les prières matinales ou nocturnes, de peur de se faire attaquer.

"Nous, on attend la sécurité" et une résolution pacifique de la crise, "parce que même quand les forces réussiront à +enlever+ le président, après leur départ, ça ne sera pas facile", affirme le couturier.

Quelques ruelles étroites plus loin, la plupart des boutiques tenues par des Nigérians ont leurs rideaux de fer baissés. Kenneth et son collègue vendeur de pièces détachées pour automobiles ont gardé une porte entrouverte, mais se méfient de ceux qui en franchissent le seuil.

"Maintenant, on ne sait pas qui est qui", lâche Kenneth, manipulant un téléphone mobile. Son compagnon explique, en n'osant même pas dire son prénom: "on est menacé, beaucoup sont partis. Nous, on est là parce que notre "+masta+ (patron) nous a demandé de
rester". Mais le commerce "ne marche pas, on ne fait même pas 40% de ce qu'on fait d'habitude", se plaint-il.

Le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan tient actuellement les rênes de la Cédéao. Depuis quelques jours, la RTI l'accuse, ainsi que les présidents sénégalais Aboulaye Wade et burkinabè Blaise Compaoré, de vouloir déstabiliser la Côte d'Ivoire en s'abritant
derrière l'organisation régionale.

"On n'est pour rien dans ce qui se passe et se décide à la Cédéao, soupire le revendeur de pièces détachées. On prie Dieu que tout ça se calme".