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Mercredi 21 Mai 2025

Après son audition: L’ex ministre Sophie Gladima placée sous mandat de dépôt


L’ancienne ministre des Mines et de la Géologie, Aïssatou Sophie Gladima, a été placée sous mandat de dépôt, ce mercredi 21 mai 2025, à la suite de son audition par la Commission d’instruction de la Haute Cour de Justice, selon "Seneweb".



Cette mesure intervient dans le cadre des enquêtes liées à la reddition des comptes sur la gestion des fonds Covid-19, un dossier qui continue de secouer la sphère politico-judiciaire sénégalaise. Mme Gladima est mise en accusation pour détournement présumé de deniers publics. En cause, un milliard FCfa qui aurait été alloué à divers projets, notamment à la création d’un centre gravimétrique à Kédougou, un projet qui n’a jamais vu le jour.

Une enquête explosive menée par la Division des Investigations Criminelles (DIC), met en cause l’ancienne ministre des Mines et de la Géologie, Aïssatou Sophie Gladima et son ex directeur de l’Administration générale et de l’Équipement (DAGE), Alassane Diallo, dans une affaire de détournement présumé de fonds publics liés à la construction d’une unité de traitement gravimétrique à Kédougou. Le préjudice provisoire est estimé à 193 070 000 FCfa.

Selon le rapport remis aux autorités judiciaires, la somme de 73 200 000 FCfa a été versée par l’ex DAGE, Alassane Diallo, à la Société Commerciale du Groupe ISSA (SCGI), pour des travaux qui, au moment du paiement, n’avaient même pas débuté. Cette opération constitue une violation manifeste de l’article 89 du Règlement général de la Comptabilité publique (RGCP), qui stipule que les paiements doivent intervenir après service fait.

Auditionné par les enquêteurs, Alassane Diallo a reconnu avoir procédé à ce paiement sur instruction de sa hiérarchie, à savoir la ministre Aïssatou Sophie Gladima. Il a admis que cette décision contrevenait à la réglementation en vigueur. Il a précisé que la SCGI avait acquis du matériel en amont, pour un montant de 119 870 000 FCfa, en attendant la mise à disposition du site.

Pour justifier le versement anticipé, Ibrahima Issa, représentant de la SCGI, a expliqué que son entreprise avait achevé la première phase du projet en achetant le matériel nécessaire et attendait l’autorisation d’accès au site, pour lancer la construction. Il a cependant reconnu avoir encaissé de « bonne foi », la somme de 73,2 millions FCfa, sans que les travaux n’aient été réalisés, se disant disposé à rembourser les fonds. Il a produit un procès-verbal de constat d’huissier, daté du 14 avril 2023, attestant de la présence du matériel à son domicile et au siège de la société à Dakar.

L’enquête a révélé une transaction informelle de 80 millions FCfa liée à l’achat du matériel. Contrairement à un virement classique, l’argent aurait été confié à un opérateur de transfert basé aux Allées Papa Guèye Fall, qui aurait ensuite remis l’équivalent en Chine, au fournisseur. Cette méthode opaque a attiré l’attention des enquêteurs, en raison de risques de blanchiment d’argent et d’évasion de contrôles financiers.

Les enquêteurs soulignent aussi que les justifications d’Ibrahima Issa, selon lesquelles il attendait l’ouverture du site, ne tiennent pas : le chef d’entreprise a accepté un second versement pour des travaux jamais entamés, sans garantie contractuelle ni preuve d’exécution.
Ousseynou Wade






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