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Aliou Sow : « Ce qui a changé dans mes rapports avec Karim Wade »

Titulaire d’un Doctorat ès Lettres (2006), Aliou Sow est Assistant de littérature et Civilisations africaines à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Journaliste de formation diplômé du Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’information (Cesti), il est réélu député pour un deuxième mandat. Ministre pendant cinq ans (de 2002 à 2007), Jeunesse puis Jeunesse et Emploi, le dernier département qu’on lui a proposé au gouvernement est le Ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle en juin 2007. Aliou Sow est le fondateur de l’Ecole du Wadisme et le plus jeune ministre dans l’histoire du Sénégal. Ce n’est donc pas surprenant qu’à 33 ans déjà, il ait pu visiter 54 pays. Depuis plusieurs années, Dr Sow est au cœur de tous les débats qui secouent sa formation, le PDS, dont il a été le responsable des jeunes.


Rédigé par leral.net le Vendredi 8 Août 2008 à 05:44 | | 0 commentaire(s)|

Aliou Sow : « Ce qui a changé dans mes rapports avec Karim Wade »
Que s’est-il passé pour qu’Aliou Sow en arrive à décliner une offre du Président de la République de figurer dans son dernier gouvernement ?

Ce n’était ni une action orientée contre le chef de l’Etat, ni une défiance, ni un refus d’assumer mes responsabilités, comme certains ont voulu le dire. Par loyauté à mon chef, je lui ai réservé la primeur des raisons pour lesquelles j’ai décliné l’offre, je me suis expliqué de façon claire et je crois l’avoir convaincu par mes arguments fondés sur la bonne foi et la loyauté. Si je m’évertuais à vouloir convaincre l’opinion et à expliquer à tout un chacun, pourquoi je ne suis pas resté dans le Gouvernement, en dépit de l’opportunité qui m’a été donnée, cela devient un acte de déloyauté, une œuvre de dénigrement.

Faites vous partie de ceux qu’on soupçonne d’avoir boudé le Gouvernement pour créer avec Macky Sall un pôle de résistance à l’Assemblée nationale ?

Résistance à quoi et à qui ? Et pourquoi d’ailleurs ? Moi, je ne suis pas dans ces petits jeux. C’est Wade qui m’a soutenu et parrainé pour que je sois élu avec brio à l’Assemblée nationale. Je lui dois soutien et loyauté dans son travail autant que je me bats pour le peuple que je représente par le canal de son parti dont il est le leader-fondateur. Je n’ai pas boudé le gouvernement, j’ai décliné l’offre. On a construit beaucoup de grosses légendes au sujet de mon départ pour me mettre en mal avec le Président de la République. C’est simplement méchant et maladroit. Quelques esprits faibles en mal de sujet de discussions ont beaucoup spéculé sur mon cas ou mes rapports avec mon maître. Ils n’ont rien compris et ne se taisent jamais. D’autres ont parlé de grandeur ou de petitesse de ministère. C’est simplement ridicule. Un ministère n’est jamais grand ou petit, c’est son animateur qui peut être techniquement et politiquement poids plume ou poids lourd. Le Président Sarkozy ne disait-il pas que s’il était nommé Ministre des choux farcis, on ne parlerait que des choux farcis en France ? En toute modestie, cela me ressemble beaucoup. Croyez-moi.

Pour parler maintenant de l’affaire Macky Sall connue de tous, Macky est un grand frère, un ami avec qui j’entretiens des rapports de fraternité profonde, d’affection et de respect mutuel. Mais aussi des relations de collègue. Macky et moi, on s’est connu dans le Gouvernement. Avant qu’il ne soit Ministre, j’étais déjà Député. Donc, je ne suis redevable de Macky Sall de rien du tout. Il est mon ami et mon frère de parti. Il n’a pas inspiré mon élection en tant que Député, ni ma nomination en tant que Ministre, encore moins ma promotion dans le Gouvernement. Il a été mon devancier dans le Gouvernement de neuf mois et on a quitté en même temps. Il avait ses relations avec Wade, j’avais les miennes avec Wade. Il avait ses responsabilités politiques, j’avais les miennes… En se côtoyant, en travaillant pour la même cause et en servant la même personne, on s’est découvert et on s’est respecté. On s’est engagé dans le même combat et une amitié est née. Mais je ne lui ai redevable de rien. Donc, je le suivrais par rapport à quoi ? Nous avons été tous les deux investis dans nos localités respectives, mais les résultats que j’ai obtenus à Kaffrine, Macky ne les a pas eus à Fatick. Entre la présidentielle et les législatives, il a connu une baisse de plus de 4 000 voix, moi j’ai connu une hausse de plus de 4 000 voix. J’avais plus d’inscrits à Kaffrine, alors qu’il avait trois députés à Fatick et moi, deux investis à Kaffrine sur la liste départementale. Ce qui devait être une raison de frustration et pourtant, on a fait d’excellents résultats.

Peut on s’attendre qu’Aliou Sow trace son propre sillon, sa propre voie ?


J’ai déjà la mienne. Celle que j’ai tracée depuis le grand discours d’orientation de l’école du wadisme. C’est ce jour que j’ai annoncé ma voie. L’initiateur du wadisme, son concepteur, son théoricien, c’est bien Aliou Sow. J’ai voulu rassembler tous les disciples de cette cause dans mon école, celle du wadisme. D’ailleurs, je vais recadrer sous peu l’orientation, dans un discours sur l’état du wadisme dans la conscience populaire et analyser les facteurs entachant le concept pour en procéder au nettoyage. Par conséquent, la seule voie du wadisme est la grande voie sublime, celle des disciples. C’est celle qui consiste à vouloir acquérir, autant que faire se peut, les qualités de Wade. C’est pour cela que j’invite mes amis, ceux avec qui je partage cette vision, d’être le plus audacieux possible, le plus patriotique possible, le plus endurant possible, le plus tolérant, le plus courageux, mais aussi le mieux formé. Ce qui nous engage dans une logique de collecte et de quête de connaissances et de diplômes pour ressembler à notre leader qui nous inspire de par son parcours et de par sa qualité d’être humain. Ce n’est pas la voie qui mène tout de suite vers la conquête égoïste du pouvoir. Ce qui nous intéresse, c’est l’héritage idéologique, doctrinaire, la vision et l’incarnation de l’homme. Quand on maîtrisera très bien cette leçon, quand un jour le Président nous regardera avec l’envie de nous dire, je vous élève au rang de Cheikh, comme si c’était dans une confrérie parce que vous méritez le statut dans le wadisme, ce sera mon agrégation politique ou ma thèse d’Etat dans le parti. Muni de cette bénédiction, rien ne sera trop grand, rien ne sera trop impressionnant pour moi dans ce pays, dans ma génération et dans ce monde.

Comment expliquez vous que le PDS ne puisse pas soutenir ce débat ? Le Président Wade a d’ailleurs reproché aux responsables libéraux de ne pas assez le défendre face à ses détracteurs ?

Vous savez pourquoi ? Un cancre comme Babacar Gaye, s’il hurle en sa qualité de porte-parole du parti, on va penser que le PDS est un parti de cancres alors qu’il y a des cadres. Je ne méprise pas ces gens, mais ils ne sont pas bons. L’homme n’est pas bon, il n’est pas brillant et il n’est pas légitime parce qu’il a eu à caricaturer mon leader. Suffisant et arrogant et parlant au nom d’un parti fondé et créé par l’homme politique le plus diplômé du Cap au Caire, l’homme le plus endurant, qui a une idée pertinente qui suscite l’adhésion de tous sur des questions qui agitent le monde entier. Si Wade est un professeur titulaire de la chaire politique du Sénégal, des gens comme ceux là sont incapables d’être des assistants qui s’occupent de TD ou de TP de ce grand professeur.

Est ce pour cela que l’entourage du Président Wade et le gouvernement sont pour la plupart constitués de personnalités de la 25ème heure du PDS ?

La présence dans le gouvernement relève du pouvoir exclusif de signature et de contre signature du Chef de l’Etat et du Chef du gouvernement. Toute personne en qui ils ont confiance peut valablement siéger dans le gouvernement, parce qu’eux seuls connaissent les critères de choix, les objectifs fixés à leurs Ministres et les raisons pour lesquelles ceux-là semblent être les meilleurs pour accomplir la mission. Je suis profondément humain. Le Premier ministre Hadjibou Soumaré a toujours été un grand ami dans le Gouvernement. On a tissé des relations fraternelles extrêmement profondes, il m’a aussi rendu énormément de services en tant qu’ami. Je ne peux que lui souhaiter plein succès dans sa mission de tous les jours. Je ne peux jamais m’associer ou m’allier à quelqu’un qui lui veut du mal. Ceci étant, je suis de ceux qui pensent que ce sont les politiques qui vont à la conquête du pouvoir et qui doivent gouverner. La gouvernance est une affaire d’hommes politiques. On est loin de l’époque où le Prince avait besoin des philosophes dans sa cour. Maintenant, les philosophes cherchent à être Prince et on peut être philosophe et prince en même temps. Cette distinction entre technocrate et politique est devenue ridicule. Quand un militant est Administrateur civil, Ingénieur et Docteur dans un domaine bien donné ou bien un brillant diplômé, il fait en même temps de la politique et il est technocrate. Vous prenez l’exemple de Macky Sall, il est ingénieur et homme politique ; Karim Wade est banquier et aussi politique ; Aliou Sow, journaliste de formation et enseignant à l’Université, est technocrate et politique, de même que Lamine Bâ qui a un doctorat en science politique. J’ai plus confiance en ceux-là qui disposent de la connaissance technique pour gérer les dossiers mais aussi des réflexes à cause de leur engagement politique pour pouvoir faire face aux difficultés, sans paniquer, ni perdre les pédales parce que simplement ils sont préparés à la mission et à ce rôle.

Parmi les exemples que vous venez de citer, figure Karim Wade à qui on ne connaît aucune expérience politique…

Je ne pense pas que quelqu’un puisse être né dans la famille de Abdoulaye Wade, grandi dans cette famille, avec l’ambiance du PDS tout autour de la maison, du quartier… et ne pas être politique. C’est comme on dit, celui qui co-habite avec les fumeurs, même s’il ne fume pas, sera tellement enfumé qu’il devient fumeur. Il a déjà son mouvement qui fait parler de lui-même partout au Sénégal et à l’étranger, qu’on soit d’accord ou pas, cela aussi est une autre façon de faire de la politique.

Seriez-vous parmi ceux qui pensent que Karim Wade devrait s’engager dans le champ politique et plus tard succéder à son père ?

Ma position est que Karim Wade est un citoyen sénégalais. Il a tous les droits que j’ai, tout ce que ses aptitudes lui permettent et tout ce que les Sénégalais peuvent lui donner par les voies démocratiques, il en a le droit. Maintenant, la voie à emprunter, est de son seul ressort, de son libre choix. Dans certains pays, les gens ont choisi la voie politique du parti pour conquérir le pouvoir. Dans d’autres, les gens ont préféré la voie des syndicats. Des gens aussi ont pris la voie non partisane ; mettant l’accent sur leur profil et leurs aptitudes, on tout bonnement rallié des mouvements de soutien à leur cause. Parmi eux, Amadou Toumani Touré, Boni Yayi… Tous les cas d’école existent dans le monde et ce n’est pas à moi de lui choisir sa voie. C’est anti- démocratique d’empêcher à quelqu’un d’avoir le droit à une ambition. Maître Wade nous a appris que l’ambition est un devoir, c’est un droit aussi. Nulle personne ne doit chercher en à priver son prochain.

Y avait-il une brouille entre Aliou Sow et Karim Wade pour que votre rencontre avec ce dernier soit considérée comme une réconciliation ?


En vérité, le réel et l’imaginaire créé sont des voisins. Quand les gens, à force de créer un problème, de le diffuser, d’en faire un fonds de commerce, d’en vivre, d’opposer les gens, de les mettre en conflit, de raconter, d’inventer des hostilités pour les rendre réelles, cela devient finalement un problème. Ce que je salue, par contre, c’est sa (Karim Wade, Ndlr) grandeur d’esprit. Le seul problème entre Karim Wade et Aliou Sow, principalement sur le plan humain, c’est qu’on n’a pas pris le soin de nous fréquenter et d’échanger, de nous découvrir et de nous connaître. Chacun était dans son coin, peut-être avec ses idées ou ses préjugés. Même si Einstein disait qu’il est plus difficile de désagréger des atomes que des préjugés, mais Montesquieu nous recommandait pertinemment de ne point tirer nos principes de nos préjugés, mais de la nature des choses. Lui et moi, chacun animé par une grandeur d’esprit et un esprit positif, nous avons décidé désormais de tirer nos principes de la nature des choses et non pas des préjugés. Nous avions décidé de lever toutes les équivoques, d’enlever toutes les incompréhensions, d’échanger sur des choses très importantes, en nous parlant franchement droit, les yeux dans les yeux, en présence d’un ami commun, peu enclin aux petits intérêts égoïstes, qui a un sens élevé de l’amitié, Cheikh Diallo. On s’est parlé et cela a été d’une importance capitale de mon point de vue.

Qu’attendre de cette rencontre ? Pour l’avenir du PDS, dans l’entourage du Président Wade… ?


Il faut d’abord partir d’un constat : nul Sénégalais n’a jamais entendu Karim Wade s’en prendre à Aliou Sow ou lui même se féliciter d’un malaise qui m’ait frappé, ou vice versa. Chacun a eu une posture responsable vis-à-vis de l’autre. Mais à partir de cette rencontre, chacun a un regard nouveau sur l’autre. En tout cas, désormais, que les gens se le tiennent pour dit, que personne ne cherche à faire de moi le destinataire d’un discours contre Karim Wade, et personne, je pense, ne pourra avoir en lui le destinataire consentant de ragots et de commérages sur Aliou Sow. Un chemin est balisé, désormais, on doit avoir nos contacts directs en tant que concitoyens, compatriotes et condisciples à l’école du Wadisme. Cette rencontre a le mérite de contracter une amitié en lieu et place d’une méfiance ou d’un conflit imaginaire.

Seriez-vous prêt à soutenir Karim Wade s’il voulait succéder à son père ?

On ne succède pas à un père dans ce pays, on succède à un président de la République. Si vous posez la question de savoir s’il veut succéder au Président de la République, c’est différent de succéder à son père. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis un homme qu’on ne corrompt pas, on ne me contraint pas, on me convainc. S’il me convainc, nous sommes de la même génération et sommes tous les deux des wadistes. Pourquoi diable devrais-je ouvrir la porte à certains et la lui fermer ? Quand même ! Karim est avant et après tout le fils biologique de mon maître, inspirateur et bienfaiteur, le Professeur Abdoulaye Wade. Désormais, que tout le monde se le tienne pour dit, nous n’avons aucun contentieux. Tout est tiré au clair entre lui et moi. Et honni soit qui mal y pense comme disent les Britanniques.

Vous êtes membre du groupe parlementaire « libéral et démocratique » majoritaire qui est dans une confusion totale, sans discipline de groupe… Comment expliquez vous cette situation ?

Il n’y a pas de problème au niveau du groupe parlementaire. Il y a un problème qui a pour nom Doudou Wade. Le problème de l’Assemblée nationale, le problème du groupe parlementaire, la cause des malheurs, des heurts, des incompréhensions et des conflits, c’est l’incompétence, l’inaptitude, l’incapacité d’avoir un comportement responsable, de rassembleur de la part de notre président du groupe. Maintenant, il y a des gens qui s’interdisent certains comportements. Il faut être très vigilant et intelligent en politique. Si ce n’était pas le cas, si ce n’était pas Wade qu’on ne veut pas gêner, la question de Doudou Wade serait réglée par ses collègues en moins de 24 heures.

Quels sont aujourd’hui vos rapports avec Modou Diagne Fada ?

J’ai toujours eu beaucoup d’affection et de respect pour Fada. Nous avons connu une amitié courte, mais riche en expériences et en complicité. Il a joué un rôle extrêmement important dans le déroulement de ma légende personnelle pour emprunter l’expression de Paulo Coelho, c’est-à-dire mon destin politique dans le parti et dans le pays. Il ne peut pas l’effacer. Moi non plus. On a eu une complicité tellement intense qu’au point qu’il a joué le rôle de grand frère lors de mon mariage, agissant au nom de ma famille pour aller demander la main de mon épouse. Des relations comme ça sont profondes et sacrées. Mais ce que je ne suis pas prêt à pardonner à Fada et cela m’a fait extrêmement mal, c’est que Fada a voulu me faire passer pour un traître, ce que je trouve inacceptable et inconvenant. J’ai accepté de mourir à sa place ou de l’accompagner jusque dans sa tombe par amitié et, quelque temps après, il a voulu me reprocher d’être un traître parce qu’il est en disgrâce. Quand on travaille avec quelqu’un en politique, on le quitte pour préserver des avantages, ou pour s’épargner un acharnement ou des punitions, mais ceux qui me connaissent bien savent que, pour aucune de ces deux raisons, je ne saurais me débiner. J’ai eu la rétribution contraire à la nature et au symbole de mes actes de fraternité vis-à-vis de Fada. C’est cela qui me fait mal.

Parlons maintenant de la situation du pays marquée par de difficiles conditions de vie des populations. Ne pensez vous pas que cela pousse les Sénégalais à se détourner de la politique du Président Wade ?

J’ai mal parce que toute femme et tout homme sincères dans ce pays doit reconnaître que Wade a posé des actes révolutionnaires dans ce pays. Il a réformé le Sénégal et il a un bilan reluisant et extrêmement positif. Que cela soit sur le plan de la jeunesse, de l’éducation, de la formation, du monde rural, de la modernisation de nos villes, de l’électrification rurale, de la cohésion sociale, de la réaffirmation de la fierté patriotique et du rayonnement du Sénégal à l’étranger, Les résultats sont là visibles. Mais en dépit de tout cela, le Sénégal, à l’image de beaucoup de pays qui n’ont pas de rente tels que le pétrole, l’or ou le diamant, est frappé de plein fouet par la conjoncture mondiale, découlant de la flambée du prix du baril du pétrole, de l’ « Opep » du riz qui s’est installée dans le monde, de la conséquence de la politique coloniale en matière d’habitudes alimentaires et de pratiques culturales. Toutes choses qui exigent aujourd’hui des réformes profondes et des changements majeurs pour orienter notre économie vers des initiatives conformes aux exigences du moment et aux attentes des populations. Notre système n’a pas encore réussi à mener la bonne campagne d’information envers les populations pour qu’elles saisissent la portée des mesures prises. Il faut une bonne politique de communication, mais aussi de grandes mesures. Expliquer est nécessaire, mais il faut un suivi et à chaque fois qu’on se rend compte que la vision du Chef de l’Etat n’est pas bien exécutée parce que l’acteur ne s’y connaît pas, sa compétence est douteuse, ou son rythme est trop lent dans ce monde où tout est urgent, il faut simplement s’en débarrasser vite et faire de bons castings pour choisir les meilleurs.

Pensez vous qu’il faille réformer le gouvernement, trouver des hommes qui comprennent la vision du chef de l’Etat ?

Ma vision des choses est très simple. Il faut des mesures importantes et hardies. Tout de suite, il faut voir tous ses hommes et ses femmes qui croient en Wade, qui croient au pays et qui savent comprendre ses idées et le servir loyalement en assumant aujourd’hui comme demain, le wadisme pour être à ses côtés et à son service. Il faut qu’on en arrive à une compression d’un gouvernement avec une équipe réduite, des responsabilités précises et nettes, des blocs ministériels constitués d’entités indissociablement liées par rapport à la satisfaction de la demande actuelle avec des gens qui peuvent expliquer leurs actions en convainquant l’opinion de la justesse des choix de Wade. Il faut un nombre restreint de grands ministères et quelques secrétariats d’Etat confiés à de jeunes cadres dynamiques mais politiquement engagés et pouvant servir de modèles à leur génération. Je parle moins du train de vie de l’Etat que d’une équipe solidaire. Ce qui m’intéresse c’est l’efficacité de l’équipe. « Que nul n’entre ici s’il n’est wadiste, grand patriote, homme d’action efficace et rapide parce que tout est urgent. » Il faut que ces mots soient gravés devant la porte du gouvernement et qu’on passe au scanner tout le monde. Et toute personne qui ne remplit ces critères en soit sortie ou en soit privée d’entrée.

Le Président Abdoulaye Wade semble revenir sur sa décision concernant les assises en se déclarant prêt à examiner des solutions issues de ces rencontres de l’opposition. Qu’en pensez vous ?

Le Président Wade est très cohérent dans sa démarche. Lors de sa prestation de serment en 2000, il ne faut pas oublier qu’il a dit avec insistance que c’était finie la gestion solitaire du pouvoir. C’est cela un des éléments de base de sa politique, c’est-à-dire toujours créer les conditions de participation maximale de l’ensemble des fils et filles du Sénégal dans son projet de construction nationale de notre cher pays. Par contre, de mon humble point de vue, les discussions que je viens d’avoir avec un certain nombre d’acteurs apolitiques de ces assises m’ont permis d’avoir une autre perception de ses assises là. J’étais surtout frappé par l’argumentaire de Mohamadou Mbodji du forum civil. J’ai compris dans la démarche, après avoir entendu le discours d’ouverture du Président des assises, le doyen Amadou Makhtar Mbow, qui a toute mon affection et tout mon respect, qu’en définitive, les acteurs politiques, en dépit de leurs gesticulations et de leurs tentatives de récupération, n’ont pas le pouvoir dans ces assises. Puisque la majeure partie de la direction des assises est dirigée par des gens apolitiques et ceux avec qui j’ai discuté, nulle part je n’ai décelé une volonté d’affaiblir et de remettre en cause la légitimité indiscutable de notre pouvoir et de son Chef, Me Abdoulaye Wade. Je sais que beaucoup de Sénégalais ont tellement d’estime pour le Président Wade, tellement d’affection qu’ils ne cherchent qu’à travailler pour lui, à l’accompagner pour matérialiser sa vision. Il peut faire travailler beaucoup de gens, sans pour autant les nommer dans le Gouvernement ou à des postes de responsabilité, mais leur confier des tâches de réflexion, de propositions. Et cela peut être assez enrichissant pour son combat.

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