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Affaire Ibrahima Mbaye I Le meurtrier déclare : « Je ne voulais pas le tuer »


Rédigé par leral.net le Mercredi 18 Juin 2025 à 11:12 | | 0 commentaire(s)|

Affaire Ibrahima Mbaye I Le meurtrier déclare : « Je ne voulais pas le tuer »
Après huit jours de cavale, Mouhamadou Mourtalla Mbacké Fall (21 ans), principal suspect dans le meurtre d’Ibrahima Mbaye, a été livré à la police par son père. Au commissariat de Guédiawaye, il a livré un récit glaçant sur la spirale de représailles qui a mené au drame.

C’est dans la nuit du lundi 16 juin, à 00h 29, que Mourtalla Fall, en compagnie de son père, s’est présenté au Commissariat central de Guédiawaye. Il venait ainsi de mettre fin à sa fuite qui l’avait mené à Keur Massar, puis à Touba. Interrogé par les enquêteurs de la Sûreté urbaine, le jeune maçon n’a pas tergiversé. Il a reconnu être l’auteur du coup de couteau mortel porté à Ibrahima Mbaye, dans la soirée du 8 juin à Mbod 3, commune de Sam Notaire.

Dans ses aveux consignés sur procès-verbal, Mourtalla Fall, déjà condamné à un an de prison en 2024, pour trafic de chanvre indien, retrace un enchaînement de violences avec la victime : « Il y a quelques semaines, une bagarre m’a opposé à Mame Cheikh. Ibrahima Mbaye, plus âgé et plus fort que moi, a brandi un couteau et s’est interposé de manière violente. Il m’avait frappé et blessé à la tête et à la bouche ».

Blessé dans son orgueil, Mourtalla avoue avoir tenté de se venger dès le lendemain, en attaquant Ibrahima. Mais il a été de nouveau malmené par ce dernier, avant de réussir à s’échapper. « J’ai ramassé un tesson de bouteille avec lequel je l’ai frappé au visage. Alertés, mes parents sont allés chez Ibrahima Mbaye pour tenter de régler le problème à l’amiable, mais j’ai appris qu’il était à ma recherche », poursuit Mourtalla.

Pris de peur, Mourtalla se réfugie chez sa mère à Keur Massar. Mais, à la demande de son père, il revient passer la fête de la Tabaski à Guédiawaye. C’est là que son oncle paternel lui apprend qu’Ibrahima Mbaye était à sa recherche et « chercherait à le tuer ». Après la fête, Mourtalla décide de retourner chez sa mère, à Keur Massar. Mais un ami du nom de Daouda, habitant le même quartier qu’Ibrahima, l’appelle pour lui dire qu’il souhaiterait le voir.

« Connaissant les tensions existantes entre moi et Ibrahima Mbaye, et sachant que ce dernier habite le même quartier que Daouda, j’ai préféré décliner l’invitation, par prudence », souffle Mourtalla. C’était sans compter sur l’insistance de Daouda, qui vient le chercher chez lui. Mourtalla explique : « Vers 21h, il est venu me retrouver à la maison. Il m’a demandé de l’accompagner à une cérémonie religieuse dans le quartier. Craignant une éventuelle agression de la part d’Ibrahima Mbaye, j’ai décidé de prendre un couteau avec moi pour me défendre, juste au cas où ».

Malheureusement, tout bascule en cours de route. Alors qu’il discutait avec un autre ami du nom de Khadim, Mourtalla raconte qu’Ibrahima les a suivis avec un autre individu (Lamine). « Il m’a attaqué avec un couteau. J’ai esquivé, et dans un réflexe de défense, je l’ai poignardé. Blessé, Ibrahima a pris la fuite avec son accompagnateur. Moi, je me suis rendu à Mbod 2, non loin de l’école Serigne Mourtalla, près de la boulangerie « Niari Boulangerie ». C’est à cet endroit que j’ai jeté le couteau. »

« Je suis profondément bouleversé. Je n’avais pas l’intention de le tuer »

Plus tard, dans la nuit, vers 23h, Mourtalla apprend qu’Ibrahima Mbaye avait succombé à ses blessures. « J’ai d’abord douté de l’information, mais mes interlocuteurs ont insisté. Pris de panique, j’ai quitté les lieux et me suis rendu à Keur Massar. Le lendemain, je suis parti à Touba (…) Je suis profondément bouleversé. Je n’avais pas l’intention de le tuer. »

Rongé par le remords après une cavale de quelques jours, Mourtalla décide de revenir à Dakar. Il contacte son frère aîné pour l’accompagner au Commissariat central de Guédiawaye.

Dans la poursuite de leur enquête, les policiers ont convoqué et interrogé Daouda Mbengue (20 ans), charretier domicilié à Mbod 4. Ami proche du mis en cause, lui aussi avait été condamné, en 2023, à une peine d’un an de prison pour offre et cession de chanvre indien.

Il a confirmé leur sortie au soir du 8 juin : « Je me rendais au marché Sam en compagnie de Serigne Fall (Mourtalla) et de Khadim alias « Cartouche ». En cours de route, nous nous sommes arrêtés dans une boutique pour acheter de la cigarette. À notre sortie, nous avons été interceptés par Ibrahima Mbaye, accompagné de Lamine. Sans prévenir, Ibrahima s’est jeté sur Serigne Fall avec un couteau. Ce dernier a esquivé l’attaque et a riposté en lui assénant un coup de couteau. Ibrahima Mbaye a pris la fuite après avoir été atteint. Peu de temps après, j’ai entendu des cris et me suis rendu sur les lieux. C’est là que j’ai vu son corps, allongé par terre, couvert d’un drap bleu ».

Revenant sur la chronologie du conflit qui oppose Mourtalla à Ibrahima, Daouda explique : « Lors d’une précédente altercation, Mourtalla avait blessé Ibrahima au visage avec un tesson de bouteille. Ce dernier avait manifesté l’intention de se venger, d’où cette attaque au couteau ».

Interrogé sur sa non dénonciation des faits, Daouda répond : « Je ne savais pas que je devais aller déclarer cette affaire à la police. C’est pour cette raison que je n’avais pas jugé utile d’en informer les autorités à ce moment-là ». Daouda Mbengue dit également ignorer la position actuelle de leur autre compagnon, Khadim.

En attendant la poursuite des investigations pour retrouver ce dernier et le nommé Lamine, qui accompagnait la victime la nuit du drame, Serigne Mouhamadou Mourtalla Fall et Daouda Mbengue sont toujours en garde-à-vue au commissariat de police de Guédiawaye. Ils pourraient être déférés ce mercredi au parquet du tribunal de Pikine-Guédiawaye. Comme le rapporte le journal "L’Observateur", repris par "Seneweb", l’affaire continue de susciter l’émoi au sein des populations de Guédiawaye.

Mame Fatou Kébé