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Jeudi 4 Septembre 2025

Assassinats politiques d’Africains en France : Un rappel historique troublant


Plusieurs figures africaines, ministres, opposants ou responsables de premier plan, ont été assassinées ou sont mortes dans des circonstances suspectes en France. Paris, souvent terre d’exil et de diplomatie, s’est aussi transformée en théâtre de crimes politiques, restés dans bien des cas impunis. Leral.net revient sur les principales affaires.



Mehdi Ben Barka (Maroc)

Le 29 octobre 1965, l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, ancien président de l’Assemblée consultative du Maroc et figure panafricaine, disparaît en plein Paris, après avoir été enlevé devant la brasserie Lipp. Son corps ne sera jamais retrouvé. Cet assassinat présumé, mêlant services marocains, français et peut-être israéliens, demeure l’un des plus grands mystères politiques du XXᵉ siècle.

Ali Mécili (Algérie)

Le 7 avril 1987, Ali Mécili, avocat et proche d’Aït Ahmed, est abattu de trois balles dans le hall de son immeuble, boulevard Saint-Michel à Paris. Un suspect lié à la Sécurité Militaire algérienne sera arrêté, mais inexplicablement expulsé vers Alger. L’affaire illustre la raison d’État et la complaisance des autorités françaises.

Outel Bono (Tchad)

Médecin et opposant à François Tombalbaye, Outel Bono est assassiné par balles, le 26 août 1973 à Paris, alors qu’il s’apprêtait à lancer un parti d’opposition non violent. Ses documents disparaissent mystérieusement et l’enquête piétine, avant de s’achever par un non-lieu en 1982. Tout laisse penser à un crime commandité par le régime tchadien de l’époque.

Henri Curiel (Égypte)

Militant communiste et anticolonialiste, fondateur du réseau Solidarité qui soutenait l’ANC et le FLN, Henri Curiel est abattu le 4 mai 1978, dans le hall de son immeuble parisien. En 2015, un ancien militaire français a revendiqué son meurtre, affirmant avoir agi sur ordre de réseaux liés aux services secrets français. L’enquête a été rouverte en 2018, sans résultat à ce jour.

Dulcie September (Afrique du Sud)

Représentante de l’ANC à Paris, Dulcie September est exécutée le 29 mars 1988, de cinq balles à bout portant, devant son bureau rue des Petites-Écuries. L’ombre des services de l’apartheid plane, d’autant qu’elle enquêtait sur un trafic d’armes entre la France et Prétoria. L’affaire reste non élucidée.

Mamadou Moustapha Bâ (Sénégal) – un cas particulier

Ancien ministre des Finances du Sénégal, Mamadou Moustapha Bâ est retrouvé mort le 4 novembre 2024 à Paris. D’abord qualifié de « décès suspect », son cas alimente rumeurs et interrogations. Les enquêteurs français privilégient la thèse du suicide, mais l’opinion sénégalaise reste marquée par la méfiance.

Une mémoire vive de la Françafrique

Ces assassinats rappellent que la France a été le théâtre d’éliminations politiques visant des figures africaines gênantes. Entre secrets d’État, complicités occultes et impunités, ces affaires constituent une mémoire douloureuse des relations franco-africaines.
Ousseynou Wade






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