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BANQUE ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : Un catalyseur de l'inclusion financière et de l'efficacité !


Rédigé par leral.net le Lundi 3 Novembre 2025 à 00:00 | | 0 commentaire(s)|

L'Intelligence Artificielle (IA) en redéfinissant l'accès aux services bancaires, est devenue un levier stratégique dans le secteur financier sénégalais. En plus d'automatiser les opérations et d'innover par des produits personnalisés, elle améliore l'accessibilité via des interfaces en langues locales, comme le wolof par exemple. En revanche, son plein potentiel reste freiné par les défis liés à la fragmentation des données, aux infrastructures et à l'évolution nécessaire du cadre réglementaire.
BANQUE ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : Un catalyseur de l'inclusion financière et de l'efficacité !
L'Intelligence Artificielle (IA) n'est plus, il faut le dire, une simple promesse pour le secteur financier sénégalais, elle est désormais un levier stratégique et une réalité opérationnelle, qui redéfinit l'accès aux services bancaires. L'IA s'immisce dans toutes les strates de l'activité, de la gestion du risque, à la relation client. Cette transformation est encouragée par les autorités monétaires. « La Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) encourage l'adoption de l'IA dans le secteur bancaire ».

En effet, « depuis 2024, elle a mis en place un Comité de Réflexion sur l’Intelligence Artificielle, qui élabore une feuille de route pour son adoption progressive et maîtrisée », note Souleymane Keïta, professeur à la Faculté des Sciences économiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Cette approche institutionnelle valide le rôle de l'IA comme un outil d'amélioration de la politique monétaire et d'optimisation des services.

Dans l'opérationnel, l'IA a déjà fait ses preuves. Les banques l'ont intégrée pour automatiser et sécuriser leurs opérations. C’est ainsi que les chatbots gèrent 24h/24 les requêtes de base (solde, relevé), dans le même temps,  l'optimisation des centres d'appels réduit la charge de travail humain.

Le rôle le plus transformateur de l'IA concerne l'accès au crédit pour les populations non bancarisées. L'absence d'historique de crédit formel, un obstacle majeur au Sénégal, peut être contournée grâce à des algorithmes sophistiqués, selon le professeur Keita. Pour évaluer la solvabilité des clients, il explique que « les banques utilisent l'IA pour analyser des données non traditionnelles (historique de paiements des télécoms, activité sur les réseaux sociaux, données de consommation d'électricité) ». Cette méthode d’« identification   digitale » crée un « score de confiance » fiable.

Pour la microfinance, l'impact est encore plus important, car l'IA permet de toucher la clientèle de l'économie informelle. « Le scoring de crédit alternatif via l'IA permet d'octroyer des microcrédits à des entrepreneurs, agriculteurs ou femmes sans historique bancaire », indique le professeur Keïta, favorisant ainsi l'entrepreneuriat à la base et l'activité économique locale. De plus, l'accessibilité est renforcée par l'IA conversationnelle, qui permet le déploiement d'interfaces (chatbots ou assistants vocaux) dans des langues locales comme le wolof, brisant les barrières linguistiques et d'alphabétisation.

Selon Abdoulaye Ndoye, expert financier, l'IA ne se contente pas d'optimiser ; elle est un moteur d'innovation capable de redéfinir l'offre bancaire. Il souligne que l'IA « a la capacité d'analyser d'énormes quantités de données en un temps record. Cela lui permet donc de concevoir des produits sur mesure pour chaque client », ainsi elle favorise  « une meilleure inclusion financière ». Le professeur Keïta renchérit : « L’IA favorise l'innovation des produits bancaires, en découvrant de nouveaux besoins, en offrant une personnalisation dynamique, en automatisant des fonctionnalités innovantes et en réinventant l'interface client, plutôt que de se limiter à optimiser les produits existants ». Nos deux interlocuteurs avancent que l'analyse granulaire des transactions, par exemple, permet de proposer des produits adaptés au cycle de revenus très variable des travailleurs informels.

Autre avantage, l'IA redéfinit le rôle du conseiller bancaire. Selon Abdoulaye Ndoye, elle automatise les tâches d'analyse et de modélisation, transformant alors la posture du  conseiller bancaire. Ainsi, « Il s’appuie sur des outils IA pour mieux comprendre le profil du client, proposer des stratégies adaptées, et expliquer les décisions. Cette approche rend le conseil accessible et dynamique », affirme-t-il.

Indirectement, cette efficacité et cette inclusion accrues stimulent la croissance nationale. En effet, l'élargissement de l'accès au crédit soutient le développement des PME, et l'automatisation globale des processus bancaires augmente la productivité, et contribue   ainsi à la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB).

Les défis de l'adoption de l’IA

Cependant, malgré tout ce potentiel, l'adoption de l'IA rencontre des défis spécifiques au contexte sénégalais. Le principal obstacle réside en effet, dans les données. « La fragmentation et le manque de données structurées restent un frein majeur pour que l'IA fonctionne correctement », indique le professeur Keïta.

À cela s'ajoutent des problèmes d’infrastructure, l’accès internet et la fiabilité de l'électricité, ainsi que le coût élevé des investissements, notamment pour les petites structures comme les Institutions de Microfinance.

Enfin, le professeur Keïta et Abdoulaye Ndoye insistent sur la question de la gouvernance, qui n’est pas la moindre. Ils soutiennent que le cadre réglementaire, bien qu'encadré par la BCEAO et la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP), doit évoluer pour prendre en charge les risques de biais algorithmiques et par conséquent, assurer la transparence et l'équité des décisions automatisées.
Moustapha Gueye



Source : https://www.lejecos.com/BANQUE-ET-INTELLIGENCE-ART...

La rédaction